Algérie - Tests génétiques ADN des origines

Acheter un test génétique sur Internet, bonne ou mauvaise idée ?


Acheter un test génétique sur Internet, bonne ou mauvaise idée ?
De plus en plus de sites Internet proposent de vous envoyer un kit de test d'ADN, qu'ils analysent ensuite pour découvrir vos origines ou vos prédispositions à développer certaines maladies.

ON DÉCRYPTE
Il y a encore quelques années, les tests génétique étaient pratiqués uniquement dans le cadre de la recherche ou dans le milieu hospitalier. Aujourd'hui, pour moins de 100 dollars, on peut tous faire séquencer notre ADN. 100.000 Français l'auraient déjà fait, pour affiner leur arbre généalogique, savoir d'où viennent leurs ancêtres, ou encore pour mesurer leur risque de contracter la maladie d'Alzheimer ou le cancer du sein.

Alors ces tests désormais à la portée de tous, sont-ils réellement utiles, ou bien au contraire dangereux ? Faut-il réellement tout savoir de son patrimoine génétique ? Europe 1 fait le tour de la question.

Comment marche un test génétique ?
Même si c'est interdit en France, il est très simple de se procurer un kit de test génétique par ADN. Cela ne prend que quelques minutes de le commander en ligne sur des sites américains, suisses ou belges. Le prix se situe généralement autour de 80 euros. Une fois la commande effectuée, vous recevrez votre kit quatre à cinq jours plus tard. Il s'agit alors d'effectuer un simple test salivaire très facile à réaliser : avec le matériel fourni, vous prélevez un peu de votre ADN en frottant un bâtonnet contre l'intérieur de votre joue, puis vous l'isolez dans un tube stérile et protégé.

Il ne reste plus qu'à le renvoyer. Environ six semaines plus tard, les résultats vous parviennent.


Qu'est-ce que ces résultats vous apprennent ?
Ces tests indiquent les zones géographiques d'où viennent vos ancêtres. Les origines apparaissent sous forme d'une carte du monde, sur laquelle certains zones sont plus colorées que les autres. Notre journaliste Mélanie Gomez a fait le test : "Ces résultats m'ont confirmé que les trois-quarts de mon patrimoine génétique sont d'origine espagnole. Et, surprise, qu'une toute petite part de mon ADN vient d'Afrique… Je l'ignorais totalement."


Mon prénom est d'origine grec parce que je suis d'origine grecque. Enfin j'étais… parce que depuis que j'ai fait le test, je suis passé de 60% de grec à 2%
Certains testeurs se découvrent même des origines qui ne correspondent pas du tout à ce qu'on leur a raconté depuis toujours. Mikis, par exemple, a toujours cru que ses origines correspondaient à son prénom grec. "Mon prénom est d'origine grec parce que je suis d'origine grecque. Enfin j'étais… parce que depuis que j'ai fait le test, je suis passé de 60% de grec à 2%", s'étonne-t-il. "C'était la légende familiale. Ma grand-mère a été enterrée sous le culte orthodoxe. On a tout fait à la grecque. On va tous en vacances en Grèce. Et en fait, je me retrouve avec 2% grecs." Finalement, Mikis est essentiellement d'origine française.


Avec ces tests ADN, on peut aussi avoir accès à ses données médicales. Pourtant, si l'on commande le test depuis un ordinateur en France, cette démarche est interdite. Mais beaucoup contournent le système, soit en faisant transiter le test par un pays où c'est légal - les Pays-Bas par exemple -, soit en transférant les données brutes de son séquençage ADN à des sites Internet qui proposent ce service médical moyennant une poignée d'euros. C'est ce qu'a fait Paul, 36 ans. Il est en bonne santé, il l'a donc fait uniquement par curiosité. Mais il a quand même appris quelques informations qui l'ont inquiété. "Ce que je lis là, c'est 'une dépendance à l'héroïne plus élevée chez les personnes de votre génotype'. En-dessous, il est écrit : 'envie plus forte pour l'alcool'. Maintenant que j'ai cette information, je ne regarde pas un verre d'alcool de la même façon", raconte-t-il.

Malgré tout, Paul tente de garder la tête froide. "Pour moi, c'est juste un terrain préexistant qu'il faut prendre en compte. Ce n'est pas parce que j'ai 72% de risques en plus par rapport à la moyenne de devenir schizophrène, que je vais le devenir. Pour tout ce qui est en-dessous de 50% de risques en plus, je ne vais pas interroger mon médecin, parce qu'il y a à peu près une trentaine de maladies détectées. En revanche, sur certaines choses qui peuvent m'inquiéter, je vais aller lui en parler. Mais peut-être qu'il va me rire au nez…"

Qu'en pensent les médecins français ?
Dans le milieu médical, on regarde l'arrivée de ces tests en France avec scepticisme. D'abord parce que les spécialistes confirment ce que disait Paul dans son témoignage : avoir 60 ou même 90% de risques d'avoir la maladie de Parkinson ne veut pas dire du tout que vous aurez forcément la maladie. C'est un risque relatif, car tout dépend de votre environnement, de votre hygiène de vie…

Avec l'engouement actuel pour ces tests génétiques, le nombre de patients angoissés qui débarquent dans les consultations de génétique augmente. "Nous voyons très régulièrement venir ou revenir en consultation des personnes avec des liasses de papier, parce qu'il n'avait pas idée de ce dans quoi il mettait le nez. Ils s'étaient engagés dans un test qu'ils considéraient comme léger, mais reçoivent en fait des informations capitales et parfois scientifiquement solides", souligne le professeur Stanislas Lyonnet, directeur de l'Institut des maladies génétique Imagine. Il illustre : "Je suis porteur de la mucoviscidose, j'ai un risque d'avoir la maladie d'Huntington, j'ai un risque de cancer du sein ou de l'ovaire… Ce sont des informations non déclarées, non informées, non accompagnées. Alors trouver ça sous un sapin de Noël, c'est vraiment ridicule !"

Aux États-Unis notamment, ces tests sont en train de devenir le best-seller des cadeaux de cette fin d'année. Ils faisaient même partie des produits phares vendus lors du Black friday".
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