Algérie - Revue de Presse

DUEL DIPLOMATIQUE BUSH-CHAVEZ Sur fond de pétrodollars et de promotion du biocarburant



Le Président des Etats-Unis d´Amérique du Nord, George W. Bush, a effectué du 8 au 13 mars une visite officielle à cinq partenaires latino-américains triés sur le volet en vue de réaffirmer la volonté de coopération de Washington au sein de son propre hémisphère. Le Brésil, l´Uruguay, la Colombie, le Guatemala et le Mexique furent les terrains choisis pour évoquer des objectifs en matière de santé, d´éducation, d´immigration, de lutte contre les narcotrafiquants et pour proposer, sur le long terme, des investissements pour la production de l´énergie propre, l´éthanol, un biocarburant très à l´honneur au Brésil. Le choix des pays visités n´a pas laissé indifférent le président vénézuélien Hugo Chavez, qui s´empressa d´organiser sa propre tournée pour contester les intentions nord-américaines en animant des meetings populaires en Argentine, en Bolivie, au Nicaragua, en Jamaïque et à Haïti, pays sensibles aux offres d´aide d´un Venezuela généreux grâce à ses revenus pétroliers et à sa vision socialisante. A Buenos Aires, la capitale argentine, la contre-manifestation présidée par Chavez - mais sans la présence du chef de l´Etat argentin Nestor Kirchner - se déroula le soir même où George W. Bush se trouvait sur l´autre rive du Rio de La Plata, en Uruguay, un geste diversement apprécié par la Maison-Blanche et par les autorités uruguayennes, dont les relations avec leurs frères argentins battent de l´aile depuis près de deux ans. En fait, dans chacun des pays visités par le chef de la Maison-Blanche, de nombreuses associations civiles non-gouvernementales ne manquèrent pas d´exprimer leur mécontentement pour la présence de Bush en dénonçant particulièrement sa politique belliqueuse en Irak et en Afghanistan. Mais bien entendu, les autorités prirent des mesures draconiennes pour tenir éloignés les manifestants en mobilisant, à chaque étape, des milliers de policiers et de militaires quasiment sur le pied de guerre. Autant dire que le président Bush et ses pairs n´eurent pas l´occasion de se rendre compte de la violence de certaines de ces manifestations. De surcroît, Washington avait dépêché des centaines d´agents pour coopérer avec leurs collègues locaux avec un déploiement sans précédent de logistique nord-américaine afin de ne rien laisser au hasard. Le Brésil (environ 187 millions d´habitants) fut la première étape du voyage de Bush, qui avait déjà eu l´occasion, à la fin de 2005, de rendre visite à Brasilia au président Lula da Silva dont il apprécie la modération et le pragmatisme, souhaitant sans doute son leadership dans cette région du monde. Conscient du poids intrinsèque de son pays, Lula a su maintenir un certain équilibre entre sa vision sociale et les impératifs incontournables de l´économie brésilienne. Ce fut la mégapole Sao Paulo qui fut choisie pour accueillir Bush, sensible aux signes extérieurs de l´industrialisation du géant sud-américain. Il put visiter à loisir le fleuron du groupe pétrolier Petrobras, un terminal situé à Guaruhlos, dans la banlieue de Sao Paulo, qui compte une capacité de stockage de 164 millions de litres d´essence conventionnelle et de biocarburant. C´est ainsi que ce terminal assure 40% de la consommation de l´immense aviation du pays. Tel un geste symbolique, c´est le World Trade Center de Sao Paulo qui fut choisi pour la signature d´un mémorandum par la secrétaire d´Etat Condoleezza Rice et le ministre brésilien Celsa Amorim. Ce document porte sur la coopération des deux pays pour le développement de la production de biocarburant, les Etats-Unis et le Brésil étant les leaders mondiaux incontestés de cette technologie. «Nous sommes en train de célébrer une association entre les Etats-Unis et le Brésil, une coopération importante dans le domaine des combustibles afin de relever le grand défi énergétique du XXIème siècle», déclara Lula à cette occasion... Il n´est pas inutile de rappeler que le Brésil est le deuxième producteur mondial d´éthanol, après les Etats-Unis, ce biocarburant obtenu à partir de la canne à sucre, du maïs... Voilà une trentaine d´années que, patiemment, le Brésil s´était lancé dans ce défi technologique. A ce jour, six millions d´hectares sont consacrés à la culture de la canne à sucre. Or, le pays compterait 90 millions d´hectares en friche, laissant espérer une extension de la culture de la canne à sucre et une projection d´accroissement de production de 20% d´éthanol pour 2030. A l´heure actuelle, plus d´un million de personnes travaillent à cette production et 30.000 stations-service à travers le pays offrent ce biocarburant aux automobilistes. 3,5 milliards de litres d´éthanol ont été exportés en 2006, dont un peu plus de la moitié aux Etats-Unis. Au niveau des ministres des relations extérieures, la revue de la situation mondiale aurait permis d´évoquer de nouveau la réforme de l´Organisation des Nations unies, le Brésil étant toujours intéressé par l´élargissement du Conseil de sécurité et l´ouverture à de nouveaux membres au G-8, le groupe des pays les plus riches du monde. Commerce bilatéral
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