Alger - Pollution

Alger - Casbah world clean up day: Mission (presque) accomplie



Alger - Casbah world clean up day: Mission (presque) accomplie


De la mosquée Ketchaoua, en passant par la rue Brahim Fateh puis Bir Djebbah, rien n’a été laissé par les bénévoles qui ont pris part à la Casbah world clean up day.

Récit d’une journée de nettoyage.

Il est 8h. Sur la place des Martyrs, le rendez-vous est donné aux artistes, enseignants, étudiants, citoyens… Au menu du jour: participer au «Casbah world clean up day». Un événement organisé par deux activistes en écologie, Amar Adjili et Adel Ayadi, déjà connus dans les campagnes de nettoyage.

Et pour cette journée mondiale «clean up»,qui coïncide avec le 15 septembre, le choix s’est porté sur la Casbah d’Alger. Un choix motivé par l’extrême délabrement de ce quartier.

«Nous avons choisi La Casbah car elle est le berceau de notre Révolution et surtout c’est un lieu patrimonial. Malheureusement ce magnifique site est à l’abandon… Nous allons surtout jeter les gravats. Nous avons organisé cet événement dans ce lieu précis pour sensibiliser les gens et leur montrer l’aspect positif de la propreté», explique Amar Adjili.

10h, les bénévoles sont tous là.

Des étrangers s’y intéressent aussi. L’aventure commence par la distribution des outils essentiels du nettoyage. Pelles, râteaux, sacs-poubelle, gants. On dispatche les rôles et on donne les consignes. Première étape, la mosquée Ketchaoua pour commencer l’opération.

Dans les ruelles de La Casbah, un accueil chaleureux est réservé aux bénévoles. Quelques familles ont d’ailleurs obligé leurs enfants à accompagner les initiateurs de l’opération de cette opération, qualifiée de «noblesse». Amar commence par ramasser les mégots de cigarette jetés par terre, tous les bénévoles l’ont suivi.

Sachets, bouchons, bouteilles tout passe à la poubelle. La rue Brahim Fateh, plus connue sous le nom de Ali Medfaa, est le premier endroit à nettoyer. L’emplacement d’une ancienne bâtisse tombée en ruine est devenu une décharge. Un endroit désastreux à cause «du laisser-aller des fonctionnaires de NetCom», témoignent les habitants du quartier.

Dans cette décharge, Adel et ses amis sont confrontés à tout et n’importe quoi, les surprises n’en finissent pas: des peaux de mouton, des bouteilles d’alcool vides, des poubelles pourrissantes… Ce jour-là, les habitants étaient là pour offrir de l’eau, certains même le déjeuner. Pour eux, c’était une délivrance. Après une heure de ramassage et de nettoyage, la bâtisse change d’allure.

Un peu propre enfin. Une petite satisfaction de bénévoles avant d’entamer la deuxième étape.

«Certes, c’était pas facile mais après l’effort, on est très heureux que cette décharge soit aussi propre», nous confie Khaled, artiste peintre.

Au même moment, Amar et Adel contactent les services de NetCom pour qu’ils envoient des ânes pour évacuer les gros sacs de déchets. Maintenant direction Bir Djebbah, le second endroit désigné par Amar Adjili, une venelle où une maison ancienne tombe en ruine dans l’indifférence du voisinage. Cette maison se trouve dans un coin presque inaccessible.

Des déchets lourds, au point que même les ânes n’ont pas pu supporter de tout transporter. Mais mission accomplie, les pavés de Bir Djebbah sont enfin nettoyés. Dans ce coin, les habitants réclament l’intervention des autorités. La manière traditionnelle ne suffit plus pour nettoyer ce genre d’endroit.

«On invite l’APC a venir voir ce triste quartier de La Casbah. Les ânes ne peuvent pas supporter le poids des sacs de gravats et tout ce gravier», crie un habitant.

Rue Mohamed Azouzi: le denier endroit à nettoyer. Les habitants de cette ruelle se renvoient la balle et accusent les «délinquants qui fréquentent l’endroit quotidiennement» d’abandonner des détritus divers.

Là encore, des mégots de cigarette, des sachets en plastique, des bouteilles en verre… à ramasser. Les bénévoles nettoient ensuite les escaliers, certains descendent un peu plus bas pour défricher les buissons épineux qui se trouvent sur les placettes.

Bilan

13h déjà. Le «Casbah world clean up day» touche à sa fin. Une grande différence à constater. Le décor est tout autre. C’est l’heure du bilan et de débat autour d’un bon f’tour dans le quartier en admirant la baie d’Alger. C’est l’occasion de faire le point. Adel prend la parole, rappelant que La Casbah est un endroit symbolique, chargé d’histoire, qui a abrité tant de révolutionnaires.

Pour ceux qui ne le savent pas, le ramassage des déchets dans ce quartier est unique en son genre, seuls les ânes peuvent accéder aux ruelles étroites et sinueuses. Les sources d’eau sont aussi bien étudiées. Pour Adel, la situation, de La Casbah est encore «rattrapable».

Il invite les autorités à résoudre ce problème économiquement: «Pour moi, ces déchets-là, c’est de l’argent ! Si on arrive à les recycler et à les vendre, on pourrait consacrer cet argent à améliorer l’habitat ou aider les associations… En plus, le recyclage des déchets crée des emplois.».

Et d’ajouter: «Beaucoup de maladies sont liées à la décomposition des déchets, on doit combattre ce fléau.»

Amar préconise d’imposer des amendes à ceux qui jettent leurs ordures n’importe où et à n’importe quelle heure.

Amar invite aussi le ministère de l’Industrie à contribuer au règlement de ce problème en imposant aux producteurs et importateurs du secteur agroalimentaire d’emballer les produits avec des emballage bio ou recyclable.

«Les industriels algériens ont pensé qu’à leur intérêt financier, maintenant les Algériens souffrent à cause de tous ces déchets.»

Nous quittons La Casbah avec la promesse d’y revenir bientôt, avec un matériel plus important dans le but de nettoyer et dépolluer.


Photo: Le nettoyage de La Casbah présente bien des particularités (Photos : Lyès Hebbache)

Zine el Abidine El Mehdaoui


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