Algérie - A la une

Coïncidant avec la finale de la CAN : Les marches populaires dans une ambiance de stade


Les marches populaires et pacifiques qui se sont poursuivies pour le 22ème vendredi consécutif à Alger, se sont déroulées dans une ambiance de stade avec des slogans à la gloire de l'équipe nationale de football. Même si la mobilisation citoyenne n'a pas fléchi en cette journée caniculaire qui boucle le 5ème mois des marches populaires, une bonne partie de ceux qui étaient habitués de se rendre à Alger-Centre pour manifester, ont changé de direction pour se diriger vers le stade du 5-Juillet, situé sur les hauteurs de la capitale où le match sera retransmis en direct sur des écrans géants en présence d'un public record. En ce sens, les premiers supporters avaient commencé à affluer vers le stade du 5-Juillet juste après la prière du vendredi, ont constaté des journalistes de l'APS, le temple du football algérien ayant affiché complet vers 17h30. En même temps et à la place du 1er-Mai, des autobus ont été mis à la disposition des citoyens et des marcheurs pour les transporter au stade du 5-Juillet afin de suivre en public la retransmission de la finale de la CAN-2019. Les manifestants qui sont quand même sortis en masse, semblent toutefois avoir l'esprit au Caire dans la mesure où plusieurs d'entre eux ont arboré le maillot de l'équipe nationale et scandé des slogans que l'on a l'habitude d'entendre dans les stades. Le drapeau algérien est également l'unique emblème soulevé par les manifestants qui ont emprunté l'itinéraire habituel.... Les citoyens réclament le changement radical et saluent les initiatives de dialogue
Des manifestants ont pris part vendredi à des marches pacifiques à travers plusieurs régions du pays pour réclamer de nouveau "un changement radical du système", la "poursuite de lutte contre la corruption" et saluer les "initiatives sérieuses" de dialogue pour la sortie de crise.
En ce 22ème vendredi consécutif de "Hirak", le nombre de manifestants était visiblement nettement inférieur par rapport aux précédentes marches, ont constaté des correspondants de l'APS. A l'ouest du pays, des centaines de personnes, tous âges confondus, ont participé aux marches pacifiques hebdomadaires pour réitérer leurs revendications notamment "le départ de tous les symboles du système", et "la poursuite de lutte contre la corruption". A Oran, comme dans les autres wilayas de l'Ouest, les marcheurs se sont donné rendez-vous dès la fin de la grande prière du vendredi pour battre le pavé des principales artères des chefs-lieux de wilaya avant de se rassembler devant les édifices et places publiques. Les Oranais ont revendiqué le "changement radical du système", "la poursuite de la lutte contre la corruption", "le départ des B restants" (Bensalah et Bedoui) et "la mise en ?uvre des articles 7 et 8 de la Constitution". Les marcheurs qui se sont rassemblés devant le siège de la wilaya ont scandé divers slogans comme "Djazaïr Hora Dimocratiya", "Pour l'élection d'un président démocratiquement". A Mostaganem, les manifestants se sont d'abord rassemblés à la place de l'indépendance au centre-ville avant de prendre la direction du siège de la wilaya pour revenir ensuite devant le siège de l'APC. Portant des dizaines d'emblèmes nationaux et des banderoles portant différentes revendications, les marcheurs ont scandé des slogans appelant à "l'indépendance de la justice". A Tiaret, des dizaines des personnes ont pris part à la marche pacifique réclamant la poursuite de la lutte contre la corruption et réitérant leur attachement à l'unité nationale et à l'unité des rangs scandant "Djeich, châab, khawa khawa". Dans la wilaya de Saïda, les manifestants ont renouvelé leurs revendications relatives à "l'indépendance de la justice" pour "mener à bien la lutte contre la corruption". A Relizane et dans d'autres villes de cette wilaya, les citoyens ont bravé la chaleur dépassant la barre des 40 degrés pour demander la continuité de la lutte contre les corrupteurs et les corrompus et l'urgence d'un "dialogue sérieux" pour sortir de la crise actuelle. Même enthousiasme des marcheurs a été également relevé dans les wilayas de Tissemsilt, Sidi Bel-Abbès et Tlemcen. En outre, des milliers de citoyens ont participé à des marches pacifiques dans les wilayas du centre pour réaffirmer leur détermination à maintenir la mobilisation jusqu'à la satisfaction de leurs revendications politiques à savoir un "changement radical du système de gouvernance", exigeant la "poursuite de la lutte contre la corruption". Les marches qui coïncident avec la finale de la coupe d'Afrique des nations de football devant opposer ce soir (20h00), la sélection algérienne à celle du Sénégal au stade du Caire en Egypte ont été marquées par une ambiance festive créée par les manifestants drapés de l'emblème national, scandant des chants glorifiant l'Algérie et l'équipe nationale et souhaitant la victoire pour Verts.
Malgré des chaleurs insoutenables des hommes, femmes et enfants des wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa, Boumerdès et Bouira ont battu le pavé en scandant les revendications politiques traditionnelles du "Hirak", réitérant leur détermination de provoquer le changement de manière pacifique. Ils ont aussi, réclamé le "respect de la souveraineté populaire", "la libération des détenus d'opinion", et insisté sur leur "attachement à l'unité nationale" et "l'identité algérienne plurielle et millénaire".
A Tizi Ouzou, des manifestants ont déployé 48 drapeaux cousus ensembles. Sur chaque emblème national est mentionné le nom d'une wilaya en commençant par la première Adrar jusqu'à la 48ème Relizane pour dire "une seule Algérie, un seul peuple".
Contrairement à Blida, Tipasa, Chlef et Ain Defla, où la mobilisation a reculé comparativement aux précédents vendredis, à Médéa les manifestants ont été plus nombreux que lors des marches passées, avec une forte participation des femmes.

... Pas d'incidents ou d'interpellation ce vendredi
Ils ont arpenté les principales rues et artères de la capitale dans un climat serein avant de se regrouper au niveau de la Grande-Poste, le Boulevard Amirouche, la rue Hassiba Benbouali et la place Maurice Audin où un dispositif sécuritaire renforcé a été déployé. A noter qu'aucun incident n'a été déploré et aucune interpellation n'a été enregistrée ce vendredi.
Scandant les slogans habituels, les manifestants ont réitéré leur attachement au départ de tous les symboles de l'ancien système, "le changement radical", "la consécration de la justice et de la démocratie", ainsi que " la lutte contre la corruption" et "le jugement de tous ceux qui ont été impliqués dans la dilapidation des deniers publics".
Des manifestants ont pour leur part appelé à "la libération de tous les détenus politiques", et brandi des pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "La souveraineté appartient au peuple", "Les Algériens khawa khawa"(Les Algériens sont frères), au moment où d'autres ont exhorté la société civile et les partis politiques à dégager une plateforme pour aller dans les plus brefs délais à un dialogue inclusif et sans exclusion.
Dans ce sillage, le Forum civil pour le changement (FCPC) avait proposé mercredi dernier une liste de personnalités nationales, d'anciens responsables, des militants des droits de l'Homme, des syndicalistes, des académiciens et des personnalités de la société civile pour mener la médiation et le dialogue.
Réagissant à l'initiative du Forum, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, l'a qualifiée de "pas positif", annonçant que des consultations seront engagées pour la "constitution de ce panel", dont la composition définitive sera annoncée "prochainement".
Le chef de l'Etat "considère qu'il s'agit d'un pas positif dans le sens de la concrétisation de la démarche proposée par l'Etat", a indiqué la présidence de la République dans un communiqué.
La présidence de la République a réaffirmé, dans ce contexte, que "ce dialogue, prôné également par notre armée nationale populaire et sur lequel a insisté à maintes reprises le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major de l'ANP, qui s'est engagé à l'accompagner, reste l'unique moyen pour construire un consensus fécond, le plus large possible, de nature à permettre la réunion des conditions appropriées pour l'organisation, dans les meilleurs délais, de l'élection présidentielle, seule à même de permettre au pays d'engager les réformes dont il a tant besoin".

... Les citoyens saluent unanimement les initiatives de dialogue
A l'est du pays, des marches populaires pacificues ont eu lieu dans plusieurs wilayas pour revendiquer un "changement radical" du système et appeler à un "dialogue mené par des personnalités nationales consensuelles". Ce vendredi a enregistré la mobilisation la plus faible dans les villes de l'Est depuis le 22 février dernier. Des citoyens à Constantine ont investi les principales artères du centre-ville, en petits groupes, brandissant l'emblème national et réitérant leur revendication pour "un changement radical du système politique actuel". "La CAN revient chaque deux ans, le Hirak, une fois dans la vie", "Le Peuple vaincra", lit-t-on aussi sur des pancartes brandies. Depuis la ville de Mila, la foule qui a observé une halte devant le siège de la wilaya a salué le recours au dialogue pour trouver une solution à la crise que vit le pays, "Oui au dialogue, oui pour des personnalités consensuelles pour mener le dialogue", scandait la foule. A Oum El Bouaghi, les citoyens qui ont battu le pavé dans le calme pour réaffirmer leur détermination à continuer leur lutte pacifique, scandant: "Une justice indépendante et une presse libre", "Un Etat de droit" et "non à toute ingérence étrangère dans les affaires internes de l'Algérie".
A Khenchela, la foule qui s'est regroupée devant la cinémathèque du chef-lieu de wilaya a entonné des chants patriotiques et scandé "Djeich chaab Khawa Khawa" (peuple et armée sont frères) et "Partez tous", alors qu'à Skikda, des groupes de manifestants qui ont réinvesti le centre-ville scandaient "Libérez les prisonniers d'opinion", au moment où d'autres sur le même site chantaient, "One, two, three, viva l'Algérie". De la ville d'Annaba, les manifestants ont brandi à la place de la Révolution des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Un dialogue sur la base des revendications du Hirak", "Des nationalistes intègres autour de la table du dialogue" et "Merci Belmadi" (sélectionneur de l'équipe nationale de football), quand à El Tarf, les marcheurs affluant des différents quartiers de la ville ont appelé à "Une transition démocratique et une nouvelle République" à travers l'application des articles 7 et 8 de la Constitution stipulant que "Le peuple est la source de tout pouvoir". Sous les cris "Djazaïr Horra, démocratiya" (Algérie libre et démocratique) et "Silmiya, silmiya" (pacifique, pacifique), les manifestants depuis les villes de Batna, regroupés à la place El Houriya (Liberté), entonnaient des chants patriotiques en appelant à un "dialogue devant aboutir à des élections présidentielles". A Sétif, la population au rendez-vous comme aux vendredis précédents a bravé la canicule pour sillonner les principales artères de la ville, scandant "Oui à des élections chapeautées par des compétences nationales". A Jijel, les citoyens qui ont sillonné les rues du centre-ville ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Le peuple a choisi l'entraîneur, il choisira le président de la République".
Dans les wilayas du Sud, et en raison des fortes chaleurs de l'été, les citoyens attendent habituellement la fin de l'après-midi, après la prière de l'Asr, pour sortir manifester, à travers des marches et des rassemblements, afin d'appeler au changement politique.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)