Algérie - Ali Ben Mohammed Et-Talouty El-Ansary

Biographie d'Ali Ben Mohammed Et-Talouty El-Ansary



C'est le frère utérin de l'imam sidi Mohammed Ben Youçof EsSenoùsi. Voici ce qu'en dit son disciple, le cheikh El-Mallaly :
Le jurisconsulte, le hafidh, l'homme habile, le savant versé dans toutes les branches de la science, le pieux Abou'l-Hacèn, avait une instruction achevée et solide. Il était doué d'une mémoire sûre et savait par coeur le livre d'Ibn El-IIadjib ; il l'avait si bien retenu qu'il le récitait comme s'il avait l'ouvrage sous les yeux. Il est rare de rencontrer son pareil sous le rapport de la mémoire. Il m'a dit avoir enseigné la Riçala à son frère Mohammed Es-Senotisi quand celui-ci était jeune. II fut un des principaux élèves d'El-Hacèn Aberkan. Je ne l'ai jamais vu s'occuper de choses qui ne le regardassent pas ; je l'ai toujours vu, au contraire, soit répétant les louanges de Dieu, soit récitant le Coran ou tout autre livre, soit repassant dans sa mémoire les ouvrages qu'il savait par coeur, tels que : ' la Riçala, Ibn El-Hadjib, le Teshil d'Ibn Malik, et autres traités. Il s'était même imposé la tache de réciter ces ouvrages chaque jour. J'ai étudié sous sa direction le traité d'Ibn El-Hadjib et ai obtenu, à l'occasion de la discussion des questions qu'il renferme, une foule de renseignements utiles et d'éclaircissements. J'ai interrogé le cheikh pour savoir s'il est permis de poser les livres par terre Voici sa réponse : « Notre professeur Et-Hacén Aberkan a dit que, sur ce point, les auteurs modernes, tant tunisiens que bougiotes, ne sont pas d'accord : les uns permettent la chose, les autres la défendent. » Je lui ai demandé aussi sur quoi repose la coutume suivant laquelle on ne se passe jamais les ciseaux de la main à la main, et pourquoi, au contraire, celui qui les passe à un autre les pose préalablement par terre, doù l'autre les ramasse. A cette question, il fit la réponse suivante : « J'ai interrogé là-dessus notre mitre El-Hacèn Aberkan, et il m'a dit : Nous avons vu nos cheikhs agir ainsi, et mous les avons imités. » Puis sidi Ali ajouta : « C'est peut-être une tradition dont l'origine est oubliée. »
Ahmed Baba dit ceci: « Dans son livre intitulé : Les joyaux des deux colliers ou excellence des deux noblesses, le cid Es-Semhoudy (1) cite une raison donnée par l'un de ses professeurs du rite chafiyte, suivant laquelle la coutume dont il s'agit serait condamnée. Consultez cet ouvrage. »
El-Mellaly dit « J'ai demandé au cheikh s'il est permis ou non de faire assis la prière ouitr (2). Il me répondit : « II y a deux avis sur cette question : suivant l'un, la chose est permise, suivant l'autre, elle est défendue. »
Son frère sidi Mohammed Es-Senoùsi a dit à ce propos :
« Il faut conclure de ce passage de la Modawana : dans ceux des voyages où il est permis d'écourter la prière, le fidèle peut la faire sur sa monture, quelle que soit la direction que prenne celte monture (c'est-à-dire sans tenir compte de la qibla), que le voyageur peut faire la prière ouitr accroupi sur le sol ; car, s'il est permis au voyageur priant, assis sur sa monture, d'assimiler (sous le rapport de la posture) la prière ouitr à la prière surérogatoire (qui se fait assis), il doit lui être également permis de faire la prière ouitr assis par terre. » Cette opinion me parait excellente. »
Ahmed Baba ajoute : « Celle remarque avait déjà été faite par Ibn Nadji dans son commentaire de la Modawana; voyez-la. Au surplus, Dieu sait mieux que personne ce qu'il en est. Je reprends maintenant le récit d'El-Mellaly : « J'ai vu, dit-il, un autographe du cheik dans lequel il rapporte, d'après certain personnage pieux et vertueux, que celui qui, arrivé en un lieu où il fait halte, réunit ses bagages et trace autour d'eux, sur le sol, un cercle en se tenant dans l'intérieur du cercle et en disant trois fois les mots suivants : « Allah, Allah, Allah, je ne lui associe aucun autre dieu », n'a rien à craindre, ni des voleurs, ni de ses ennemis, ni de qui que ce soit, car ses bagages et lui sont sous la garde de Dieu. L'efficacité de ce talisman est prouvée par l'expérience.
« Le cheikh était un lecteur assidu du livre intitulé : Négligence et avertissement, dont l'auteur est sidi Mohammed EI-Hawary; il le lisait chaque jour. J'ai lu, écrites de sa main, les paroles suivantes: Sidi Mohammed El-Hawary garantit à tous ceux qui liront assidûment son Sehou (Négligence) qu'ils auront toujours de quoi manger, boire et se vétir; il leur promet, en outre, le bonheur dans ce monde et dans l'autre. C'est ce qu'il dit expressément dans l'avertissement où il proclame l'excellence de son livre intitulé : Négligence. Nous avons aussi entendu dire cela à sidi Ibrahim Et-Tazy. Nous avons vu celui-ci lire des yeux le Sehou, d'un bout à l'autre, plusieurs fois par jour; il faisait cette pieuse lecture pour s'attirer les bénédictions qui y sont attachées. »
« Voici ce que sidi Ali Et-Talouty a dit encore : « L'auteur du Sehou a composé ce livre pour les enfants ; il ne s'est pas préoccupé de la mesure dans les vers, ni des règles de la grammaire. Gardez-vous donc bien de le critiquer. Méditez ce livre et lisez-le, vous en retirerez avantage et profit. Telles sont les paroles que nous avons entendu prononcer par sidi Ibrahim Et-Tazy. »
Sidi Ali El-Talouty, qui est l'objet de cette notice, mourut pendant le mois de Safar de l'an 895 (la date exacte est : 5 Safar correspondant au 29 décembre 1489) . Peu de temps avant la mort de son frère, le cheikh Es-Senousi avait vu en songe une maison magnifique, remplie de tapis précieux : « (c'est là, lui dit une voix, que ton frère entrera en nouveau marié. »
(Extrait des Notes d'El Mellaly) (3).

Notes

1 Cet ouvrage d'Es-Semhoudy est mentionné dans Hadji Khalfa, tome II, pages 643, 644, n° 4,284.
« Abou'l-Hacen Ali Nour-Eddin Es-Samhoudi, l'historien de la ville de Médine, naquit sur les bords du Nil supérieur, à Sernhoud, gros village de la Haute-Egypte. Il alla étudier au Caire, puis partit pour le pèlerinage et n'en revint plus, car il
s'établit à demeure à Médine en 1165 et y professa dans une des principales écoles. Il prit sur lui de déblayer la grande mosquée, détruite par l'incendie en 1256, de ses décombres et de ses cendres, et n'eut pas de cesse qu'il n'entretint une correspondance active avec les princes de Bagdad et du Caire pour obtenir leurs subsides, jusqu'à ce qu'il eut persuadé au sultan d'Egypte Qaïtbaï, en 1471, de lui fournir les moyens de reconstruire le monument détruit. Ce sultan vint lui-même visiter Médine en 1479; Sarnhoudi eut un entretien avec lui, dont le principal résultat fut d'interdire aux habitants de faire le commerce de prétendues reliques du Prophète. Pendant qu'il était à la Mecque, en 1481, la mosquée de Médine prit feu de nouveau et entrai na dans sa ruine la maison de l'historien et sa bibliothèque de trois cents volumes. Il profita des travaux de reconstruction pour aller, après une absence de seize ans, revoir sa vieille mère à Samhoûd ; celle-ci mourut au bout de dix jours après le retour de son fils, qui reprit le chemin de Médine, eu emportant une niasse de livres que le sultan lui avait donnés pour reconstituer sa bibliothèque. Nommé cheikh-el-islam dans la ville du Prophète, il y mourut en 1505. Il avait perdu, dans l'incendie de sa maison, le manuscrit inachevé d'une grande histoire de Médine qu'il projetait et qui aurait contenu tout ce qui avait été écrit sur ce sujet jusqu'alors; mais il en avait fait, à la demande d'un grand person¬nage, un extrait bien rangé en ordre, qu'il avait emporté avec lui à la Mecque. C'est là que Wüstenfeld a pris les documents sur l'histoire de Médine qu'il a publiés à Goettingue. Une édition encore plus abrégée, intitulée KhoMçal et-Wéfa, a été imprimée à Boulaq. » (Cl. Huart, Litté¬rature arabe, p. 366, 367).
2 La prière ouitr (impair) qui est d'obligation canonique, mais non de précepte divin, se fait dans le troisième tiers de la nuit et toujours avant le point du jour; elle se compose d'un couple de reka'a et d'un reka'a unique; Le reka'a unique doit suivre immédiatement le couple, mais en le séparant de celui-ci par un salut de paix, excepté dans le cas où l'on prie sous la direction d'un imam qui réunirait le couple et l'unique, et n'en marquerait pas la séparation par un salut de paix. Alors on est obligé d'imiter l'imam.
Voyez, pour la prière ouitr, Précis de Jurisprudence musulmane par sidi Khelil, traduction du Dr Perron, tome I, p. 191-195, 530, 537; et, pour la prière en voyage, tome I, p. 230 et suivantes.
3 Cette notice biographique est extraite du Neïl el-ibtihadj, p. 202, 203.



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