Algérie - Arts et Cultures Divers

Conte d'Algérie : Le destin de Plumette



Conte d'Algérie : Le destin de Plumette
Il était une fois une jeune fille d'une très grande beauté. Elle brisait tous les miroirs que son père lui achetait. Elle se mettait en colère car à chaque fois qu'elle se regardait, le miroir lui disait:
-Tu es si belle ! Toi qui épouseras un jour Kelbi (mon chien).
Tous le mercredi, jour du souk, son père lui rapportait de nombreux miroirs. Elle continuait à les briser. Le père finit par se fâcher :
-Mais que fais-tu des miroirs que je t'offre ? Pourquoi les chasses-tu?
-Mon père , chaque fois que je m'y regarde, ils me disent :《Tu es si belle ! Toi qui épouseras un jour Kelbi.》
Le père inquiet de cette prophétie, lui dit :
-Ma fille, je t'aime mais puisque tu dois épouser Kelbi, un chien, il te faudrait quitter la maison.
Il lui offrit une bague. La bague du souhait. Elle s'en alla et marcha longtemps. Un jour, elle arriva dans une forêt où trois chasseurs plumaient des oiseaux, laissant sur place les amas de plumes et de duvets. La fille s'enduisit le corps de résine et se roula dans le tas. Lorsque les chasseurs revinrent
, ils continuèrent leur tache. Soudain, ils virent une forme emplumée bouger. Terrorisés, ils se sauvèrent. Une fois à distance, ils réagirent en déclarant:
-Comment ? Nous, vaillants chasseurs, avec chevaux, fusils et chiens, nous nous sommes effrayés devant une forme emplumée. Retournons sur nos pas ! Pardieu ! Ne sommes nous pas des hommes courageux ?
-Créature ! Qui es-tu ? Fais-tu partie du monde des humais ou de celui des invisibles
Elle leur répondit :
-Je suis un être humain comme vous.
- Et que fais-tu ?
-Mon père m'a chassée et je ne sais où aller.
Les hommes se regardèrent et décidèrent que l'un d'eux devait l'emmener chez lui. Le premier refusa en expliquant :
-Moi j'ai mon père à nourrir, ma mère, mes frères et mes sœurs. Je ne peux la prendre avec moi.
Le deuxième dit à son tour:
-Moi non plus j'ai ma femme et mes enfants ce qui engendre beaucoup de dépenses.
Tous les deux regardèrent le troisième et décidèrent pour lui :
-Toi, tu vis seul avec ta mère, tu peux l'emmener.
Il céda. La jeune fille, qu'on surnomma Plumette, demeura dans la maison du chasseur et de sa mère. Le chasseur emportait toujours avec lui une galette de pain avant d'aller chasser.
C'était sa vieille mère qui la pétrissait. Un jour, épuisée, elle soupira :
-Je n'en peux plus !
La jeune fille en profita et proposa de préparer elle-même la galette. La vieille refusa :
-Non, ma fille ! Mon fils est bien trop difficile. Si jamais il trouvait ne serait-ce qu'une plume dans son pain, il serait furieux.
La jeune fille la rassura :
-Va ! Sors ! Occupe-toi ! Et pendant ton absence, moi, je vais préparer le pain. Et tu peux me chasser si jamais tu y trouvais le moindre duvet.
Lorsque la jeune fille se retrouva seule, elle enleva toutes ses plumes, se lava, se changea et enroula ses cheveux dans un foulard. Elle pétrit et cuisit le pain qu'elle mit de côté. Le chasseur reçut sa nouvelle galette sans savoir que Plumette l'avait préparée. À son retour, il interrogea sa mère :
-Qui a préparé le pain ? Je n'en ai jamais mangé d'aussi bon.
La mère n'osa pas lui avouer la vérité et mentit :
-C'es moi !
Le temps passa et un jour le chasseur annonça qu'il devait se rendre dans le village voisin pour demander une jeune fille en mariage.
-Prépare-moi, mère, une galette aussi bonne que la fois précédente, dit-il.
Plumette se proposa de nouveau et la vieille, bien qu'inquiète, accepta. La jeune fille pétrit une délicieuse galette dans laquelle, cette fois, elle glissa son anneau.
Le chasseur prit la route. Lorsqu'en fin de matinée, il s'arrêta pour manger, il découvrit l'anneau. Il revint aussitôt sur ses pas.
J'ai changé d'avis, c'est plumette que je désire épouser, annonça-t-il.
La vieille se lamenta mais le jeune homme ajouta :
-Tu auras beau t'emporter, tu peux monter au ciel et redescendre sur terre, c'est Plumette que j'épouserai.
Le soir du mariage, Plumette s'isola, enleva ses plumes, se fit belle et se montra à la belle-mère qui en fut éblouie. Cette dernière l'interrogea :
-Ma fille raconte-moi ton histoire, raconte-moi ce qui se passe.
Et la jeune fille relata son aventure depuis le commencement. Elle expliqua :
-Mon père m'offrait des miroirs et tous me répétaient le même présage lorsqu'ils réfléchissaient mon visage : 《Tu es si belle ! Toi qui épousera un jour Kelbi !》. Je les brisais l'un après l'autre. Mon père me chassa parce que j'allais épouser un chien. Voilà ma triste histoire.
En entendant ce récit, la vieille s'exclama :
-Dieu ! Ce présage est tout à fait vrai.
Comme c'est extraordinaire ! Mais ma fille, ton miroir n'a pas menti parce que mon fils est surnommé Kelbi. Je vais te dire pourquoi : lorsque j'étais jeune, chaque fois que je mettais au monde un enfant il mourait. À mes enfants, je donnais de beaux prénoms et aucun n'a survécu. Quand ce fils est né, j'ai décidé de l'appeler Kelbi pour conjurer le mauvais sort. Comme tu vois, il a survécu.
Nul n'échappe à son destin.
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