Algérie - Mansouria Mederreg-Belkherroubi

“CONSTANTINE, COUTUMES ET TRADITIONS” DE MANSOURIA MEDERREG BELKHERROUBI: Si Constantine m’était contée



“CONSTANTINE, COUTUMES ET TRADITIONS” DE MANSOURIA MEDERREG BELKHERROUBI:  Si Constantine m’était contée






Au-delà du rappel historique et culturel que l’auteure a jugé utile d’apporter, ce livre est une véritable déclaration d’amour au “rocher”, un plaidoyer pour la préservation de ses traditions et coutumes ancestrales.



Après Devoir de mémoire d’une petite fille à sa famille, qui traitait de la colonisation et de la condition des familles algériennes durant la guerre de libération, Mansouria Mederreg Belkherroubi vient de publier aux éditions El-Kalima un très beau livre dédié aux us et coutumes de Constantine, la ville des ponts suspendus.



Modestement intitulé Constantine, coutumes et traditions, ce livre de 235 pages renseigne les lecteurs sur la richesse patrimoniale de cette ville, en sus d’une multitude de photos soigneusement choisies qui plonge le lecteur au cœur des grandes cérémonies des familles constantinoises.



Après avoir vécu plusieurs années dans cette ville, l’auteure nous fait partager avec générosité, à travers les 12 chapitres que contient son livre, les fêtes et autres cérémonies que célèbrent les Constantinois lors des grandes occasions. Elle a tenu, par ailleurs, à décrire, dans les moindres détails, toutes les cérémonies par lesquelles passe un Constantinois, de sa naissance jusqu’à sa veillée funèbre, en passant par Yennayer et les fiançailles.



Ainsi, le premier chapitre est consacré à la présentation de la ville et des souvenirs personnels de l’écrivaine. C’est Hadja Meriem, matriarche d’une ancienne famille de la capitale de l’Est algérien, qui rappellera à l’écrivaine le noble passé de la ville. Tout commence avec les préparatifs de la naissance, avec la future mère qui prépare le trousseau du nouveau-né, de la première brassière au petit matelas et parfois même le lit.



La vieille Meriem confie cependant à l’auteure qu’elle regrette les nouveaux rituels qui détruisent peu à peu notre identité séculaire. Comme les prénoms étrangers que les parents attribuent à leurs enfants.



Quelque temps après, bébé fait ses dents, et les Constantinoises ont plus d’un tour dans leur sac afin de soulager le petit, une astuce que lui confie Hadja Meriem. Ainsi, la mère ou la grand-mère prend à cet effet un bout de sucre en frottant les gencives du bambin. Cela permet à la peau de se craqueler et la petite dent peut dès lors se libérer plus rapidement.



Le chapitre suivant nous initie aux préparatifs consacrés au début du printemps. Taqtar, ou la distillation à l’ancienne des fleurs de bigaradier. L’alambic ou el-qattar est nettoyé et frotté pour la préparation. Les fleurs sont déposées dans la partie inférieure qui se compose d’un grand récipient en cuivre appelé tanjra, tandis que dans la partie supérieure se trouve el-keskas. L’eau est ensuite versée dans le récipient.



Hadja Meriem, heureuse que cette tradition subsiste encore chez les familles constantinoises, explique à l’auteure que cette eau distillée est jalousement conservée et utilisée uniquement lors des grandes occasions.



Vient ensuite la saison du Mawlid Ennabaoui et les us qui l’accompagnent.



Le lecteur l’aura deviné, on est bien loin, ici, des pétards et autres produits explosifs qui, au lieu de réjouir les enfants, deviennent de nos jours un véritable danger.



On découvre également dans ce livre l’ambiance et les préparatifs du mois de Ramadhan, qui commençaient dès le 27 du mois de Chaâbane, où les Wasfane (confrérie de noirs), organisaient une collecte d’argent et de dons pour les distribuer aux nécessiteux.



Cette coutume avait d’ailleurs un nom : el-chaâbania, c’est dire l’importance de la solidarité et du partage qui régnait autrefois dans nos villes.



Mansouria Mederreg Belkherroubi est aussi revenue sur la beauté et l’architecture unique dont jouit l’antique Cirta.



À signaler que la photo qu’a choisie l’auteure pour la couverture de son excellent ouvrage n’est autre qu’une djouzia, cette friandise typiquement constantinoise vendue à la maison Khalfa.



L’auteure, dans ce dernier chapitre, a tenu à rendre hommage à cette maison de confiserie, tenue de génération en génération, et qui fait la fierté de toute la région.



Le confiseur expliquera, pour sa part, qu’“avec l’évolution sociale et l’amélioration des conditions de vie des citadins et à leur demande, les cacahuètes puis les amandes ont été remplacées par les noix, très prisées à l’Est, et le sucre fut remplacé par du miel pur”.



Et pour compléter ce magnifique tableau, l’auteure a bien voulu insérer dans les toutes dernières pages du livre quelques recettes de cuisine typiquement constantinoises; comme le chrik, le rakhsis, ou encore lakhmira.



En somme, ce livre, au-delà du rappel historique et culturel que l’auteure a jugé utile d’apporter, est une véritable déclaration d’amour au “rocher”, un plaidoyer pour la préservation de ses traditions et coutumes ancestrales.





YASMINE AZZOUZ



“Constantine, coutumes et traditions” de Mansouria Mederreg Belkherroubi. 235 pages. Éditions El-Kalima. 2016. Prix 2500 DA



JE VOUS REMERCI POUR POUR CETTE OUVRAGE TRES PRECIEUX QUI DEMONTRE LES US DE LA VILLE DE NOUMIDA
boudra abderrahim - SANS - CONSTANTINE, Algérie

24/10/2016 - 314320

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