Algérie - A la une

Chronique d'un partenariat inachevé




Le constructeur coréen vient de réitérer sa position concernant sa présence dans notre pays. Dans un communiqué rendu public, Kia précise que «notre choix, Gloviz, en tant que partenaire est venu après que ce dernier nous a présenté un plan d'affaires pour développer l'industrie automobile en Algérie».Le même document souligne que «cela nous a convaincu de signer un accord pour la fabrication de voitures en Algérie afin de transférer toute la technologie de cette industrie et d'accompagner le futur fournisseur local et les exportations vers d'autres pays».
Kia note, en outre, qu'un accord a été signé avec Aurès Passengers Cars pour la représentation exclusive et l'importation de voitures.
Cette nouvelle sortie de la marque coréenne intervient à la veille de la relance annoncée de l'activité automobile et pour confirmer ses engagements dans le projet de fabrication de véhicules domicilié à Batna.
En effet, la presse et les observateurs avertis avaient mis en avant, dès l'inauguration de la phase SKD du projet, la particularité et l'importance de cet investissement. Une stratégie basée sur une vision intégrant toutes les étapes de fabrication d'une voiture, depuis la matière première, en l'occurrence l'acier, jusqu'au montage final, en passant par l'emboutissage, la soudure, la peinture, etc.
À cela s'ajoute la création d'un tissu de sous-traitant pluridisciplinaire pour la réalisation de toutes les pièces de rechange et autres composants.
Créer l'environnement favorable
Un projet qui avait atteint les 70% de réalisation avant d'être gelé. Dans son agenda initial, il était convenu la sortie de la première voiture en 2019 avec un taux d'intégration de 50% et une montée en cadence devant atteindre les 90% dès l'année 2021 et un prix de vente qui devait connaître entre 30 et 40% de réduction.
En amont de cette initiative, une campagne de sensibilisation menée pour convaincre le conglomérat coréen, Hyundai Group (Kia et Hyundai camions et bus), en vue de l'associer à cet ambitieux projet et l'amener à apporter sa contribution pour le développement d'une industrie automobile en Algérie. D'autant que leur réticence était notoirement établie face à une absence totale d'une main d'?uvre locale qualifiée et d'une filière de sous-traitance en mesure de couvrir les besoins d'une usine automobile.
L'engagement de Gloviz (filiale de Global Group) à assurer rapidement la mise en place d'un environnement favorable a permis, au final, de faire changer d'avis les dirigeants de HMC et préparer leur association à l'initiative. Un délai de quatre années était, dès lors, fixé pour la concrétisation de ce projet structurant, et ce, à travers trois étapes.

Un projet en trois étapes
La première a concerné les préparatifs liés au lancement des travaux du site domicilié dans la capitale des Aurès, Batna, sur une superficie globale de plus de 100 ha. L'activité d'assemblage des kits SKD, initiée précédemment sur un autre site, était mise à profit pour la formation des personnels de différentes spécialités et les préparer à la phase industrielle. Aussi, l'arrivée de la voiture entièrement démontée et la multiplication des stations d'assemblage étaient la meilleure opportunité d'apprentissage pour des centaines d'employés (4 000 au total).
En outre, des protocoles d'accord étaient signés avec les universités Ben Boulaïd et El Hadj Lakhdar de Batna, ainsi que le centre de formation professionnel de la même localité, en vue de créer des filières d'études en adéquation avec le secteur automobile. À charge pour Global Group d'assurer leur perfectionnement pratique au sein de ses différentes usines et même de leur faire bénéficier de stages de formation en Corée du Sud.
Au volet de la sous-traitance, un partenariat a été lancé, en 2017, entre le groupe auréssien, l'Ansej et la Cnac pour la création et l'accompagnement de 1 000 petites et moyennes entreprises qui auront à fabriquer des composants en plastique et accessoires selon les standards internationaux et les normes du constructeur. Pour cela, il était attendu un encadrement de la part de Kia et de ses équipementiers afin de leur assurer une homologation de la production et leur intégration dans le circuit du groupe à l'international.
Picanto à moins d'un million de dinars
La deuxième phase de ce projet ambitieux, et à laquelle avait pleinement adhéré le constructeur coréen, c'était la préparation, dès 2019, de l'entrée en production industrielle en Full CKD. Gloviz avait, en effet, finalisé l'acquisition et l'acheminement sur site d'importants équipements, notamment une presse pour l'emboutissage (fabrication de la carrosserie du véhicule et ses annexes), une «armée» de 40 robots pour la soudure, un atelier automatisé pour la peinture ainsi que la phase de montage final.
Autant d'étapes de production qui permettront d'atteindre un taux d'intégration de l'ordre de 50% et par voie de conséquence une baisse de 40% du prix de la voiture.
Cette seconde étape de l'évolution du projet de Kia en Algérie devait s'accompagner par le début des opérations d'exportation vers l'Afrique et l'Europe, suivant l'accord signé, en 2018, entre les deux parties et en présence du Premier ministre coréen, et constituant une garantie et une caution des produits made in Algeria. À cette étape, le nombre de travailleurs avoisinerait les 10 000 entre emploi direct et indirect et le prix de la citadine Picanto passerait sous la barre psychologique d'un million de dinars.
Un centre pour la recherche et le développement
La troisième phase consoliderait l'entrée en production industrielle effective à partir de 2021. Et elle coïnciderait surtout avec la création d'un centre de recherche et de développement, en partenariat avec le constructeur et devant assurer la formation et la maîtrise des technologies les plus avancées dans l'industrie automobile. Ce centre, animé par des chercheurs algériens en coopération avec des experts coréens, se chargerait de la recherche et du développement autour des techniques de production de véhicules ainsi que de la pièce de rechange.
C'est également la phase d'intégration de la matière première produite localement, à savoir l'acier pour la fabrication des différents éléments de carrosserie et la fonte pour les moteurs et les boîtes de vitesse. Une filiale du groupe, Global Steel Algérie, a été créée pour assurer la production de ces éléments fondamentaux et permettre d'atteindre, ainsi, le taux de 90% et d'assurer l'emploi à 30 000 personnes.
Aujourd'hui, ces importants équipements sont exposés aux effets de la nature et on dénombre déjà des dégâts sur plusieurs éléments de grande sensibilité comme les robots. Un projet ambitieux pour lequel le constructeur coréen semble accorder la plus grande importance.
B. Bellil

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