Algérie - Revue de Presse

ENSEIGNEMENT DE TAMAZIGHT Des regrets et des promesses



Les responsables du Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) ne sont passatisfaits de l'enseignement de la langue Amazighe dans l'école algérienne. «Je suis déçu et je regrette le fait que la langue Amazighe soit enseignée d'unefaçon facultative » a déclaré hier, Bilek Hamid, archéologue et sous-directeurdu HCA, lors du colloque international de deux jours sur « le Libyco-berbère oule Tifinagh : de l'authenticité à l'usage pratique » tenu au centre pressed'El-Moudjahid, sous le haut patronage de madame la ministre déléguée à larecherche scientifique. Le sous-directeur du HCA a expliqué que l'enseignementde la langue Amazighe concernait au départ 16 wilayas alors qu'elle n'estenseignée aujourd'hui, qu'à travers 10 wilayas seulement. « La capitale quidevait être une grande wilaya pilote dispose seulement de deux enseignants aumoment où, de nombreux étudiants licenciés en langue et culture amazighe issusdes universités de Béjaïa et de Tizi-Ouzou pataugent dans le chômage » a-t-ilfait signaler.Le secrétaire général du ministère de l'Education, M. Aboubaker Khaldi, atout de suite réagi en déclarant que l'enseignement de la langue Amazighe sefait graduellement selon les moyens et outils pédagogiques existants. Il a,dans ce sens, indiqué que l'enseignement de la langue Amazighe se trouve,aujourd'hui, confronté à deux sérieux problèmes que le ministère de l'Educationtente, avec la contribution des scientifiques et des chercheurs, à lesrésoudre. M. Khaldi évoque le problème du manque d'enseignants en langueAmazighe. « On ne peut pas recruter un enseignant qui parle deux ou troisphrases en Kabyle pour enseigner la langue Amazighe à nos élèves, ce n'est passérieux » déclare-t-il. Et d'ajouter « il faut que l'enseignant soit titulaired'un diplôme universitaire en langue Amazighe ». L'autre problème qui empêchel'épanouissement de l'enseignement de la langue Amazighe, selon le SG duministère de l'Education, c'est l'absence de texte. Dans ce sens, il a fait appel au savoir-faire des chercheurs spécialistesdans le domaine pour apporter davantage leur contribution pour y remédier. Lesmembres du HCA ont déclaré que nos écoles comptent, aujourd'hui, 600enseignants de langue Amazighe dont 90 % sont concentrés à Tizi-Ouzou etBéjaïa, en insistant sur le fait que plusieurs diplômés sont aujourd'hui auchômage faute de postes budgétaires.Le secrétaire général du HCA, Youcef Merrahi, s'est, lui, interrogé surle retard du lancement de la chaîne de télévision en langue Amazighe, un projetqui date déjà de trois années et qui n'a pas vu le jour. Les membres du HCAs'expliquent mal « ces hésitations » sachant que la présidence de la Républiques'est engagée à réhabiliter et promouvoir tamazight.Loin de toute considération politique ou idéologique, les archéologues,anthropologues, historiens, linguistes et sociologues ont tenté, lors de cecolloque, de définir l'alphabet berbère appelé communément «libyco-berbère oule Tifinagh».  Si certains plaident pour écrire la langue Amazighe en latin etd'autre veulent qu'elle soit écrit en arabe, tous se sont mis d'accord sur laréhabilitation de Tifinagh qui est encore en usage chez les Touaregs. Car, cetalphabet originel témoigne d'un enracinement profond de l'identité berbère. Le représentant du ministère délégué de la recherche scientifique adéclaré, dans ce contexte, que la loi 98-01 relative à la recherchescientifique a prévu entre autres, un programme national de recherche portantsur l'histoire, l'archéologie ainsi que d'autres thèmes, lesquels ont été misen oeuvre. « Une quarantaine de projets qui ont mobilisé plusieurs équipes »a-t-il affirmé. Il précise que deux autres programmes nationaux de recherchesur la culture, la communication et la linguistique n'ont pas été mis enoeuvre, mais seront initiés dans le cadre de la prochaine loi sur la recherchescientifique et le développement technologique.Enfin, le chef de projet franco-algérien de datations directes de l'artrupestre saharien, Malika Hachid, a plaidé pour l'établissement d'un corpus,autrement dit, un recueil des inscriptions libyco-berbères. « Nous en avons desmilliers dans le Sahara » a-t-elle affirmé en regrettant le fait que 90 % desétudes de recherches et de thèses faites par nos universitaires ne se font passur terrain, en se contentant de repiquer des informations soit à travers deslivres ou d'Internet.
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