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EXPOSITION “PLANÈTE MALEK” PAR HABIBI FUNK AU MAMA, Rétrospective sur le virtuose du cinéma algérien




EXPOSITION “PLANÈTE MALEK” PAR HABIBI FUNK AU MAMA, Rétrospective sur le virtuose du cinéma algérien
Après la sortie de la compilation consacrée aux œuvres d’Ahmed Malek par le label Habibi Funk, ce dernier organise, jusqu’au 31 juillet au Mama, une exposition qui met en valeur “certains épisodes d’une vie singulière et hétéroclite”.

Ahmed Malek, ce nom méconnu de la nouvelle génération, notamment des comédiens et des professionnels du secteur, est l’une des personnalités ayant marqué le 7e art algérien des années 70-80. Afin de faire renaître ce compositeur, musicien et arrangeur de ses cendres, une exposition en son honneur “Planète Malek-Une rétrospective” se tient au Mama (Musée public national d’art moderne et contemporain d’Alger) jusqu’au 31 juillet prochain. Organisée par le label Habibi Funk, en collaboration avec le Mama et le Goethe Institut d’Alger, cette manifestation a été inaugurée dans l’après-midi du 22 juin, en présence de nombreuses personnalités du cinéma et de la scène musicale. Ce personnage au talent prolifique, dont la carrière est fortement liée à l’âge d’or du 7e art DZ, a marqué les esprits, dont ses compos, fredonnées par nombreux d’entre nous. Parmi elles, les bandes originales (BO) des Vacances de l’inspecteur Tahar, Omar Gatlato ou encore Leïla et les autres. Dans le but de rafraîchir la mémoire et rendre un bel hommage à Ahmed Malek pour toutes ses réalisations, cette exposition donne à voir “un aperçu inédit d’archives d’Ahmed Malek collectées par ses filles. L’exposition met en valeur certains épisodes d’une vie singulière et hétéroclite à travers des photos capturées par son épouse Danielle Berkmans, d’articles de journaux, des documents contenant des interviews et des extraits de films, sans oublier le documentaire ‘Planète Malek’ produit en 2019”. Afin de sortir cette icône de l’oubli, le vernissage a été ponctué d’une table ronde intitulée “Réflexion partagée autour d’un artiste”. La directrice du Mama, Mme Laggoune, a informé que cette exposition était une initiative du DJ allemand Jannis Stürtz. “Ce dernier s’intéresse énormément à la musique arabe, il a sillonné plusieurs pays à la recherche de vinyles. Au festival Mawazine, il découvre le raï, à ce moment-là Jannis s’intéresse à l’Algérie et tombe sur l’œuvre de Malek.” Le Berlinois effectue alors un travail de recherche qui donne naissance à une compilation signée par son label Habibi Funk (dédiée à la musique arabe des années 70-80). D’ailleurs, cet amoureux des auteurs d’Orient et d’Afrique du Nord vient de “réhabiliter” Ahmed Malek en produisant entre autres le docu Planète Malek de la réalisatrice Paloma Colombe.



Ahmed Malek : un homme affable, professionnel et talentueux

La table ronde organisée en marge du vernissage a réuni un panel de professionnels ayant travaillé ou côtoyé le virtuose, à l’instar des réalisateurs Sid-Ali Mazif, Djamel Bendedouche et Merzak Allouache ainsi que le metteur en scène et musicien Safy Boutella. Modérée par la productrice Amina Haddad, cette rencontre a permis de mettre en lumière l’homme qu’était Ahmed Malek. Les intervenants étaient unanimes sur son professionnalisme, sa gentillesse et son génie, revenant tour à tour sur leur parcours, notamment les films sur lesquels le compositeur a travaillé. Au sujet de la collaboration d’Ahmed Malek dans Leila et les autres, Sid-Ali Mazif a insisté sur le fait qu’il “était soucieux de faire du bon travail. Il ne se plaignait jamais des difficultés auxquelles il faisait face. Il comprenait les réalisateurs et avait leur confiance”. Selon Djamel Bendedouche, c’était un musicien polyvalent à la carrière prolifique. “Je l’ai connu à la télé quand il faisait partie de l’orchestre. Nous n’avons jamais collaboré ensemble, car la télé n’avait pas de budget pour la musique, cela était impensable dans l’esprit des décideurs de l’époque”, a-t-il indiqué. Et d’ajouter : “Ahmed Malek avait beaucoup de talent et il le développait dans les films.” Pour sa part, Merzak Allouache est revenu longuement sur la création artistique des années 70-80, durant laquelle les réalisateurs devaient suivre “et respecter des règles de travail bien précises sous le règne du parti unique”. “J’ai collaboré avec Malek sur trois films, notamment Omar Gatlato, il était le musicien de toutes les productions. À cette période, nous n’avions pas d’autre choix, il n’y avait que Malek. Alors que des réalisateurs comme Rachedi et Hamina avaient la possibilité de partir à l’étranger pour travailler avec les musiciens”, a raconté l’auteur du Repenti. Durant son intervention, Allouache a entre autres évoqué sa relation avec le chef d’orchestre, leur rassemblement au “13” (un ancien bar algérois), de leur discussion autour de la musique et de ses films.

De son côté, Safy Boutella estime que cette exposition est une belle initiative, car “nous sommes dans un pays où la mémoire est rarement invoquée”. À propos du lien cinéma-musique, il a martelé que “la musique est un art fort et puissant à part entière, et le cinéma ne peut s’en passer. C’est un mélange savant qui demande une très grande intelligence, je parle de l’intelligence de situation ; dans un film, la musique intervient à un moment donné, c’est de l’intelligence entre le réalisateur, son film et le compositeur”. Dans le même sillage, le monteur Rachid Ben Allal, qui a partagé sa première expérience avec Ahmed Malek sur Les vacances de l’inspecteur Tahar, a souligné que cet artiste “était un homme passionné et rigoureux. Pour lui, la musique n’était pas seulement un accompagnateur mais un élément aussi important que le son”. En somme, cette table ronde a permis à l’assistance de découvrir ou redécouvrir cette personnalité atypique, qui malheureusement a fini par tomber dans l’oubli comme le cinéma DZ à son âge d’or !
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