Algérie - Théâtre

Alger, Planches : Beït Houdoud ou les intrigues et frontières…



Le Théâtre national algérien (TNA) nous a proposé, lundi dernier, en soirée ramadhanesque, la pièce La maison frontière, adaptation d’après Slawomir Mrozek et mise en scène par Belkacem Amar. Une famille rurale vit dans une modeste maison.

Un jour, à la surprise générale, quatre visiteurs font irruption et se présentent comme des diplomates envoyés par une haute institution pour exécuter une décision d’un sommet mondial sur la délimitation des frontières dans leur maison. De péripéties en rebondissements, le spectateur est entraîné dans un monde singulier. Les acteurs sont très attachants et on suit toute l’histoire avec grande curiosité. Le maître de maison ne peut rien faire contre cette décision prise, lui dit-on, par « les grands de ce monde ». Les diplomates ont même pris la table où toute la famille se réunissait pour manger la transformant en une table de réunion ovale où il a été inscrit des slogans « Egalité, liberté et union ». « Une grande philosophie », s’exclame l’époux. Ce partage va transformer la vie de la famille qui vivra dans la division. La maison a été complètement chamboulée avec des espaces réservés, des zones interdites, un couvre-feu instauré et des vigiles aux frontières. Le premier drame surviendra, lorsque la belle-mère sera assassinée après une fusillade. Son tort est d’avoir dépassé les frontières. « Elle était bonne », affirme l’époux. Son beau-père sera aussi emprisonné. Faisant dans l’ironie, l’époux dira : « Tout est devenu historique. » Le dialogue est plein de finesse, de subtilité et d’intelligence. Le spectacle est souvent jubilatoire. Il y a eu beaucoup de mouvements sur scène. La dramaturgie de Mrozek se place dans le courant du théâtre de l’absurde. La pièce est très engagée et s’avère être une critique pertinente de l’état du monde actuel. Rien de nouveau sous le soleil. Il y a toujours eu et il y aura toujours des frontières qui ne délimitent pas, mais coupent en deux. Les politiciens qui les ont élaborées au cours de conférences internationales rentrent chez eux avec le sentiment du devoir accompli et alors arrivent ceux qui seront chargés de surveiller la frontière et de tirer toutes les conséquences des accords conclus. Et les conséquences sont incalculables, lorsque la frontière traverse, par exemple, une maison et qu’il y a une barrière rayée au-dessus d’une table familiale. Une pièce qui nous invite à une réflexion au cœur de l’actualité sur les questions qui engagent l’avenir commun et la coexistence des peuples et sur l’injustice, le terrorisme des puissants et l’arrogance. Derrière des répliques surprenantes, il y a l’incitation à voir sans masque l’état des nations. Une pièce fraîche, divertissante et drôle.


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