Algérie - A la une

Allez-y tout doucement Messieurs !



Nous vivons déjà un air de campagne électorale. De charges électriques commencent à lancer leurs flammèches. Chacun des acteurs en lice essaye de brandir une sensation d'apeurer l'autre ou l'autre de le dissuader de le faire. Ne sommes-nous pas dans l'obligation d'agir, chacun selon ses convictions, ses positions dans le strict respect de celles des autres ' N'est-il pas de l'apanage d'une bonne démocratie de laisser l'avis s'éclore là où son contraire fait également surface ' A ce titre l'un des plus fondamentaux droits humains et naturels reste ce cri souhaité, lancé à sa naissance, attestant sa viabilité, par un nouveau-né, futur candidat, électeur, gouverneur ou enfin simple citoyen ' Lorsque le peuple voulait son indépendance, il l'a eue. Lorsqu'il persiste à vouloir sa liberté, il tergiverse et lui fait-on prendre la sécurité comme une antinomie. La liberté est indissociable de la sécurité. Il ne peut y avoir nulle liberté dans des garanties sécuritaires. Les deux sont des produits sociaux très chers qu'il faudrait chérir davantage. Penser à sauvegarder des libertés individuelles et collectives dans un pays où il était interdit de penser à contre-courant du pouvoir est en soi un combat continuel. Au souvenir frustrant qu'en ces temps là, la liberté se confinait, exclusivement, dans un pack d'importation ou s'assimilait à un produit impérialiste. Ayant dépassé les premiers balbutiements libertaires, la passion de les accentuer s'était aiguisée, au fur et à mesure de l'évolution de la lutte pour le pouvoir. La liberté de ce jour ne peut se limiter à une simple expression sans écho. Elle est multiple et plurielle. En quoi une banderole, un slogan, un sit-in puisse-t-il embarrasser des niveaux supérieurs 'La consécration des libertés est une entité totale. L'exclusion, l'exil forcé ou le refuge dans le silence ne doivent pas s'élever comme ritournelle à une opposition en mal d'ancrage sociétal. L'on n'a jamais vu un Français ou un Américain affichant nettement son opposition au pouvoir, agir à partir d'un Etat étranger. Il le fait de chez lui, avec les siens et sans « la main étrangère ». C'est cette fermeture d'espace expressif, voulue par certains cercles zélés et encore, parfois, loin du pouvoir en place, qui fait, malheureusement, exacerber les haines, attiser les colères et fait perdre tout le raisonnement nécessaire. Quand un président, candidat dit assurer la liberté à tous et l'un des auto-porte-voix, croyant agir en son nom, d'entre ministres, chefs de partis ou simples rabatteurs, il faudrait bien sonner le glas. Il faudrait bien frotter ses yeux pour pouvoir distinguer la sincérité de la comédie, la loyauté de l'esbroufe.
Renforcer la liberté est un attribut d'un Etat fort qui ne craint pas de sévir là où celle-ci est menacée. La rétrécir par contre, en avoir la trouille à fleur de peau ou en être frétillant ne sera qu'une résistance précaire face à un besoin instinctif et biologique. Car l'histoire qui devra se faire aura à retenir ce rétrécissement comme une honte à dégueuler le jour du bris de chaînes. Que de pans historiques dans l'évolution des pays n'aient pas eu à rougir de certains hommes ayant, pour raison de survie, escamoté les libertés populaires. Laisser-faire dans la règle, laisser-dire dans l'éthique, canaliser le tout dans un contrat social agréé, sont loin des actions tendant à gadgétiser la démocratie par des libertés à menu fretin. Il est vrai qu'à chaque élection, tant l'intérêt que la convoitise du pouvoir font monter d'un cran le délire fiévreux ; l'on se dit que toutes les man?uvres possibles sont utiles. La propagande, la désinformation et l'intox apparaissent chez leurs initiateurs, de tout bord, je dis de tout bord, comme des éléments stratégiques. Ainsi le bon sens jugera qu'il ne peut y avoir de place ni pour les menaces, ni pour la peur ni pour les intimidations. Referez-vous Messieurs à la loi et allez-y tout doucement. L'Algérie est dans le besoin de tous les avis, dans toute leurs pluralité et diversité.



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