Algérie - Bâtiment

AIN DEFLA, Le premier projet pilote parasismique




Le CTC (contrôle technique des constructions) de Chlef entreprend un important projet de construction, le siège de cet organisme lui-même, selon un procédé capable de résister à un séisme de forte amplitude, une technique déjà utilisée par de nombreux pays confrontés à une forte sismicité tels que le Japon, la Chine, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie ou encore l’Italie, les USA et autre Pérou.

Ce procédé, démonstration a été faite dimanche au niveau du site sis dans l’enceinte de la cité administrative de Aïn Defla, consiste en l’installation entre l’assise et la superstructure d’isolateurs en caoutchouc, capables d’absorber toutes les distorsions inhérentes à une secousse tellurique même de forte intensité sans que la bâtisse ne subisse aucun dommage.

Pour la réalisation de ce projet ont été associés un laboratoire anglais, une entreprise moyenne de construction locale ainsi que la société productrice de ces isolateurs installée en Malaisie, auxquels s’est adjoint un bureau d’études italien représenté par son propriétaire M. Alberto Dosi.

Pourquoi la Malaisie ? Le pays, dit-on, en plus de son expérience, ayant subi plusieurs séismes dévastateurs, se trouve être l’un des plus grands producteurs de caoutchouc du monde. Pourquoi alors à Aïn Defla pour ce projet unique en Algérie, en Afrique et dans le bassin méditerranéen ? Parce que la région de Aïn Defla/Chlef, selon le directeur du CTC, est une région où l’activité sismique est importante, tout comme l’est toute la bande côtière algérienne. La pose du 1er isolateur a été effectuée dimanche en fin de matinée en présence des membres de l’exécutif de la wilaya, de chercheurs, de cadres d’organismes et promoteurs immobiliers, plus d’une centaine venus de 7 wilayas du pays.

Au cours de la conférence qui s’est tenue après la pose des premiers isolateurs, plusieurs intervenants se sont inquiétés du coût de ce procédé. Pour M. Azzouz, directeur du CTC de Chlef, «le coût est dérisoire d’abord eu égard aux catastrophes qui suivent un tremblement de terre avec sa cohorte de pertes humaines et matérielles, véritables catastrophes économiques et sociales, ensuite parce que pour ce système de protection les expériences en situations réelles ont attesté son efficacité à 100% dans les pays où il a été mis en vigueur». Le projet de construction de l’autoroute Est-Ouest n’a pas été omis par les intervenants. Aussi, M. Azzouz a expliqué que «pour les ouvrages d’art c’est un procédé mécanique de dissipation d’énergie qui est utilisé mais pas encore ce type d’isolateurs».

Toujours à ce sujet, M. Abdelkrim Yellès, directeur du CRAAG (Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique) d’Alger, dira: «Il est vital que puissent survivre à un séisme même de forte intensité des bâtiments stratégiques, hôpitaux, centres de communications et de secours, organismes de sécurité mais aussi l’autoroute qui permettra d’acheminer les secours en n’importe quel point de la bande côtière où l’activité sismique est permanente». Il ajoutera: «La notion de risque doit être intégrée dans tout processus de construction. En plus, l’Algérie qui a fait de grands efforts dans le domaine de la prévention des risques majeurs dont le séisme, possède maintenant le savoir-faire et les données qui lui permettront de se prémunir contre ces dangers. Notre base de données est à la portée des promoteurs immobiliers». Qui pourra se permettre de construire en utilisant ce système d’isolateurs antisismiques ? s’interroge un intervenant. A titre d’exemple, s’agissant de ce siège CTC, le coût est estimé en moyenne à 2 millions de DA, ce qui est dérisoire pour un bâtiment qui aura coûté des milliards. Pour le moment, ce procédé sera étendu aux bâtiments stratégiques, précise-t-on, mais à long terme, même les constructions privées pourront en être dotées. Le directeur du CRAAG nous dira aussi que «construire est un acte scientifique qui doit se faire par des professionnels».

 


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