Algérie - Hopitaux et Cliniques

Feu vert pour des hôpitaux privés



C’est désormais officiel: l’Etat va autoriser les hôpitaux privés en Algérie. C’est le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH) qui l’a déclaré jeudi à partir de Ghardaïa, lors d’une visite de travail et d’inspection qu’il a effectuée dans cette wilaya.

Amar Tou a également précisé que le texte de loi portant création d’hôpitaux privés sera promulgué par ordonnance.

Ceci ne changera pas grand-chose à la lente agonie du secteur de la santé publique où la qualité des prestations ne cesse de régresser de l’avis même des praticiens du secteur. Réalisme ou effet de lobbying des cliniques privées, on ne sait rien encore sur les arguments que compte utiliser le gouvernement pour appuyer cette démarche. Amar Tou a déclaré, selon l’APS, que «parmi les 241 cliniques privées actuellement opérationnelles et 115 en cours de réalisation en Algérie, de nombreuses peuvent être consacrées comme «hôpital» si elles répondent aux conditions de la loi».

Hôpitaux privés, veut tout simplement dire que certaines prestations seront financées par les caisses d’assurance. C’est, du moins, ce qui se fait dans les pays où coexistent les systèmes de santé public et privé. Le ministre de la Santé n’a pas donné plus de détails sur les conditions d’éligibilité des cliniques privées au statut d’hôpitaux privés. Le secret de fabrication des cahiers des charges étant impénétrable, l’on ne peut que s’interroger sur le niveau des conditions qui vont êtres promulguées pour limiter le nombre de cliniques candidates.

Pour ceux qui sont favorables à cette démarche du MSPRH, «il est préférable de payer certaines prestations des hôpitaux privés que d’envoyer les Algériens se soigner à l’étranger». Ils estiment que «de toutes façons, le secteur de la santé publique ne pourra jamais, au stade où sont les choses en matière de gestion et de salaires, atteindre un niveau appréciable de prestations». Et comme l’Algérie a décidé de ne plus envoyer de malades à l’étranger à partir de 2009, «il va falloir trouver des solutions de qualité que les hôpitaux publics ne peuvent prendre en charge», ajoute-t-on.

Quant à sa tournée à Ghardaïa, le ministre a, selon l’APS, exhorté les responsables à oeuvrer dans une «gestion rigoureuse» et au «respect des délais de réalisation des travaux de rénovation» de l’hôpital «Gueddi Bakir» en cours de rénovation. Les constats se suivent et se ressemblent, le ministre a également «insisté sur la nécessité d’une meilleure prise en charge des malades, notamment dans le service des urgences» de l’hôpital «Tirichine» de Sidi Abaz d’une capacité d’accueil de 240 lits.

Avant Ghardaïa, Amar Tou avait inspecté les structures sanitaires de la wilaya de Laghouat. Revenant sur le déficit de spécialistes dans ces régions, le ministre a réaffirmé la nécessité de «la coopération étrangère». Le ministère «continuera de recourir à la coopération étrangère tant que le nombre de nos spécialistes reste insatisfaisant», en particulier dans les régions du Sud, a déclaré Tou à la fin de sa visite d’inspection.

Le MSPRH a également fait état d’autres mesures pour parer aux insuffisances dans les structures sanitaires du Sud, en annonçant leur mise «sous la responsabilité des centres hospitalo-universitaires (CHU) du Nord et la formation de médecins généralistes du Sud en spécialistes». Il a aussi annoncé la création de «service néonatal au niveau de tous les hôpitaux du pays pour garantir la baisse du taux de mortalité infantile et maternelle» et a fait part de «la création dans la wilaya de Laghouat du premier «complexe» pour la santé de la mère et de l’enfant», indique l’APS. Au cours de sa visite, Amar Tou a appelé les responsables locaux de la santé à «lutter contre le gaspillage et à oeuvrer à la rationalisation des dépenses».

Toutes ces critiques (mauvaise gestion, gaspillage), ajoutées aux conditions de travail peu encourageantes et aux salaires insuffisants dans le secteur de la santé (ce qui explique grandement la rareté des médecins spécialistes dans le Sud), militent objectivement en faveur de l’ouverture d’hôpitaux privés, ce qui consacrera, une fois de plus, la médecine à deux vitesses en Algérie qui existe de fait avec les cliniques privées. Reste à savoir en échange de quoi va être octroyée la qualité d’»hôpital» aux cliniques privées que le ministère jugera «performantes», et quel sera le prix à payer par la sécurité sociale ?


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