Algérie - A la une

Une hécatombe et des questions



Une hécatombe et des questions
Les accidents de la circulation continuent à faire des carnages. Nos routes font peur aujourd'hui et les chiffres indiquent le degré du danger qui guette quotidiennement les usagers. Des milliers de victimes sont enregistrées annuellement.Face à la montée spectaculaire et terrifiante des accidents de la circulation, plusieurs questions surgissent concernant les raisons principales de cet «enfer routier», l'efficacité des lois régissant la sécurité routière... Les autorités doivent revoir leur stratégie de lutte contre les accidents de la route. Ces derniers jours, des accidents sanglants ont été enregistrés à travers le territoire national, le dernier en date est survenu dans la wilaya de Laghouat suite à une collision entre un minibus et un autocar roulant dans le sens opposé, causant la mort de 17 passagers et un nombre important de blessés. Les bilans sont effrayants : 89 personnes ont trouvé la mort et 682 autres ont été blessées dans 379 accidents de la route survenus durant la période allant du 30 septembre au 6 octobre, a indiqué, mercredi, le commandement de la Gendarmerie nationale dans son bilan hebdomadaire. La wilaya de Aïn Defla vient en tête de liste avec 21 accidents, suivie de Boumerdès (18 accidents), Médéa et Sétif (17 accidents), Béjaïa (16 accidents) et Tébessa (15 accidents). Les poids lourds sont pointés du doigt. Dans son étude menée sur le sujet, la direction de la communication et des relations publiques à la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a révélé que 79 accidents de la route survenus durant la période allant du 1er janvier au 30 septembre sont dus à l'usage du téléphone portable au volant. Les conducteurs ne trouvent pas de peine à sortir leur mobile pour répondre ou effectuer les appels. En effet, sur les 13 228 accidents de la route survenus en milieu urbain à travers le territoire national, 79 ont été causés par l'usage du téléphone, faisant ainsi 624 morts et 15 792 blessés. L'envoi et la lecture de messages (SMS) pendant la conduite peut provoquer un manque de concentration. Les nouvelles technologies ont une part de responsabilité dans cette augmentation considérable des accidents de la circulation. Une réglementation peu appliquée Les accidents de la circulation sont en nette augmentation par rapport aux années précédentes. A titre d'exemple, l'an dernier, 42 864 accidents de la route ont été constatés, faisant 4 540 morts et 58 269 blessés. Cela fait classer l'Algérie parmi les pays au monde qui connaissent le plus grand nombre d'accidents routiers. Quant aux pertes matérielles et financières, elles sont estimées à plus de 100 milliards DA par an. La même étude de la DGSN a souligné que parmi les raisons les plus récurrentes de ce carnage sur les routes, le non-respect de la distance de sécurité entre les véhicules qui accroît le risque de collision, les dépassements dangereux, l'insouciance des piétons et l'excès de vitesse. Malgré les mesures répressives prévues dans la législation, l'écho reste imperceptible auprès des usagers de la routes. Pourtant, si la sécurité routière considère l'usage du téléphone portable au volant comportement punissable (infraction de troisième degré), beaucoup de conducteurs font la sourde oreille. Une amende forfaitaire de 2 000 à 4000 DA avec retrait du permis pour une durée de trois mois est prévue. En cas d'accident entraînant la mort ou causant des blessures, la peine est durcie et peut aller jusqu'à l'emprisonnement. Certains citoyens accusent les chauffeurs de bus d''insouciance. Selon les témoignages des uns et des autres, ces derniers ramassent les passagers, roulent très vite sans prendre conscience de la sécurité des voyageurs. «Des chauffeurs font de la course entre eux. Pour eux, le plus important est l'argent, pourvu qu'il entre à flot», nous dit un citoyen. «Une réunion de coordination en perspective» Ce constat alarmant a fait bouger nos responsables. Le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, s'est exprimé avec colère à propos de l'hécatombe sur nos routes. Il a indiqué que le gouvernement n'a pas aménagé d'efforts pour l'amélioration des routes. Il n'arrive pas à comprendre les raisons de ce grand échec face à la recrudescence du «terrorisme des routes». «J'aimerais comprendre pourquoi... Je veux savoir si nos routes sont mauvaises ou si c'est plutôt la réglementation qu'il faudrait revoir», s'est-il interrogé. Ce dernier a ordonné, mardi dernier, l'installation d'une commission mixte à laquelle prendront part des représentants des ministères des Transports et des Travaux publics, de la DGSN, de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale. Cette commission aura à sa charge de «répertorier, au terme des enquêtes menées sur le terrain, les raisons de la montée vertigineuse des accidents», explique une source proche du ministère de l'Intérieur. De son côté, le responsable du secteur des transports, Amar Ghoul, a annoncé jeudi la tenue prochaine d'une réunion de coordination multisectorielle, permettant d'examiner les causes de la hausse des accidents de la route en Algérie. Elle regroupera des responsables et experts des ministères, des Transports, de l'Intérieur, des Travaux publics et de la Défense nationale ainsi que les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales. Dans le même contexte, le ministre a indiqué que son secteur se préparait à la mise en place du permis biométrique en collaboration avec le ministère de l'Intérieur. L'élaboration de banques de données relatives à la carte grise, aux permis de conduire et aux infractions, selon lui, est une étape nécessaire avant le lancement de ce nouveau permis. Un grand travail attend les autorité publiques, les associations, les éléments de la sécurité pour arriver au bout de ce problème social ayant une relation directe avec la perte des vies humaines, de dommages corporels et matériels importants. L'expérience de nos pays voisins dans la lutte contre ce problème s'avère très inspiratrice.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)