Bon anniversaire, quand même !
Alger s?enguirlande et festoie. Les drapeaux et les oriflammes sont déployés avec force profusion. Dans l?urgence et la précipitation, on la sent presque contrainte de communier dans la ferveur d?un événement hautement symbolique et significatif. L?oukase, décrété en la circonstance, n?admet point de réticence ou de retenue. Il réclame le faste et l?apparat et désire installer la jubilation dans tous les quartiers populaires de la cité, faisant oublier, le temps d?une célébration, la précarité, la pauvreté et l?indigence. L?oubli et l?indifférence fabriqués à coup de déni par les factieux doivent afficher profil bas. L?amnésie est cautérisée. Les discours et les pratiques de l?exclusion auront fait leur ?uvre dans une ville qui a dignement répondu à l?appel du devoir. Elle vit aujourd?hui dans le triste rituel des anniversaires qui se suivent et se ressemblent parce que dénués de leur sève nourricière, privés de leur humus populaire qui les revivifie et fortifie malgré le temps qui passe. Cette soudaine euphorie qui semble saisir les pouvoirs publics et les entraîne dans une espèce de boulimie frénétique et festive sonne comme un aveu de culpabilité, d?atteinte à la mémoire collective. Dans un moment de fulgurance lucide, on tente de réparer le préjudice, de rectifier les erreurs. Mais il y a mieux à faire, imparablement. La ville préserve difficilement le souvenir, affronte laborieusement l?amnésie. L?épopée s?arroge difficilement une maigre place dans notre mémoire. Les plaquettes commémoratives faites d?un marbre douteux et poussiéreux sont tels des fragments épars, rabougris et injuriés par les morsures de l?homme. Le désenchantement qui envahit les c?urs, le dédain affiché à l?égard des quartiers d?Alger, hauts lieux de résistance populaire, demeurent comme des points noirs. Autant y remédier.
Posté Le : 03/11/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com