Algérie - Revue de Presse


Les esclaves des temps modernes Vivement la rentrée ! » telle est la profession de foi exprimée par l?écrasante majorité des enfants (garçons et filles) qui cuisent actuellement sous les rayons du soleil torride qui baigne les lieux d?échange informels ou certifiés de la ville des Ponts. Ils ont entre 7 et 14 ans et sont tous forcés par leur tuteur à aller glaner « quoi qu?il en coûte » de quoi arrondir les fins de mois laborieuses de leurs familles respectives. La foule C?est cela ou s?attirer à coup sûr le courroux d?un père aux entrées pécuniaires moribondes ou les remontrances d?une mère complètement dépassée par la tâche titanesque qui consiste à nourrir des bouches de plus en plus insatiables d?une marmaille qui « comble de l?ironie, fait la fine bouche » comme nous l?a rapporté une mère de famille aperçue à Souk El Acer en train d?approvisionner sa jeune fille en khatfa fait maison et autres fines herbes culinaires artisanales. « Je sais pertinemment que sa place n?est pas parmi toute cette foule. Elle me rapporte aussi qu?elle subit à longueur de journée des regards pas toujours innocents de pervers et autres obsédés sexuels qui lorgnent surtout vers sa poitrine naissante (à la limite de l?attouchement physique) qu?en direction de la marchandise étalée à ses pieds. Mais que voulez-vous y faire... les quelques dinars qu?elle ramène à la maison peuvent s?avérer souvent d?un grand réconfort », conclut-elle sur un air blasé qui en a vu bien d?autres. Vendeurs ambulants, mais néanmoins dopés et fort énergiques car il y va purement et simplement de leur croûte à la maison au retour, de boissons soi-disant fraîches trimballées dans des récipients ouvertement suspects, de pizza saugrenue fournie par piles entières dans des plateaux douteux et confectionnée dans les « labos » absurdes des locaux délétères de Rahbet Essouf, Souika, Batha, Sidi Djellis et de l?ex-rue Thiers, de palettes entières de kleenex turcs mentholés, de stylos à encre poussive, de briquets à la flamme épanouie et dépourvue du contrôle de débit, de colifichets de pacotille, d?écrins de chocolat made in Egypt dont la date de péremption pourtant dépassée a été, par un malin subterfuge, antidatée et donc relancée à la vente pour un prix modique défiant toute concurrence (10 DA le pack de trois), de cigarettes contrefaites à l?unité ou en paquet surbooké, de jouets gonflables en plastique (saison estivale oblige) et bien entendu, de produits alimentaires préparés par maman, belle-maman ou une s?ur cloîtrée, qui se fane à petit feu, et qui touchent pratiquement à tous les pans gastronomiques de fine pâtisserie : ktaief aux cacahuètes, galette panifiée, anhydride ou huilée, bradj des quatre saisons, pain de semoule assaisonné aux grains de sésame, mahdjouba agrémentée de piment fort et autres pièces de maqrout, ghrobia, sablés ou de souabaâ (doigts) madame, etc. Ces enfants effectuent ainsi des journées non-stop de 10, 12, voire 14 heures de travail, ce qui fait un volume hebdomadaire éreintant de pas moins de 94 heures ! Les autorités onusiennes du BIT (Bureau international du travail), sises à Genève en Suisse, tomberaient des nues, elles qui fixent le travail d?un enfant de 12 ans à guère plus de 38 heures, et encore à condition que cela se fasse dans les conditions qu?elles qualifient elles-mêmes de « particulièrement normalisées. » Son gage Sur un panel constitué d?une quarantaine d?enfants que l?on a sondés au cours de la semaine écoulée, un peu partout dans les murs de l?antique Cirta, une écrasante majorité (83,45%) s?est dite « maudite d?avoir ainsi été choisie par le mauvais sort et vivre dans ces conditions éminemment dégradantes », plus de 78% souhaiteraient « connaître au moins une fois dans leur vie l?existence que mènent les gens aisés » et pas moins de 93% se ront déclarés « ouvertement hostiles envers des parents que l?on conçoit plus comme des bourreaux que comme de quelconques êtres chers, tendres et affectueux. » Plus grave encore, et fort inconvenant aussi, mais cette fois-ci le public en jeu est majeur, certains parents peu scrupuleux et avides de rentrées d?argent facile obligent leurs filles à se prostituer purement et simplement sur la voie publique, près des gares routières du Rummel et de Boussouf ou dans certains lieux bien établis maintenant dans nos cités et nos quartiers huppés ou populeux. Mais là, c?est une autre histoire.



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