Ain Témouchent

La Ferme-École d’Aïn-Témouchent




La Ferme-École d’Aïn-Témouchent

La Ferme-École d’Aïn-Témouchent, créée en 1929, a joué un rôle central dans l’enrichissement du patrimoine agricole témouchentois grâce à ses productions diversifiées et son influence sur les pratiques agricoles locales. Située à deux kilomètres de la ville sur la route de Kéroulis (CD 85), elle s’étend sur un domaine de 104 hectares, dédié à l’expérimentation et à la formation agricole. Voici une analyse approfondie de ses contributions, basée sur les informations disponibles :

Productions agricoles principales

  1. Viticulture :
    • La région d’Aïn-Témouchent est historiquement reconnue pour sa viticulture, qui représentait une part majeure de son économie agricole sous l’ère coloniale. En 1962, le vignoble couvrait 60 000 hectares, produisant environ 4 millions de quintaux et employant 20 000 travailleurs permanents, soit 25 % de la production nationale algérienne et 40 % de celle de l’Ouest algérien.
    • La Ferme-École elle-même possédait 25 hectares de vignobles de rapport et 4 hectares de vignobles expérimentaux, où étaient testés des porte-greffes américains et des cépages vinifères prometteurs. Ces expérimentations ont permis d’améliorer les techniques de culture et de sélection variétale, renforçant la qualité et la renommée des vins témouchentois, exportés notamment vers la France et la Russie (55 % de la production vinicole avant 1962).
  2. Céréales :
    • La Ferme-École consacrait 35 hectares à la culture de céréales, semées selon un assolement rationnel, une pratique qui optimisait la fertilité des sols et la productivité.
    • Les céréales, notamment le blé dur, étaient une composante essentielle de l’agriculture témouchentoise, particulièrement dans les zones volcaniques fertiles comme les Monts du Tessala. En 2022, un céréaliculteur local a signalé une moisson exceptionnelle grâce à des pluies abondantes, soulignant le potentiel céréalier de la région.
  3. Autres cultures :
    • Le domaine de la Ferme-École permettait de cultiver une large gamme de productions typiques de l’Afrique du Nord, incluant potentiellement des cultures maraîchères, des légumes secs et verts, ainsi que des fruits de saison, comme observé lors d’expositions agricoles récentes à l’Institut moyen agricole (ITMAS) d’Aïn-Témouchent.
    • Des partenariats, comme celui signé avec une entreprise privée pour la culture du Panicum maximum (une plante fourragère riche en protéines pour l’alimentation du bétail), témoignent de la diversification des productions et de l’innovation agricole promue par l’institut.

Rôle dans le patrimoine témouchentois

  • Formation et vulgarisation agricole :
    La Ferme-École, également appelée Maison du Colon, était considérée comme le « cerveau de l’agriculture » témouchentoise. Elle a joué un rôle crucial dans la diffusion de techniques agricoles modernes, notamment l’irrigation perfectionnée et l’introduction de nouvelles technologies dès le XIXe siècle. Elle formait les agriculteurs locaux et servait de centre d’expérimentation, contribuant à la modernisation des pratiques agricoles.
  • Impact économique et culturel :
    Les productions de la Ferme-École, en particulier le vin et les céréales, ont renforcé l’identité économique de la région, faisant d’Aïn-Témouchent un centre agricole de premier plan. La viticulture, en particulier, a marqué le patrimoine culturel, avec des domaines comme celui de Kéroulis, appartenant à la famille Germain, considéré comme la plus grande entreprise viticole d’Algérie à l’époque coloniale.
  • Héritage colonial et transformations post-indépendance :
    Après l’indépendance en 1962, l’économie viticole a décliné, passant d’une production massive à une activité marginale. Cependant, la Ferme-École, via son successeur l’ITMAS, continue de promouvoir des pratiques agricoles durables, comme la culture du Panicum maximum ou le soutien à l’agriculture biologique dans des régions comme Oulhaça, où le mouvement slow food valorise les produits du terroir. Ces initiatives s’inscrivent dans la continuité de l’héritage de la Ferme-École, adapté aux enjeux modernes de durabilité et de sécurité alimentaire.

Limites et défis

  • Climat semi-aride : La région, marquée par une pluviométrie irrégulière, dépend fortement de l’irrigation, qui ne couvre que 5,52 % des 180 994 hectares de superficie agricole utile (SAU) de la wilaya. Cela limite les rendements pour certaines cultures, comme le colza, jugé inadapté au milieu semi-aride.
  • Post-indépendance : Les grandes propriétés coloniales, y compris celles associées à la Ferme-École, ont été fragilisées par les politiques de développement post-indépendance, entraînant une précarité économique pour certains agriculteurs. La reconversion vers des cultures adaptées, comme la vigne sans arrosage, est aujourd’hui envisagée pour pallier ces défis.

Conclusion

La Ferme-École d’Aïn-Témouchent a enrichi le patrimoine témouchentois par ses productions variées (vigne, céréales, cultures fourragères) et son rôle de pionnière dans la formation et l’innovation agricole. Bien que la viticulture ait marqué son apogée sous l’ère coloniale, l’institution continue d’influencer l’agriculture locale à travers des initiatives modernes portées par l’ITMAS, adaptées aux défis climatiques et économiques actuels.




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