Ain Témouchent - Tamzoura

Aïn témouchent : Pillage et destruction du site archéologique d’Aghbal



Aïn témouchent : Pillage et destruction du site archéologique d’Aghbal
Un cinquième des 25 hectares de vestiges de cette cité va être couvert par le béton d’une briqueterie. C’est le deuxième coup du sort que subit ce site, dont un autre cinquième, celui qui était apparent en surface, a été anéanti en… 1847.

Dans l’indifférence générale, à Témouchent, un pan de l’histoire antique de notre pays va disparaître à Aghbal, la porte d’accès de l’Oranie occidentale pour les Romains. Ils y avaient édifié Regiae. Un cinquième des 25 hectares de vestiges de cette cité va être couvert par le béton d’une briqueterie. C’est le deuxième coup du sort que subit ce site dont un autre cinquième, celui qui était apparent en surface, a été anéanti en… 1847.

Pis, les travaux actuels ont débuté depuis une année alors qu’à ce jour aucune autorisation n’a été délivrée par l’administration.
A ce scandale s’ajouterait, au regard des propos qui circulent, un trafic sur des pièces archéologiques mises à jour par les fouilles du chantier (monnaies, amphores, inscriptions sur tablettes, statuettes, etc.). Un mur d’enceinte le protège des regards curieux. Au niveau des administrations qui traitent le dossier, la gêne est palpable ; certaines refusent de communiquer, chacune vous renvoyant à une autre.

Car ce que l’on ne dit pas, c’est que l’opération administrative en cours s’apparente à une régularisation d’un fait accompli. Pour rappel, en 1990 les services des domaines ont cédé 5 ha en catimini sur une terre agricole à haut rendement alors que dans les environs immédiats, il existe des espaces incultes comme celui où, non loin de là, va être édifiée une zone industrielle. Le black-out sur la cession a été tel que les attributaires de l’EAC qui ont hérité en 1992 des terres du domaine agricole socialiste ont continué à travailler les 5 ha qui en faisaient primitivement partie.

Ce n’est que 27 ans plus tard que le propriétaire s’est manifesté in situ pour commencer à réaliser son projet. Sollicitées, aucune des administrations en charge du dossier n’a voulu indiquer l’existence ou non de conditionnalités sur la pérennité de la cession. Y avait-il un délai pour la réalisation du projet, auquel cas il serait annulée ? Est-ce l’acquéreur initial qui a engagé les travaux ? Tout ce qui a pu être soutiré, c’est que le gérant d’une société dont le siège est à Oran effectue les démarches auprès de l’administration. Pas moyen d’obtenir son numéro de téléphone pour le toucher. De toute évidence, tout s’opère au profit de la libération de toutes les autorisations.

L’on n’agit pas par rapport à l’esprit des lois, chacun s’escrimant à tirer son épingle du jeu, ce qui est l’indice de l’existence de pressions. A cet égard, on se fonde sur une lecture erronée, pour ne pas dire spécieuse, de l’article 17 de la loi 04-98 relative à la protection du patrimoine culturel pour décider de l’autorisation du projet au motif que le chantier se situe au delà d’une zone de 200 m à partir des vestiges apparents.

Or, ces derniers ne constituent que 4 ha du site qui en compte 25, l’essentiel des vestiges étant enfouis sous terre. Mieux, les 4 ha apparents sont inexploitables par les archéologues puisque leurs pierres et leur terrain ont servi à la construction des bâtiments érigés dessus. L’essentiel pour l’histoire, c’est précisément ce qui est enterré.

Un calcul élémentaire situe la future briqueterie dans le périmètre des vestiges ensevelis sous 2 m de limon amoncelé au fil des siècles (6 grammes par litre d’eau de ruissellement, ce qui explique la fertilité du sol). Est-il admissible d’agir ainsi parce que le site n’est ni classé, ni délimité, ni protégé ? Mais à qui est-ce la faute ?

La question se pose alors de savoir pourquoi ne pas faire appel à des spécialistes de la période historique donnée ainsi qu’à des experts en archéologie, voire effectuer des sondages avant que l’irréparable ne soit commis. Les paysans du coin assurent qu’il suffit de creuser pour faire remonter à la surface les objets les plus divers datant de la période romaine. Qu’en est-il du mouvement associatif ? Dévitalisé, sans autonomie, il sait et se tait malgré la rumeur insistante sur le pillage sus cité.

La population d’Aghbal ? «Mais vous plaisantez ? Constituée de près de 300 ménages dont des membres travaillent sur le chantier, dans une région où le chômage règne, la population ne peut prendre le risque de dénoncer quoi que ce soit ! Les ouvriers, ignorant la nature et la gravité du crime commis, espèrent être du personnel de la briqueterie une fois celle-ci réalisée. Et puis, on a peur des retours de manivelle. Moi-même, je ne peux témoigner», confie sous le sceau de l’anonymat un habitant d’Aghbal.






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