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Colloque sur Ahmed Réda Houhou à Biskra: Une personnalité victime de déni de reconnaissance


Colloque sur Ahmed Réda Houhou à Biskra:  Une personnalité victime de déni de reconnaissance




A l’occasion du 14e colloque consacré à «Biskra à travers l’histoire» l’association Khaldounia a organisé, du 24 au 26 du mois en cours, un colloque national sur la vie et l’œuvre de l’écrivain martyr, Ahmed Réda Houhou.

«Cette personnalité de l’histoire contemporaine algérienne est victime d’une injustice inexplicable de déni de reconnaissance, et son œuvre en faveur du pays est méconnue du grand public. Ahmed Réda Houhou a milité pour la liberté de l’Algérie et défendu son peuple opprimé dès son plus jeune âge. Il est mort dans d’atroces conditions pour avoir défié l’autorité coloniale et nous voulons lui rendre hommage à travers ce colloque qui lui est dédié», a expliqué Abdelmalek Atik Mahmoud, président de l’association Khaldounia, laquelle a convié des historiens, des universitaires et des chercheurs pour aborder pendant trois jours tous les aspects de la vie d’Ahmed Ridha Houhou.

Né en 1910 à Sidi Okba, village situé à 18 km à l’est de Biskra, dans une famille aisée, il était choyé et objet de toutes les attentions.

Son passage par une école coranique et par l’école française fait de lui un parfait bilingue. Il obtient un certificat d’études lui ouvrant la voie d’une carrière dans l’administration des postes. Conséquence d’un conflit entre son père et un notable de la région, sa famille est allée s’établir en 1934 à Médine, en Arabie Saoudite, où il exerce la fonction d’enseignant, après avoir obtenu les diplômes nécessaires. Là, il participe à la rédaction de plusieurs journaux locaux et publie des articles, des essais sur les littératures arabe et française, renouvelant ainsi le genre narratif arabe. Au lendemain des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 Mai 1945, cet intellectuel prônant un discours de raison, pour essayer d’unir les communautés indigène et française, s’établit à Constantine, où les oulémas lui confient la direction d’une école primaire d’éducation religieuse.

Un pionnier du roman arabe en Algérie

En 1947, Ahmed Réda Houhou écrit le premier roman algérien en langue arabe et plusieurs articles pour des journaux de l’époque, dans lesquels il se livre à une critique acerbe de la société algérienne, de la politique, de la religion, du statut rétrograde et inique de la femme et de la condition désastreuse des colonisés.

«Il est considéré comme le premier écrivain algérien à avoir écrit un roman en arabe et à s’être défait du style littéraire et de la rhétorique européens», a-t-il été rappelé.

En 1949, il fonde la troupe théâtrale d’El Mazher, avec laquelle il adaptera des œuvres classiques occidentales en langue arabe. Passionnément engagé pour l’émancipation et mu par une verve intarissable, il signe de nombreux articles et publie des nouvelles au ton satirique et railleur, pour dénoncer les travers de sa société, les injustices générées par le colonialisme et revendiquer la liberté pour l’Algérie.

En 1956, la guerre de libération fait rage. Le FLN exécute à Constantine le commissaire de police Sammarcelli, et une répression aveugle s’abat sur la ville du Vieux Rocher. Comme des dizaines de ses compatriotes, Ahmed Réda Houhou, qui est fiché pour ses écrits subversifs, est arrêté le 29 mars par des militaires français. Il est alors emprisonné, torturé et assassiné dans des circonstances encore obscures.

Après l’indépendance de l’Algérie, son corps est découvert, avec huit autres, dans une fosse commune à Oued Hmimine. Il repose actuellement au cimetière des martyrs d’El Khroub.

Ecrivain, journaliste, dramaturge et intellectuel patriote ayant marqué son temps, Ahmed Réda Houhou a été arraché aux siens et à la vie à l’âge de 47 ans.

Plusieurs établissements, dont la Maison de la culture de Biskra, portent son nom.

«Mais son parcours, ses œuvres et son sacrifice pour le pays sont-ils connus et appréciés des jeunes d’aujourd’hui», se sont interrogés des participants à ce colloque clôturé après l’élaboration de recommandations préconisant, entre autres, d’incorporer les biographies des martyrs de la Révolution nationale dans les manuels scolaires, d’aider les cinéastes à réaliser des documentaires et des fictions sur les personnalités marquantes de l’histoire contemporaine de l’Algérie et de rééditer les œuvres des écrivains disparus pour avoir porté le rêve d’une Algérie libre et indépendante dans leur cœur.


Hafedh Moussaoui

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