Commentaire

Quelle(s) crise(s) ? Sortie de crise? Il faudrait d’abord que tous les acteurs rapprochent leur perception sur le concept de crise. Crise politique? Crise sociale? Crise économique? Sur le plan politique, normalement, dès lors qu’il y a eu retour au processus électoral, dès lors qu’est achevée la «construction de l’édifice institutionnel», on ne peut plus parler de crise politique. Et pourtant, il y a les convictions partagées que la crise politique est une donnée qu’il faudrait intégrer comme réelle. Quelle sortie de crise puisque l’alliance est restée figée, que les partis dont on dit qu’ils sont au pouvoir y sont toujours, et que les partis dont on dit qu’ils sont dans l’opposition y sont toujours? Sommes-nous encore dans un clivage «démocratie/islamisme», «pouvoir/opposition», régional, civilisationnel ?Sur le plan social, il est bien évident qu’il y a une crise, ne serait-ce qu’au regard des différentes émeutes locales, des différentes grèves, des insatisfactions canalisées dans les revendications salariales. Crise économique? Depuis des années, pour ne pas dire des décennies qu’on parle de relance de l’économie, de conditions à réunir pour une économie de marché productive, de suffisance alimentaire, de performances économiques, nous en sommes encore à relancer le même débat. Crise sécuritaire au regard de l’augmentation de la criminalité et de la survie des groupes armés? La crise sécuritaire est le résultat des trois autres crises. Il sera impossible aux forces de sécurité d’agir pour donner un contenu réel au principe «zéro criminalité», au principe «zéro violence» si, en amont de la violence, les institutions civiles, par leur gestion, continuent, malgré elles, à générer des vocations dans les domaines des incivilités, de la criminalité et de la violence. Quelle crise à la primauté sur les autres ?   Bachir Medjahed