Algérie - Divers Métiers d'Artisanat

Constantine - Métier de bouquiniste : Achour, Mohamed Kanfoza, Djilali et les autres...




Constantine - Métier de bouquiniste : Achour, Mohamed Kanfoza, Djilali et les autres...




Personne ici ou ailleurs, ne semble se soucier de la disparition d’un métier connu pour être un vecteur de culture et d’art. C’est du métier de bouquiniste qu’il s’agit.

Il n’y a pas longtemps, ces passionnés des livres, des magazines et mêmes des illustrés ( Blek, Zembla , Le petit Ranger’s) avaient pignon sur rue, tant ils étaient sollicités par ces gens qu’on appelle les rats des bibliothèques, ces lecteurs assidus dont l’amour pour la lecture n’a d’égal que leur inclinaison à s’abreuver de récits , de romans, d’aventures.

A Constantine, il y avait Ammi Achour qui tenait un minuscule kiosque dans la très achalandée Trik Djedida juste en face du café Nedjma.

Bouquiniste plein de verve et d’allant, il recevait tout le monde avec le sourire. Voilà qui, comme dirait l’autre, un serviteur du livre et par extension de la culture!

En ce temps, pas très lointain d’ailleurs, qui parmi les jeunes lycéens ou universitaires n’avait recouru au service du bouquiniste pour acquérir tel ou tel roman, surtout quand il était question d’un best seller?

En ce temps là, on se passait les bouquins et une fois la lecture finie, on allait en demander un autre.

Tout comme Constantine, Aïn Beida aussi avait ses bouquinistes. le plus connu sur la place s’appelait Mohamed,(Allah yarhamou) et auquel on avait attribué le sobriquet «Kanfoza», fort sympathique en somme et qu’on se plait aujourd’hui à évoquer avec une pointe de nostalgie.

Ammar, tenant présentement une librairie se souvient de temps qui n’est plus: «C’est en lui gardant de temps en temps le petit kiosque que j’ai appris à aimer les livres, à en apprécier la valeur. Ammi Kanfoza ne cherchait nullement à s’enrichir en exerçant ce métier, ô combien noble, son seul souci était de satisfaire les amis lecteurs qui se recrutaient d’ailleurs parmi les fonctionnaires et les instituteurs.»

Pas de relève pour l’heure

Un sexagénaire, toujours attaché aux livres, se rappelle du temps où il était lycéen à Hihi Mekki à Constantine: «Durant les années soixante et soixante dix, Constantine détenait le record des villes qui disposaient du plus grand nombre de librairies. IL y en avait partout. Quo Vadis était la plus connue des lycéens et universitaires. Parfois même, nous, lycéens, allions sous le pont Sidi Rached, au Remblai, ce mythique marché aux puces où nous déterrions souvent de très beaux livres, des ouvrages littéraires ou scientifiques que nous acquérions pour une bouchée de pain.»

Mais depuis, que s’est-il passé?

Les bouquinistes sont partis presque en catimini laissant derrière eux un vide sidéral que rien ni personne ne pourra combler. Pas de relève dans l’immédiat, parce que l’amour du livre, de tout ce qui est imprimé ne tente plus personne.

Dommage qu’un aussi beau métier disparaisse sans espoir de retour. Adieu Amis des livres, vous Achour de la rue Trik Djedida Kanfoza et tous les autres...

Baâziz Lazhar

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