Algérie - A la une

Dealers, chômage et reconversions


Une grosse voiture, plusieurs convoyeurs, des armes blanches, des téléphones et de grosses liasses d'argent : tout le kit complet et parfait d'un grand transfert de stupéfiants. Les gendarmes ont arrêté récemment cette «bande» de trafiquants qui prenaient vraisemblablement la route d'Alger à partir d'Annaba. Mais en prenant connaissance de la quantité de cannabis (un peu plus de 2 kilogrammes) et de psychotropes (moins d'un millier de comprimés), on se rend compte que les temps sont vraiment durs et pour de plus en plus de monde. La crise économique induite par la crise sanitaire n'aura décidément épargné aucun pan de l'activité nationale. Il fut un temps où on ne se dérangeait pas pour de telles clopinettes sur 600 kilomètres. Le business était prospère, les frontières poreuses jusqu'à ne plus imaginer à quel point et le marché insatiable. Autant dire que le « climat des affaires » était à son apogée. Vous vous rendez compte, quatre bonhommes, un 4x4 et toute la logistique des grands jours pour si peu ' Et ils ont trouvé le moyen de se faire coffrer en plus ! Bien avant l'avènement de la pandémie et ce qu'elle a introduit comme restrictions, les quantités en la matière ont connu une inflation de dingue. Peut-être pas sur le terrain des opérations mais dans la tête des Algériens ordinaires, les «chiffres et les lettres» de la drogue ont connu une mutation à hauteur d'ère géologique : 7 quintaux de cocaïne, vous vous rendez compte ' Depuis, il y a eu de grosses quantités de cannabis et autres joyeusetés qui ont été saisies. Tellement grosses qu'elles auraient pu prétendre au-devant de l'actualité. Ce n'est pas de chance, elles sont mal tombées. Il y a l'avant et l'après «Elbouchi» et ses acolytes. Surtout... ses acolytes. Les digressions les plus courtes étant les meilleures, parenthèse fermée aussitôt ouverte. Depuis le surréaliste épisode du port d'Oran donc, toutes les quantités de drogues sont devenues du pipi de chat. C'est qu'ils ont la barre trop haut, les mecs. Personne n'attend que les records d'Usain Bolt tombent dans un meeting régional à Bordj-Bou-Arréridj, quand même ! Mais on n'en est même plus là. Maintenant, c'est carrément la dèche et... l'épisode d'Annaba n'a peut-être pas tout révélé. La filière se meurt. Ce que réussit la... pandémie, les gendarmes et tout le reste du dispositif antidrogue peuvent bien le réussir aussi en temps normal, non ' Petite consolation : tout le monde n'est pas sur le carreau dans le secteur. Certains se sont reconvertis dans... l'alcool, un «secteur» en plein boom. Ça marchait déjà très bien avant la crise sanitaire, vous imaginez où ça en est maintenant, avec la disparition du... circuit légal !S. L.


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