Algérie - A la une

Avis de tempête sociale !



La crise sanitaire a été éprouvante pour l'économie nationale déjà enfoncée dans une crise structurelle abyssale. Les conséquences sociales commencent à se manifester comme le montrent les mouvements de contestation un peu partout dans le pays. Le contexte appelle à un changement de cap radical.L'Algérie connaît ces derniers mois une montée de la contestation sociale qui a investi différents secteurs d'activité et régions du pays.
Fonctionnaires, notamment de l'éducation nationale, de la santé et du commerce, travailleurs du secteur économique, chômeurs, populations des zones enclavées, citoyens en colère contre leur exclusion des listes des bénéficiaires de logements... la liste des catégories sociales touchées par le vent de la contestation s'amplifie de jour en jour.
Depuis quelques semaines, en effet, la colère sociale, jusque-là latente, notamment à cause de la pandémie de Covid-19, commence à s'exprimer au grand jour. Le gouvernement, lui, tente de gérer chaque crise séparément. Alors que le pays et le monde sont occupés à gérer la pandémie de Covid-19 et célébrer les fêtes de fin d'année, des dizaines d'employés d'entreprises publiques, de fonctionnaires et d'autres citoyens protestent contre leurs conditions de travail et de vie.
C'est le cas de travailleurs de plusieurs entreprises publiques. Touchées de plein fouet par la crise économique que vit le pays depuis plusieurs mois, beaucoup d'entreprises relevant du secteur public n'arrivent plus à faire face aux charges les plus élémentaires, à commencer par les salaires. Une situation intenable pour des centaines de travailleurs qui ont manifesté leur colère.
Le cas de l'Entreprise nationale des industries de l'électroménager (Eniem) de Oued Aïssi est emblématique. Cette entreprise vit une situation inextricable depuis de longues années. La société s'est enfoncée dans une crise structurelle qui a fini par pousser ses 1 700 travailleurs à sortir dans la rue. Malgré l'intervention du ministère de l'Industrie, les travailleurs ne décolèrent pas. Ils continuent de refuser la reprise du travail proposée par la direction.
L'Entreprise nationale des industries électroniques (Enie) de Sidi Bel-Abbès, celle des Matériels de gerbage et de manutention (German) de Constantine ou de l'Entreprise nationale des détergents (Enad) de Sour El-Ghozlane connaissent, elles aussi, des mouvements de protestation qui durent depuis des semaines. La Fonction publique n'est pas en reste. Plusieurs secteurs connaissent des mouvements de protestation.
Les travailleurs des Inspections du travail, ceux des Directions du commerce ont débrayé durant plusieurs jours. Ils réclament un régime indemnitaire qui préserve leur dignité et leur indépendance.
Ce sont quasiment les mêmes revendications des inspecteurs qui travaillent pour les Directions du commerce qui, eux aussi, réclament des indemnités conséquentes pour leur travail sur le terrain. Ils s'insurgent sur le "deux poids, deux mesures" de l'Etat qui attribue, par exemple, une prime relative aux amendes imposées aux commerçants indélicats à certaines catégories de fonctionnaires, mais pas pour eux.
La colère gagne également des directeurs des CEM et d'autres fonctionnaires de l'éducation nationale. La crise est contenue surtout que pour l'instant, les enseignants préfèrent se concentrer sur le volet pédagogique. Mais des appels à la reprise de la contestation sont régulièrement lancés. Les fonctionnaires qui exercent dans le cadre du dispositif de l'insertion sociale (DAIS) sont également en colère.
Ils sont près de 240 000 à travailler pour des salaires de misère de 5 400 DA par mois. Une situation qui dure pour beaucoup d'entre eux depuis parfois une vingtaine d'années.Certains ont été permanisés ou intégrés dans des postes stables. Mais d'autres travaillent toujours dans des conditions indécentes comme c'est le cas pour d'autres travailleurs recrutés dans le cadre des dispositifs d'insertion professionnelle ou de contrats aidés.
Dans d'autres régions du pays, ce sont les chômeurs qui manifestent de manière quasi quotidienne comme c'était le cas hier à Ouargla ou la semaine dernière à Tamanrasset. Autant de foyers de tension sociale que le gouvernement est appelé à désamorcer.

Ali BOUKHLEF



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