Algérie - Revue de Presse


CADRE DE VIE Blancheur immaculée d?autrefois Un présent aussi décati que réfractaire au bon usage d?une tradition qui ne semble plus faire recette. Autrefois, les maisons d?Alger se mettaient dès l?avènement du printemps dans leurs plus beaux atours. Telle la chrysalide, Alger abandonne son manteau de vent, de froid et de pluie pour accueillir à bras ouverts la belle saison qui reprenait ses droits dans un climat chargé de santé. L?astre luisant, clair et flamboyant prend le relais pour scintiller de plus belle sur les parois des demeures d?El Bahdja. Chaque propriétaire de douéra s?attelait à faire ressortir au lait de chaux la blancheur immaculée d?Ibn Mezghenna pour la mettre en relief sur un mont ouvert sur l?une des plus belles baies du monde. C?était une tradition bien ancrée à laquelle nul ne dérogeait. Deux fois par an, La Casbah tenait à faire perpétuer une coutume séculaire. A l?approche du Mawlid Ennabaoui et du mois sacré, tout le monde se mettait de la partie pour revigorer son espace et le faire fleurer bon... L?on se rappelle ces échoppes de chaux disséminées dans les ruelles de La Casbah, qui se chargeaient de la vente de la chaux vive ramenée du Sud, plus précisément de la région du M?zab, réputée pour ce type de roche calcaire. On l?appelait djir el hammar qui donnait une blancheur particulière et entretenait une fraîcheur. L?on se souvient du lavage biquotidien des rues et venelles de l?antique médina qui se faisait à grande eau. De leur propreté d?amont en aval. Il n?y avait pas uniquement l?aspect extérieur qui fleurait bon, l?intérieur des demeures se mettait, lui aussi, sur son trente et un. Chacun des ménages de l?antique médina s?affairait à faire renaître sa bâtisse de la grisaille en ravalant et en blanchissant à l?eau de chaux les façades et les murs de l?espace dans lequel il évolue, du patio jusqu?à la terrasse ou el menzah, où le jasmin et le basilic côtoient le géranium, le bégonia et el khilli. Un chaulage dont l?effet ne consistait pas uniquement à détruire les parasites, mais servait à entretenir l?espace vital tout en donnant fière allure à la cité dont le présent, c?est bien dommage, refuse de s?en accommoder. Un présent aussi insensible que réfractaire au bon usage d?une tradition qui ne semble plus faire recette.



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