Algérie - Revue de Presse

Cherche réformes désespérément Une politique d?« apaisement » semble prendre corps, à l?initiative du président de la République, dont on attend qu?elle s?étende rapidement à la presse indépendante, notamment par la libération des journalistes emprisonnés. La « normalisation » des rapports entre le chef de l?Etat et l?Armée s?inscrirait dans cette « dynamique nouvelle » rendue nécessaire par l?ampleur des dégâts enregistrés durant la campagne électorale précédente. Si une partie de l?opposition reste sceptique et parle de ruse présidentielle, l?autre prend acte des intentions de « changement » et attend des gestes forts, notamment ceux conduisant au déverouillage du jeu politique. Ce dernier reste toujours sous la mainmise de l?Exécutif qui restreint les activités de l?opposition par le biais du texte portant « état d?urgence » et maintient les interdictions de création des partis. La démonopolisation du champ audiovisuel public n?est toujours pas annoncée, ce qui laisse à penser que des enseignements n?ont pas encore été tirés de la période électorale passée qui avait vu se manifester une scandaleuse instrumentalisation de la télévision gouvernementale. Les libertés sont généralement maintenues à l?état précaire dans le pays, spécialement au niveau local, où le poids des féodalités reste lourd. A l?extérieur, l?Algérie reste mal regardée sur la question des droits de l?homme, et les intérêts manifestés çà et là à son égard cachent mal de féroces appétits commerciaux. Toutes ces pesanteurs politiques influent directement sur la sphère économique. Le pays n?arrive pas à sortir la tête de l?eau en dépit de l?atout exceptionnel que lui confèrent ses revenus - énormes - tirés de l?exportation des hydrocarbures. Les déséquilibres structurels anciens pèsent encore lourdement sur une économie d?une extrême fragilité, et les quelques progrès enregistrés çà et là ces dernières années sont loin d?introduire de la performance, même sectorielle, excepté dans le domaine spécifique de la production d?hydrocarbures. L?unique réforme lancée fut l?injection de capitaux publics dans le tissu économique existant (Plan de soutien à la relance économique et PNDRA), mais les résultats furent mitigés, car celui-ci avait d?abord besoin d?être remanié en profondeur. Aucun des grands dossiers urgents n?a encore été ouvert : privatisations, foncier, banques, immobilier, grands chantiers, chômage, protection sociale, justice, climat d?investissement, etc. La conséquence la plus directe du maintien du statu quo est l?aggravation de la pauvreté et de la misère au sein d?une population frappée de plein fouet par l?introduction sauvage des lois du marché qui ont accru démesurément l?informel et l?illicite. L?étalage de richesses mal acquises n?arrête pas d?exacerber les frustrations sociales des citoyens, dont la rue reste de plus en plus le moyen d?expression privilégié du fait de l?absence de courroie de transmission et du manque de crédibilité de l?Etat. Le recours à la répression est devenu quasi systématique, traduction de l?impossibilité d?offrir aux citoyens des alternatives crédibles. L?arrivée de Bouteflika en 1999 avait suscité l?espoir d?un nouveau cycle de changements en profondeur et d?un coup de pied dans la termitière que rendait nécessaire et urgente la situation désastreuse de l?après-terrorisme. Mais le premier mandat présidentiel ne fut pas celui de la rupture. Les chefs de gouvernement successifs furent astreints à gérer le fonctionnement d?un secteur public économique hypertrophié, budgétivore et totalement déstructuré, tout en subissant les retombées de l?ouverture anarchique du commerce extérieur. Les institutions étatiques et les Assemblées élues, principalement la justice et l?Assemblée nationale, furent dépossédées de leur statut de contre-pouvoir. Constitutionnellement à l?ombre du président de la République, le chef du gouvernement s?est vu contraint à une gestion accessoire de la chose publique sans grand impact sur la marche générale du pays. Fusible idéal en temps de crise afin que soit « préservé » le chef de l?Etat, le Premier ministre gère, mais ne décide pas. Passés à la trappe durant le premier mandat de Bouteflika, Benbitour et Benflis ont vécu à leurs détriments les aléas de ce poste. Plusieurs de leurs prédécesseurs, y compris au temps de Chadli Bendjedid, ont subi le même sort. Seul Hamrouche a bénéficié au début de la décennie 1990 d?une certaine marge de man?uvre qu?il a mise à profit pour lancer un train de réformes économiques et institutionnelles. Mais ce fut une parenthèse exceptionnelle dictée par la conjoncture : Chadli était acculé à reformer le système pour calmer une population gagnée par la révolte et sauver son régime. C?était malgré tout un moment fort de changement, ce que l?Algérie cherche désespérément aujourd?hui de Bouteflika. 


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