Algérie - Phoeniciculture

Algérie - Palmier-dattier: Les produits dérivés en mal de certification



Algérie - Palmier-dattier: Les produits dérivés en mal de certification
Le Salon international de la datte de Biskra (Sidab) de cette année a été une rencontre fructueuse et fort impressionnante. Plus de 4000 visiteurs venus de tout le pays et de l’étranger, dont des ambassadeurs et des représentants consulaires de France, Italie, Turquie, Tunisie, Sénégal, Iran, Arabie Saoudite, Indonésie, Inde et Corée du Sud ont fait une halte au Sidab 2017 et pour la plupart sont repartis enchantés.

Plus de 18 millions de stipes sont répertoriés en Algérie qui produiront, selon les estimations pour cette saison, 1,1 million de tonnes de dattes, dont seulement quelque 5% seront exportés à l’état brut vers des marchés traditionnels. Les dattes algériennes se retrouvent essentiellement en France, en Belgique, en Russie et dans des pays du Moyen-Orient, très souvent sous des labels et des appellations autres qu’algériennes, se plaint-on.

Manne divine pour les uns, fruit d’un savoir-faire ancestral des agriculteurs du Sud pour les autres, le palmier-dattier et ses produits dérivés, en plus des dattes, ont été à l’honneur de la 3e édition du Salon international de la datte de Biskra (Sidab), qui s’est tenu du 2 au 4 décembre à Biskra.

Organisée par la CCI des Ziban à l’Ecole régionale des sports olympiques, cette manifestation annuelle visant à promouvoir les dattes algériennes et les produits dérivés du palmier-dattier a réuni tous les intervenants dans la filière ; producteurs de dattes, conditionneurs, transformateurs, exportateurs, fabricants de matériels et d’équipements industriels, artisans et organismes de soutien à l’exportation des dattes et d’assurance pour les fellahs et les négociants.

Des éleveurs d’ovins et de camelins, des apiculteurs, des producteurs de figues de Béjaïa, autre produit du terroir, des tisserands de vêtements traditionnels et des cultivateurs de produits maraîchers y ont été associés pour le grand bonheur des visiteurs éberlués par les fruits et les légumes présentés à Biskra laquelle a, une fois de plus, affirmé sa vocation de pôle agricole d’excellence.

Attentes

De l’avis de tous, le Sidab de cette année a été une rencontre fructueuse et fort impressionnante. Plus de 4000 visiteurs venus de tous le pays et de l’étranger, dont des ambassadeurs et des représentants consulaires de France, Italie, Turquie, Tunisie, Sénégal, Iran, Arabie Saoudite, Indonésie, Inde et Corée du Sud ont fait une halte au Sidab 2017 et, pour la plupart, sont repartis enchantés non seulement par l’accueil chaleureux, le climat ambiant et l’organisation générale mais aussi par la qualité des produits exposés et des activités proposées en parallèle, telles que les représentations folkloriques, les séances de dégustation de dattes et de produits préparés à base de celles-ci.

Des interprètes et des traductrices du Centre d’apprentissage des langues étrangères (CEIL) de l’université Mohamed Khider de Biskra ont même été recrutés par les organisateurs pour le confort linguistique des visiteurs étrangers.

Une attention fort bien appréciée par les étrangers, souligne-t-on. Succès retentissant pour cette édition du Sidab ? Certainement que oui, au vu des réactions et des témoignages recueillis sur place et de la satisfaction exprimée par Abdelkader Bouazgui, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, accompagné de Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce, lesquels en avaient conjointement, avec Ahmed Kerroum, wali de Biskra, a donné le coup d’envoi.

«Les dattes et les produits en dérivant exposés à ce salon feraient le bonheur de tout consommateur dans le monde entier. J’ai été agréablement surpris de voir la qualité des dattes algériennes et notamment la fameuse Deglet Nour dont on vante partout les caractéristiques. Je ne savais pas que les artisans algériens du Sud produisaient autant de produits issus du palmier-dattier. L’Algérie mériterait une place sur le podium des pays phœnicicoles mais elle doit s’extirper des marchés ethniques pour proposer des produits certifiés et de large consommation», a confié un diplomate européen en visite à Biskra.

Cependant, ce florilège de satisfecit ne doit pas obnubiler les sens et donner le prétexte à dormir sur les lauriers, car les difficultés, les embûches et les obstacles auxquels sont confrontés les phoeniciculteurs, les artisans et industriels transformateurs, ainsi que les exportateurs de dattes algériens font légion, fait-on remarquer.

Ceux-ci ont des attentes légitimes et sensées pour hisser la production agricole nationale et particulièrement la phœniciculture algérienne au rang qui devrait être le sien. L’Algérie est le 8e producteur de dattes au monde et ses produits dérivés sont pratiquement inconnus, introuvables sur les marchés internationaux, rapporte-t-on.

La Deglet Nour, prisée des consommateurs, ne représente que 20% de la production. Alors que les produits dérivés des dattes et du palmier-dattier pourraient constituer une plus-value des plus intéressantes et ouvrir la voie à des centaines de chercheurs d’emplois. «Le secteur de la transformation des dattes demeure au stade embryonnaire et discrétionnaire et ce savoir-faire familial et ancestral est cantonné à sa forme primitive», reconnaît-on.

Abandonné à son triste sort pendant des années et ayant repris vie à la faveur du PNDRA, initié par le président Abdelaziz Bouteflika, un plan incluant une panoplie de mesures d’accompagnement technique et de facilitations à l’accès aux terres agricoles et de soutiens financiers en faveur des travailleurs de la terre, le secteur de la phœniciculture, dégageant des milliards de bénéfices, attire désormais une multitude d’intervenants, d’intermédiaires et de spéculateurs faisant augmenter les prix des produits agricoles et des dattes. En 2015, tout le monde se rappelle qu’un kilo de dattes coûtait de 1000 à 1400 Da à Alger, alors que, à titre d’exemple, les producteurs de Biskra les cédait à 250 où 300 DA le kg.

De grandes quantités de dattes étaient illégalement exportées vers des pays limitrophes et d’autres étaient injectées dans le circuit du troc avec des pays subsahariens. «Nous sommes confrontés à l’anarchie dans le secteur de la commercialisation des dattes. La contrebande y fait des ravages. Une multitude d’intermédiaires et de commerçants Occasionnels, alléchés par les bénéfices, y font la pluie et le beau temps.

Il faut réorganiser la filière, en éliminant les parasites faisant tout et n’importe quoi, et laisser les professionnels s’investir pleinement dans le créneau du conditionnement et de l’exportation des dattes», affirme Youcef Ghemri, président de l’Association interprofessionnelle des conditionneurs et exportateurs de dattes et PDG de la Sudaco, unique entreprise publique d’Algérie activant dans le secteur de l’exportation des dattes.

«Nous avons de grosses difficultés pour accéder aux fonciers agricoles et industriels afin d’augmenter la surface des palmeraies et construire des unités de conditionnement et de stockage aux normes internationales», ajoute le représentant d’une entreprise de production, de conditionnement et d’exportation des dattes très connue de Tolga, commune dont les dattes sont appréciées par les consommateurs du monde entier. «Ce qui me décourage et me gène le plus, c’est le manque de main-d’œuvre qualifiée et pérenne.

Nous offrons de bonnes conditions de travail et des salaires intéressants, mais les jeunes se désintéressent totalement du travail dans les palmeraies et dans les unités de triage et de conditionnement des dattes», se plaint un autre investisseur de Bouchagroune.

Bio

Quelle famille du Sud ne connaît pas le suc (rob), la farine (rouina) où la pâte (ajina) issus de la transformation des dattes ? Ces produits sont respectivement utilisés comme fortifiants et médicaments pour les petits déjeuners, en guise de «Corn Flakes», et pour confectionner de succulentes pâtisseries diététiques. Les connaisseurs vous diront que ces produits sont biologiques, excellent pour la santé vu leurs teneurs en fibre et en vitamines et qu’ils ont des qualités gustatives incomparables.

On n’y ajoute aucun colorant, édulcorant ou conservateur chimique. Au Sidab 2017, les artisans transformateurs venus en force pour présenter le fruit de leurs savoir-faire en ont écoulé d’importantes quantités. Interrogés, ils aspirent tous à développer leurs productions et à appliquer les processus de fabrication à un niveau industriel voire, dans un premier temps, semi-industriel et à faire certifier et labelliser leurs produits afin de pouvoir les exporter au même titre que les dattes.

«Mais cette ambition est trop difficile à réaliser car elle nécessite de lourds investissements, un accès au foncier industriel à des prix étudiés, la disponibilité d’ingénieurs, de techniciens et d’une main-d’œuvre spécialisés en production de denrées agroalimentaires et un long et dure combat contre l’ ‘‘hydre’’ administratif», soulignent-ils à l’unisson. «Il y a un fonds national pour aider les artisans à développer leurs activités et entreprises, mais il a été gelé il y a quelques années, puis réactiver mais sans dotation.

Les artisans doivent trouver un investisseur et créer des sociétés, puiser dans leurs fonds propres et ils sont tous de condition modeste, ou recourir aux services de l’Ansej ou de l’Angem pour espérer que leurs activités prennent les allures d’une manufacture moderne ou d’une PME produisant tout au long de l’année et dotée de toutes les caractéristiques normatives en termes de conditions de travail, de production certifiée et de respect de l’environnement», a commenté Youcef Si Labdi, directeur de la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAM) de Biskra.

Ainsi, les potentialités du palmier-dattier et de l’agriculture algérienne et les ambitions des acteurs de la filière agroalimentaire s’entremêlent et se nourrissent l’une l’autre. Il reste juste à trouver les bonnes formules et les mesures idoines pour redonner l’allant, le dynamisme et le lustre à la phœniciculture et à l’agriculture algériennes qui constituent le créneau et le secteur du futur. Le Sibad 2017 l’a parfaitement démontré.


Photo: L’Algérie est le 8e producteur de dattes au monde



Hafedh Moussaoui

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