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Z'hor Zerari, l'écrivaine aux mille fusils libérateurs Folio




Z'hor Zerari, l'écrivaine aux mille fusils libérateurs Folio
Elle était là, devant moi, frêle, amaigrie et tremblante d'émotion : «Comment ils ont pu faire ça ' Des Algériens qui tuent leurs frères algériens ! Même dans mes pires cauchemars, je n'ai pas vu cela depuis 1967, année du coup d'Etat raté de Tahar Z'biri ! ».Z'hor Zerari, devant moi, en chair et en os ! Je n'en croyais pas mes yeux ! La date : le 30 octobre 1988. Le lieu : Centre culturel Abane Ramdane, Port Saïd, Alger. Le climat nuageux, humide et triste comme ces atrocités du 5 octobre 1988 !
«Des faits divers», «un chahut de gamins», «des événements regrettables '», selon la presse gouvernementale de l'époque. «Des blessures inguérissables, des tortures aussi pires que celles que les tortionnaires de Bigeard ou de Pierre Sergent ''infligeaient'' aux pauvres Algériens !», selon Z'hor Zerari, la moudjahida dont le corps a gardé «les traces douloureuses» des tortures de Serkadji, jusqu'à ce 19 août 2013.
Poétesse, nouvelliste et journaliste, Z'hor Zerari avait, au lendemain de ce 5 juillet 1962, beau et libérateur, publié ses écrits, qualifiés comme les tortures des colonialistes de «faits divers». Des nouvelles exquises, belles comme la lueur de ses yeux par les temps printaniers d'Alger.
Une grande nouvelliste comme Z'hor Zerari peut toujours transformer «l'horreur» en «beauté». C'est cela la «grande littérature», n'est-ce pas ' En ce 30 octobre 1988, Z'hor Zerari avait, malgré sa profonde tristesse, l'intention de militer encore «plus !». Créer une association de défense des «victimes d'Octobre», plutôt des «martyrs» comme elle disait.
Ce fut chose faite dans une petite réunion avec des moudjahidate. Elles n'étaient pas nombreuses, mais le ton était sérieux, grave et solennel. L'association, selon Z'hor Zerari, n'a jamais été agréée. Mais «qu'importe, nous continuerons à militer, à défendre la nation et le peuple jusqu'au dernier de nos soupirs !» Ainsi m'a-t-elle dit en 1998 dans notre dernière rencontre. Ce jour-là, elle était encore plus amaigrie, plus frêle en dédicaçant à ma cousine un exemplaire de ses Faits divers, (édités par Bouchène à l'époque).
Je n'ai plus revu Z'hor Zerari, mais j'ai toujours en mémoire ses nouvelles, ses poèmes et ses autres écrits publiés un peu partout dans la presse. Elle écrivait avec la passion des «grands de ce monde», comme disait Kateb Yacine. 
-1- Les nouvelles Faits divers ont été aussi réalisées en film, (il existe toujours à l'ENTV). Un nouveau passage à la TV serait un bon hommage à Z'hor Zerari.
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