Algérie - Revue de Presse

BOUMERDÈS TOURNE LE DOS À SES PLAGES




Un bijou abandonné
Il faut rentabiliser cette riche saison estivale et chômer le reste de l’année. Voilà la petite idée que se font les gens du tourisme. L’été est déjà là, la chaleur bombe le torse et les estivants envahissent le moindre coin, crique, plages autorisées ou non à la baignade. Alors que 43 plages ont été recensées le long des 90 km du littoral de la wilaya, seules 18 d’entre elles ont été autorisées à la baignade.C’est que la pollution, et en particulier les multiples égouts qui déversent leurs eaux usées et nauséabondes directement dans la mer, sont toujours là.De Boudouaou El Bahri, à l’est, jusqu’à Dellys à l’ouest, on remarque le surpeuplement de la bande côtière dû au bradage et au trafic du foncier à grande valeur ajoutée.Comme chaque année, les problèmes liés au nettoyage de l’environnement balnéaire, l’ouverture d’accès, et surtout ceux découlant de la concession des plages, ressurgissent au grand jour. Des estivants condamnés, par ailleurs, à subir le diktat des «plagistes» de fortune, les gardiens de parkings, les loueurs de tables, de chaises et parasols et des vendeurs à la sauvette, les buveurs de tango, et le jus de betterave au citron en sachet, et les scènes d’agressions, quand elles s’invitent parfois, finissent d’achever toute idée de se prélasser au bord de mer en famille.Ce n’est pas tout: depuis quelques années, la saison estivale est devenue synonyme d’inflation.Le diktat des «plagistes»Les prix pratiqués au niveau des fast-foods et pizzerias sont inabordables pour la majorité des estivants qui fuient la chaleur torride des agglomérations de l’intérieur. La petite idée, régnant, c’est qu’il faut rentabiliser cette riche saison estivale, et chômer le reste de l’année.Toutefois, s’agit-il d’une saison estivale ou touristique? En fait, ni l’une ni l’autre, constate-t-on à Boumerdès, c’est une saison routinière qui arrive à peine à se débarrasser du spectre de l’insécurité due aux actes terroristes qui se font heureusement de plus en plus rares. 8 millions d’estivants ont été recensés en 2006, 6 millions, l’année suivante.Malgré la régression, cela montre que la soif de vivre a toujours pris le dessus. Une saison estivale catastrophique est un constat alarmant établi par les élus, toutes tendances confondues, lors de récentes sessions de l’APW. Il y a fort à faire dans le domaine pour que la wilaya de Boumerdès arrive à rivaliser avec la wilaya voisine de Béjaïa et prétendre se construire une image de marque, concluent-ils enfin.Les communes côtières, qui disposent d’un maximum de moyens pour commencer à débarrasser la ville de ses ordures avant de se pencher sur le nettoyage des plages, sont réduites à gérer approximativement des kilomètres de côte.Les travaux de pas moins, 11 projets de villages touristiques, et des hôtels censés donner un souffle nouveau au tourisme en hibernation à Boumerdès sont à l’arrêt depuis longtemps.La seule nouveauté apportée, cette année, et qui n’en est pas une, selon les observateurs, c’est qu’une des plages de Zemmouri, ex-Courbet, est retenue par la direction du tourisme comme plage pilote.L’absence d’infrastructures maritimes dans une région réputée pour ses atouts touristiques divers et exceptionnels, est une contradiction sur laquelle, l’on s’est néanmoins penché en mettant sur pied un port de pêche et de plaisance, qui est en cours de réalisation à Cap Djinet, connu pour ses plages splendides. Le tourisme en général et la saison estivale en particulier, sont une affaire d’argent et de tolérance.Outre la valorisation des potentiels naturels et culturels, le challenge est de mettre fin définitivement à la pollution charriée par une nuée d’égouts déversant leurs eaux nauséabondes dans les plages qui appellent la mise en place, d’une part, des stations de relevage et d’autre part, d’épuration.Cet état de fait y est gravé par le manque de civisme de certains citoyens; quant à la prestation de service, c’est une autre histoire. En d’autres termes, l’activité touristique doit être une activité économique au vrai sens du terme et non une activité routinière ou une parenthèse ponctuelle.Le wali de Boumerdès, interpellé par quelques membres de l’APC au sujet des désagréments causés par les débits de boissons alcoolisées situés près du Front de mer, qui plus est, à la veille de la saison estivale, a rétorqué: «Il est clair que je ne délivrerai plus jamais de licence pour l’ouverture de bars, c’est ce que j’ai fait à travers les cinq wilayas où je suis passé et chaque fois que l’occasion m’est offerte, je n’hésiterai pas un seul instant à fermer ceux qui existent déjà.»Absence d’infrastructures hôtelières Voilà une déclaration qui ne fera plaisir qu’aux islamistes même si le wali ne tient pas à leur faire de cadeau à travers ses propos. Cela étant, il serait plus judicieux de mobiliser les atouts possibles pour dynamiser la cadence de réalisation des projets de développement qui se trouvent à la traîne.Cela se passe à la plage dite Le Rocher Noir de Boumerdès. Des grillages et autres barricades sont dressés pour séparer cette plage du Front de mer.Un espace public squatté par les privilégiés et autres affairistes. Pour le premier responsable de la wilaya, cette situation semble minime.Plus loin, de Cap Djinet à Dellys, pas le moindre hôtel pour accueillir les visiteurs espérés, sinon quelques gargotes pour apaiser une fringale soudaine. Du côté des plages, il n’en existe plus une seule de propre depuis très longtemps déjà et leur réhabilitation tarde à venir. Pour faire trempette, les estivants préfèrent les plages du Vieux port, Tala Oueldoun et La Pointe, relativement propres. Celle de Takdemt est livrée, depuis longtemps, aux pillards de sable, agissant impunément au vu et au su de tous. Située à proximité de cette plage, la zone d’expansion touristique est envahie par des bidonvilles.Les autres plages, Lagniwaz et Château Faure, sont situées à la même enseigne. La commune de Dellys plusieurs fois millénaire, avec 40.000 âmes, dispose de moyens dérisoires, pour gérer convenablement cette côte de plus de 10 km. C’est avec un budget de 4 milliards de centimes que cette commune compte gérer et entretenir la ville de Dellys et son environnement.En plus de la pollution, les côtes dellysoises font face également à la surexploitation des agrégats.L’exemple dans la plage des Salines est édifiant car il n’y reste plus un grain de sable. De qualité fine, ce sable est pillé souvent de nuit. A plusieurs encablures de là, Al Khachba et Ansem sont un véritable déversoir des eaux usées et déchets solides.Au-delà de la caserne de la marine, on retrouve la Guinguette polluée aussi par les eaux usées de la Nouvelle ville. Celle-là n’a rien à envier à celles de Sidi Abdelkader, Alghar et Hadjrat Ezzaouch.Enfin, aux dernières nouvelles, on apprend que deux bars ont été fermés au niveau du chef-lieu de wilaya. Et la catastrophe continue.
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