Algérie - A la une

Voyage dans l’Algérie des immolés




Tiaret panse ses plaies mais n’est pas sûre de retrouver tout son calme à l’aune d’une grogne qui s’amplifie au gré des humeurs des jeunes, d’un quartier à l’autre, après l’immolation par le feu, jeudi, du jeune Hicham Gacem, 22 ans, au bas de l’escalier dit Ba Salem, à quelques pas de la mythique El Blaça, la «place rouge»
au centre-ville. Hichem, selon ses amis et voisins, «se porterait relativement bien» si l’on se fie aux déclarations faites sur les ondes de la radio par le directeur de l’établissement hospitalier Youcef Damerdji de Tiaret, resté en contact avec le CHU d’Oran. Brûlé au visage et au bas-ventre, Hicham a été pris en charge et est sous observation médicale en compagnie de ses parents. Son martyre a vite fait le tour de la ville. Ceux qui le connaissent décrivent Hicham comme un jeune homme tranquille. Il avait à sa charge sa mère et sa sœur depuis que ses parents ont divorcé. Tout jeune, il avait appris à
ne pas se laisser intimider et il a pris pour idole le fameux jeune Tunisien, El Bouazizi. Selon des recoupements, l’acte de s’immoler par le feu a été fait bien avant jeudi, quelques heures avant que les policiers ne l’interpellent pour placer sa table de lunettes sur l’escalier et non sur le trottoir. Les policiers venaient pour la seconde fois le rappeler à l’ordre. Les émeutes déclenchées jeudi suite à l’acte désespéré de Hicham ont jusque-là généré des casses, des arrestations (le chef de la police judiciaire parle de dizaines de personnes qui seront présentées aujourd’hui devant le procureur) mais aussi des blessés parmi les policiers. La même source indique que «douze policiers ont subi des
blessures, dont un, gravement atteint au bassin, va subir une intervention chirurgicale». Les autorités n’ont pas chômé hier et ont tout fait pour calmer les esprits surchauffés des marchands à la sauvette. Une rencontre s’est tenue hier matin au conservatoire communal et des décisions temporaires dégagées. «Après le recensement de 83 marchands, l’espace situé au niveau de l’ex-gare ferroviaire leur a été affecté en attendant leur recasement au fur et à mesure des livraisons de locaux» , nous
a fait savoir Abdelkader Rakaa, chef de la daïra de Tiaret.Pour autant, les escarmouches n’ont pas cessé avant-hier au niveau des cités Errahma, Sonatiba, Bouhenni et Oued Ettolba. Comme à l’accoutumée, une pluie de pierres et d’objets hétéroclites jonchaient les lieux de l’émeute. Au-delà de l’acte, beaucoup de ceux qui nous ont contactés hier disent «s’interroger sur l’éclipse des pseudo-notables de la ville, des élus et même des partis» . Bien que le chef de l’exécutif ait reçu certains membres de la famille de la victime hier, deux associations, l’ONEM et la section de la LADDH, ont stigmatisé l’approche jusque-là préconisée par les pouvoirs publics quant à la gestion du dossier de l’informel sur fond de défaillance des représentants du peuple.

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