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Université de Boumerdès



Université de Boumerdès
La faculté des sciences de l'université M'hamed Bougarra de Boumerdès renoue avec les manifestations à caractère scientifique.Comme promis en mai dernier, les enseignants du département de langues et littérature étrangère ont réussi à organiser un colloque international sur le thème de «L'autorité et ses discours». Cette manifestation, qui s'est étalée du 19 au 21 du mois en cours, a vu la participation d'une pléiade de chercheurs et de professeurs de renom. Venus de diverses universités du pays et de l'étranger, les invités ont analysé la nature et les différents types d'autorité, ses discours et son influence sur la société.La littérature africaine et l'idéologie qu'elle véhicule, l'autorité et le discours dans l'interaction scolaire, l'autorité chez le Prophète Mohamed (QSSSL), chez Massinissa, les femmes et l'autorité patriarcale, le discours de l'autorité palestinienne... sont autant de thématiques qui ont été développées au cours de ce prestigieux colloque. Mais le sujet qui a suscité le plus l'intérêt de l'auditoire a été celui traitant de «L'école et l'autorité». La problématique a été conjointement abordée par le Dr Habiba Benaouda et le Pr Fatima Zohra Boukerma dans une communication intitulée «L'école d'hier et d'aujourd'hui : vers un effondrement de l'autorité éducative». «La réalité scolaire dans notre pays montre que l'autorité éducative, de par son discours et les lois en vigueur, est en confrontation avec les valeurs éducatives d'une société en pleine métamorphose», estiment d'emblée les conférencières.Le Pr Boukerma soutient qu'il est temps de «revoir le rôle et la nature de l'autorité en milieu scolaire pour permettre à l'élève de s'épanouir et de construire son bien être. L'autorité éducative, comme la définit la philosophe allemande Hannah Arendt (1906 -1975) est une influence libératrice. Elle exclut la force, l'oppression ou la contrainte physique. Elle est incompatible avec la persuasion qui suppose l'égalité et procède par un processus d'argumentation». Pour la sociologue et directrice de recherche au CNRS, Agnès Van Zanten, cette autorité doit avoir pour «fonction d'autoriser à exister, à grandir, à apprendre, à se tromper, à être reconnu et respecté dans sa dignité humaine». Ce qui n'est pas le cas chez nous aujourd'hui, où l'on assiste à la multiplication des agressions et autres actes jadis inexistants au sein des établissements scolaires et des universités.«Vers l'effondrement de l'autorité éducative»Les conférencières dressent un tableau exhaustif sur le sujet en expliquant la différence entre l'école d'hier et d'aujourd'hui. «Auparavant, l'enseignant pensait que sa mission était de transmettre le savoir dont les élèves ont besoin, de leur donner des devoirs et de les sanctionner ou les punir si le travail n'était pas fait. Aujourd'hui, si un enseignant se fait insulter par un élève, il n'a pas le droit de le sanctionner ni de lui donner une mise à pied ; s'il le fait, il outrepasse les règlements», dira le Pr Boukerma. «Une directrice d'école nous confié qu'en cas de violence à l'école, la directrice n'a aucune autorité ni le droit d'agir, à part celui d'informer les parents, voire les convoquer pour parler de leur enfant», a-t-elle ajouté.Un autre directeur estime, dit-elle, qu'il est «indispensable qu'il y ait parfois quelques punitions ou sanctions qui tombent, mais cela ne doit être que pour aider cette école à remplir sa mission éducative». Le Dr Benaouda, elle, affirme que même la loi stipule (Journal Officiel, loi 89-486) que «l'éducation est garantie à chacun afin de lui permettre de développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation initiale et continue, de l'insérer dans la vie sociale et professionnelle, d'exercer sa citoyenneté». Ce qui a donné lieu, selon elle, à l'effondrement de l'autorité éducative illustré par la multiplication des agressions sur les enseignants de la part de leurs élèves et leurs parents.Les insultes, les menaces, les calomnies, les incivilités et les violences physiques ne sont donc que le résultat du déclin de l'autorité à l'école. Les conférencières notent que certains parents d'élève refusent catégoriquement l'idée d'autorité sous prétexte qu'elle est illégitime et anti-éducative.


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