Algérie - Revue de Presse

De Séville à Alger Ibn Khaldoun était un grand voyageur. Son exposition aussi puisqu?avant d?être montée à Alger, elle a d?abord été produite en mai 2006 à Séville, pour le 600e anniversaire de la mort de ce personnage. A l?origine, une initiative de la Fondation espagnole El Legado Andalus qui s?efforce de donner toute son importance au legs de la civilisation musulmane dans la péninsule ibérique et, plus largement, en Occident, l?Andalousie ayant été la passerelle culturelle et scientifique la plus importante entre l?âge d?or de l?Islam et la Renaissance européenne. L?idée fut soutenue par le roi Juan Carlos notamment qui inaugura l?événement et c?est donc à l?occasion de sa visite en Algérie que l?exposition nous arrive. Le caractère diplomatico-culturel de cette manifestation correspond à son sujet qui fut un grand ambassadeur et négociateur. En 1363, Ibn Khaldoun s?était rendu à Séville, d?où sa famille était originaire, pour négocier avec Pierre I, dit le Cruel, un traité de paix avec le royaume nasride et on sait surtout qu?en 1401, il avait été l?émissaire des musulmans auprès de Tamerlan. En mai 2006, l?exposition avait pris une dimension internationale en présence des présidents algérien et égyptien et des représentants de plusieurs autres pays arabes, l?Espagne voulant lui conférer une portée symbolique. Il en est de même pour celle d?Alger inaugurée mercredi soir par le Roi et la Reine d?Espagne et le Président Bouteflika. Mais au-delà de la diplomatie, c?est le contenu et la qualité de l?exposition qui méritent l?intérêt. Très didactique, soignée au plan esthétique, riche en supports visuels, reproductions, cartes et schémas, elle a été conçue par des scénographes espagnols au fait de leur métier. Organisée par le ministère de la Culture, elle présente une vingtaine d?objets archéologiques en provenance d?Espagne et une cinquantaine prêtés par les musées algériens (Alger, Béjaïa, Tlemcen, Constantine) ainsi que la Bibliothèque nationale pour les manuscrits. Plusieurs chercheurs algériens ont travaillé avec leurs collègues espagnols sous la houlette scientifique du CNRPH. C?est une découverte vivante d?Ibn Khaldoun, personnage exceptionnel pour le Maghreb ou le monde musulman, mais aussi pour l?ensemble de l?humanité, à telle enseigne que le célèbre historien britannique Arnold J. Toynbee a écrit : « Ibn Khaldoun conçut et formula une philosophie de l?histoire qui est, sans aucun doute, le plus grand travail jamais créé par une intelligence en quelque lieu et époque que ce soit ». Ce qui n?est pas peu dire. C?est aussi une découverte des relations entre l?Algérie dans son entité de l?époque et l?Andalousie et, plus généralement, entre l?Orient et l?Occident. L?exposition peut intéresser à la fois des profanes et des spécialistes. Elle gagne à être visitée en famille, toutes générations pouvant en tirer un profit. Des visites de groupes peuvent être organisées avec le palais de la Culture Moufdi Zakaria (s?y rendre). Espérons qu?elle serve de modèle au montage de nos expositions qui négligent souvent l?aspect visuel.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)