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Bibliothèque Assia-Djebar de Tipasa : Yamna Bhiri raconte la société chercheloise de 1858/1873 à travers les archives



Bibliothèque Assia-Djebar de Tipasa : Yamna Bhiri raconte la société chercheloise de 1858/1873 à travers les archives
La bibliothèque Assia Djebar de la wilaya de Tipasa a reçu, dans le cadre des activités du club des lecteurs, l’universitaire Yamna Bhiri qui a donné une conférence sur son premier livre, en réalité la thèse de son magister, sur «l’histoire de la société chercheloise d’après les archives de 1858 à 1873», une mine d’informations et des recherches à vulgariser.
Cet ouvrage est, en fait, le résultat de ses dix années de recherche sur la société chercheloise durant une partie du 19e siècle, à savoir de 1858 à 1873, en se basant sur les archives du défunt notaire Sahraoui Mohamed Tahar, et des consultations de documents des centres d’archives algériens, espagnols et turques et autres travaux d’historiens, à l’image de Mahfoud Keddache et d’archéologues qui ont travaillé sur la région de Cherchell et de Tipasa dont Mounir Bouchenaki, Raymond André, Philippe Leveau, Nacéra Benssedik et Stéphane Gsell.
La recherche, publiée dans ce livre de plus de 300 pages qui s’est basée essentiellement sur les archives des tribunaux islamiques, raconte l’histoire des Cherchellois durant la période du 19e siècle qui donne des éléments intéressants sur la sociologique, les traditions, les us et coutumes des populations qui sont toutes consignées dans les archives et qu’il suffit d’aller consulter, étudier et analyser pour les faire parler, dira l’oratrice.
Les archives, qui enregistrent et contiennent tous les actes de la vie quotidienne (mariage, divorce, commerce, héritage et autres transactions entre les personnes et les familles de l’époque), sont une mine d’informations et de détails à exploiter et qui ont servi de matériau de base de travail à la chercheuse.
Un livre, très instructif, qui a permis de décortiquer la société chercheloise de l’époque ou la ville était composée de treize tribus regroupant 526 familles vivant dans des quartiers divers par leurs spécificités économiques. L’artisanat était la principale activité des femmes qui s’adonnaient notamment à la confection de tapis et à la broderie (dont la fameuse Chbika), des activités encore présentes de nos jours et qui font la particularité de la ville. L’universitaire, grâce à un travail de fourmi, a épluché les actes administratifs et judiciaires établis par les cadis qui rapportaient dans leurs registres une multitude de détails sur les personnes et les familles de Cherchell, en inscrivant les transactions détaillées sur le commerce, le mariage, le divorce, l’héritage, autrement dit tous les événements qui rythmaient le quotidien de la ville. Les affiliations des familles chercheloises sont aussi détaillées dans l’ouvrage ainsi que la situation de la femme dans la famille, la vie économique est décrite à travers l’activité dans les secteurs de l’agriculture, la pêche, la construction navale, l’artisanat, le commerce, le travail des bijoux, des meubles, l’habitat, l’architecture...
Toutes les informations rapportées renseignent sur la vie des populations durant ce laps de temps étudié depuis l’arrivée des Ottomans jusqu’à celle des Français dont les archives et autres documents peuvent être manipulés, voire tronqués alors que les actes enregistrés sont très détaillés et peuvent constituer une source d’informations fiables.
C’est une étude socio-économique précieuse que cette recherche qui parle de la vie, aussi bien des petites gens que des familles aristocratiques, tout en donnant des informations et des indications géographiques, architecturales et sociologiques intéressantes qui explique la vie et l’organisation sociale dans la cité de Cherchell d’antan et après l’arrivée des Andalous qui ont laissé leur parler et leur accent typique dans la ville jusqu’à nos jours.
La recherche mériterait d’être approfondie pour dépasser la période choisie, à savoir 1858/ 1873, qui correspond aux documents laissées par le notaire sahraoui qui les a confiés par la suite à la wilaya de Tipasa qui les conserve dans son service d’archives.
Le professeur Tlemçani Benyoucef, qui a dirigé la recherche de Yamna Bhiri, tout en se félicitant des efforts faits dans ce travail étant donné l’état des archives qui ont besoin d’une restauration, incitera les étudiants à aller de l’avant dans ce genre de recherches voire même d’élargir le champ d’écriture de l’histoire locale et sortir de sa région pour aller fouiner ailleurs à la découverte de trésors à explorer.
La discussion qui a suivi la présentation d’un résumé de l’étude a permis, encore une fois, d’aborder la question de l’écriture de l’histoire, un vaste champ à explorer et défricher pour sortir des chantiers battus et donner une version algérienne de plusieurs pans de notre passé culturel, sociologique, économique et politique. Pour de nombreux intervenants, la préservation des archives demeure, incontestablement, une forme de résistance contre l’oubli et la disparition des traces du passé d’une nation. Krimi Khadidja, une enseignante universitaire auteure de deux ouvrages sur la région dont «l’impact colonial sur les Béni Menasser de 1830 à 1872» et «L’impact de la colonisation sur les douars communes des Béni Menasser et des Issers», est intervenue, elle aussi, pour rappeler combien ces recherches sont nécessaires et utiles pour donner une autre version des faits tout en veillant à préserver la mémoire qui se trouve consignée dans les archives qu’il faut exploiter.
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