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Vivre à Ghardaïa par 45° à l'ombre !



Vivre à Ghardaïa par 45° à l'ombre !
«Même les oiseaux ont été contraints par cette chaleur à trouver d'autres endroits plus cléments autres que cette véritable étuve qu'est Ghardaïa», nous fait remarquer Aâmi Bakir, le marchand de bagagerie installé juste à côté du siège de la wilaya de Ghardaïa.Faisant face au jet d'eau asséché qui, il n'y a pas si longtemps, était un lieu de rassemblement de tous les oiseaux et pigeons de la région qui venaient s'y agglutiner, buvant et prenant même des bains dans cette eau vivifiante, notre commerçant note que c'est à une véritable fournaise que sont confrontés les citoyens de Ghardaïa et de toutes les communes et daïras qui la composent. Depuis avant-hier, drapés dans une canicule oscillant entre 42 et 45° C, les quatre coins de la wilaya suffoquent.Comme annoncé par les services de la météo, une vague de chaleur inhabituelle enserre la région, l'étouffant presque, se traduisant par des pics de température rarement atteints en cette période de l'année. Le pic a été relevé à El Goléa, située à 270 km au sud du chef-lieu de wilaya, où le mercure a flirté en fin de semaine passée, avec les 47 °C. «Il est très difficile de respirer dans ces conditions», nous informe par téléphone un citoyen de cette ville, médecin de son état. «Le mieux à faire est de s'enfermer chez soi dès midi, une heure, de fermer toutes les fenêtres et de se désaltérer régulièrement, même si on n'a pas soif», a-t-il ajouté.Les bassins d'eau, denrée rareCette vague de chaleur intense accentue encore plus le désarroi des jeunes de la région devant le manque déplorable de bassins d'eau pour leur permettre de «piquer une tête» dans une eau vivifiante et se rafraîchir corporellement. Ils ne comprennent toujours pas les raisons de la fermeture de la piscine municipale située au centre ville, qui rendait d'énormes services aux jeunes des couches moyennes, qui ne peuvent, à l'instar des nantis de la région et des enfants de nababs locaux, rendre visite au Grand Bleu.Devant ce déficit en bassins d'eau, beaucoup d'enfants et de jeunes de la région risquent chaque jour que Dieu fait, leur vie et leur santé en allant se baigner dans les eaux boueuses, troubles et par- fois glauques des mares et barrages stagnants qui entourent la ville. Il serait temps pour les autorités de remettre en marche les jets d'eau de la ville qui, en sus de leur charme et leur apport à l'aménagement de la ville, soulageaient un tant soit peu les citoyens au contact de leur eau vivifiante et tonifiante ne serait-ce que psychologiquement.En effet, on s'en souvient, les années passées lorsque la canicule se faisait mordante, même des enfants de 10/12 ans osaient braver l'interdit, venant jusqu'aux grilles du siège de la wilaya où «trône» un jet d'eau, composé de trois cruches déposées en hauteur et disposées en triangle, déversant en circuit wfermé, leurs eaux limpides dans un bassin triangulaire, haut d'une trentaine de centimètres. D'une innocente insouciance due à leur âge, ils glapissent de joie en sautillant dans l'eau, barbotant tout leur saoul, imités en cela par des dizaines d'oiseaux dont le gazouillis ajoute à la beauté des lieux.Même des femmes d'un certain âge, s'arrêtent devant cette eau salutaire, enlèvent leurs chaussures et y trempent la plante de leurs pieds, histoire de se rafraîchir, un tant soit peu les pieds mis à mal par la chaleur et les chaussures qui chauffent. A partir de midi, la ville commence à se vider et absorbe en son sein sa population, qui se réfugie des dards du soleil incandescent, lorsque celui-ci atteint le zénith. Cette situation fait quand même le bonheur des marchands de glace et d'eau minérale qui ont pratiquement épuisé leurs stocks, ne s'attendant certainement pas à ce brusque changement de température.Viva El Goléa !Heureusement, pour la région, que l'usine de production d'eau minérale El Goléa, sise dans la ville éponyme, tourne à plein régime pour répondre à la forte demande induite par cette situation exceptionnelle, sachant que c'est la seule productrice de ce vénéré liquide dans un rayon de plus de 800 km à la ronde. Cette situation fait aussi le bonheur, sonnant et trébuchant, des vendeurs de chapeaux, notamment et c'est une nouveauté au Sud, ceux larges et à ombrelles pour la gent féminine, ce qui les rend plus coquettes, même portés au-dessus du khimar et malheureusement aussi, les marchands de lunettes de soleil à bas prix, dangereux pour la vue et la santé, qui font florès en cette saison des grandes chaleurs.«C'est très difficile en ce mois de carême de supporter ce souffle chaud, presque incandescent, sur nos visages. Le mieux à faire c'est de limiter au maximum nos déplacements à l'extérieur de nos demeures dont il faut aussi garder les fenêtres closes», nous déclare une femme médecin, rencontrée en train de faire quelques petites courses presque en courant. Et bon dieu, on n'est qu'à la mi-juillet, qu'en sera-t-il alors au mois d'août '«Ceux qui ont de la chance, mais surtout les moyens, s'apprêtent déjà, juste après l'Aïd, à aller taquiner les vagues du Grand Bleu, mais pour nous les petites bourses, nos enfants resteront ici à se faire cuire la peau au soleil, parmi les scorpions et les vipères, c'est notre destin», se lamente Harallah, enseignant dans le primaire.





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