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Dans la série les érudits de l'antique Cartenna




Abou Zeïd Abderrahman ben Mohammed ben Abdallah ben El-Imam (1). Ce docte, illustre et éminent imam, ce libre interprète de la loi divine, et son frère Abou Mouça Iça, sont connus sous le nom de fils de l'imam. Ils naquirent (lisez : ils habitèrent) à Tlemcen. Ibn Ferhoun a mentionné dans son livre intitulé : Ed-Dibadj (le brocart), ces deux sommités scientifiques, ces deux célèbres et illustres savants, ces deux hafidhs.Voici ce qu'il en dit : « Abou Zeïd, le docteur des Malékites à Tlemcen, le savant incomparable, est l'ainé des deux frères connus sous le nom de Fils de l'imam Et-Tenessy (originaire de Ténès) El-Breschky (natif de la ville de Breschk) (2). Son frère et lui furent, dans le Maghrib, les personnages les plus éminents de leur époque ; ils étaient attachés à la personne du sultan mérinide Abou'l Hacèn (3). Beaucoup d'hommes de grand mérite sont sortis de leur école. Ils composèrent des ouvrages utiles et possédaient des connaissances précieuses. C'est en l'année 743 (inc. 6 juin 1342) qu'Abou Zéïd mourut (4) le cheikh et imam El-Maqqary, qui avait été leur disciple, rapporte ce qui suit : « Les deux fils de l'imam, étant encore tout jeunes, quittèrent Tlemcen (lisez Breschk), leur patrie, et se rendirent à Tunis. Ils suivirent, dans cette ville, les leçons d'Abou Djemâa, d'Ibn El-Qattan (5), d'El Baterny (6) et d'autres docteurs de cette époque ; ils purent même profiter de celles d'El Mordjany (7), l'un des savants de la fin du VIIe siècle, ils se rendirent à Tlemcen auprès du prince des musulmans (Youçof ben Yaboub), alors occupé au siège de cette ville , c'était Abou'l Hacen Ali ben Yakhlef Et-Tenessy qui exerçait en ce temps-là les fonctions de jurisconsulte à la cour de ce prince. De là, nos légistes partirent pour l'orient, vers l'année 720 (inc. 12 février 1320) Arrivés dans ces contrées, ils eurent l'occasion de voir et d'entendre Aladdin El-Qonaouy dont on disait qu'il n'avait pas son égal. Ils rencontrèrent aussi Djelal-ed-Din El Qazaouiny, l'auteur du Telkhis, et ils entendirent (Batr) El-Hidjazy expliquer El-Bokhary» El-Maggary. ajoute : « J'ai entendu moi-même expliquer cet auteur par les deux fils de l'Imam. Ils disputèrent, à cette occasion, avec Taqy-ed-Din Ibn Taïmya (8), mais ils finirent par triompher de lui et ce fut là une des causes de l'infortune de celui-ci. Ce docteur avait des opinions détestables touchant la tradition de la divine descente, qu'il expliquait matériellement et à la lettre, en (lisant : « Voyez, comme je descends moi-même. » Je ferai remarquer, dit Ahrned Baba, que ces paroles « Voyez, comme je descends moi-même » ont été rapportées par Ibn Batouta dans son voyage (9). Cet auteur raconte, en effet, qu'il assista un jour à une prédication d'Ibn Taïmya qui était monté en chaire ; que celui-ci, venant à mentionner la tradition relative à la divine descente, dit : « Voyez, comme je descends moi-même », et qu'en prononçant ces mots il descendit une des marches de la chaire. Dieu nous préserve de soutenir une pareille opinion ! Il y en a qui affirment qu'Ibn Taïmya n'a pas prononcé ces paroles; au surplus, Dieu sait le mieux ce qu'il en est. El-Maqqary dit: « Abou Zéïd et son frère Abou Mouça lça, s'étant fait une grande réputation de savoir dans tout l'Orient, finirent par laisser de côté l'autorité des chefs de sectes dans l'interprétation de la loi, pour ne plus décider que d'après leur propre sentiment. Lorsque je me fus installé à Jérusalem, mon rang dans la science ne tarda pas à être connu, et il s'éleva,entre moi et certains docteurs de cette cité, une dispute à la suite de laquelle un de mes compatriotes du Maghrib vint me trouver et me dit : « Sache que tu jouis d'une grande autorité auprès des habitants de cette ville et que tous reconnaissent ton haut mérite. Je sais, de mon côté, que tu as été le disciple des deux fils de l'Imam ; si donc on vient à t'interroger, attribue-leur ton savoir et dis : « J'ai entendu leurs leçons et c'est d'eux que je tiens tout ce que je sais. » Garde-toi bien de paraître t'éloigner de leurs opinions, car tu baisserais dans l'estime de ces gens qui te regardent comme le lieutenant de les mitres et l'héritier de leur science, et croient que nul ne leur est supérieur.» El-Maqqary ajoute : Abou 'Zéïd était du nombre des savants qui craignent Dieu. Il m'a été raconté, par le Prince des Croyants Abou Ivan El-Motaouakkil al'Allah, que feu son père, le Prince des Croyants Abou'I-Ilacèn, ayant, dans un moment de gêne, invité ses sujets à l'aider de leurs deniers, Abou Zeid lui dit : « Cela ne peut vous être permis qu'après que VOLIS aurez, à l'exemple d'Ali fils d'Abou Talib, balayé vous-même la salle du Trésor public, et que vous y aurez fait une prière de deux rekâa. » El-Maqqary dit encore ; « Ces paroles du docteur lbn Abou Zéïd (El-Qaïrouany), au sujet de certain hadith : « Lorsque l'imam a fait le salut final de la prière, que le fidèle ne reste pas à sa place, mais qu'il se retire », étaient ainsi commentées par Abou Zéïd: « c'est-à-dire qu'il ne doit rester à sa place que juste le temps nécessaire aux autres fidèles qui sont derrière lui pour faire le salut final de la prière, afin que personne ne passe devant eux. » Cette décision eut un grand retentissement, car cette question et celle relative au fidèle attardé qui entre dans la mosquée se ressemblent sous le rapport des preuves sur lesquelles ou les appuie (10). C'est là, dit El-Maqqary, un trait d'esprit admirable. Puis il ajoute : « J'assistai un jour à une conférence faite en présence du sultan Abou Tachefin Abderrahman ben Mouça Ou y lisait, sous la direction d'Abou Zéïd Abderrahman, fils de l'Imam, cette tradition rapportée par Moslirn: « Remémorez ceci à vos morts: Allah seul est Dieu. » Le docteur Abou lshaq ben El-Hakim (11) Es Salaouy demanda : « Celui à qui on remémore la profession du foi, est-ce un mourant. dans l'acception propre de ce mot ou un mort dans le sens métaphorique' Et quelle peut bien être la raison pour laquelle on a préféré dire : vos morts plutôt que vos mourants ' A mon avis, le mot doit, en principe, être entendu dans le sens propre, c'est-à dire dans le sens de mourant. » A celle question Abou Zéïd fit une réponse peu satisfaisante. Or, comme j'avais étudié sous la direction du professeur (Abou Zéïd) une partie du Tengih (Emondage) (12), je fis à mon tour cette remarque : « El-Qarafy, dis-je, prétend que les paroles du hadith doivent être entendues dans le sens propre (vos mourants) quand il s'agit du temps présent, et dans le sens figuré quand il s'agit du temps futur; pour le temps passé, on n'est pas d'accord sur leur véritable sens, c'est-à-dire quand celui auquel on attribue la qualité de mort est positivement tel. Cependant, comme ici le sens attribué au mot mort n'est pas précis, mais qu'il est comme en suspens et indécis, il est de consentement universel qu'il faut l'entendre dans son sens propre (mourant).
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