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UN PHENOMENE EN VOGUE



UN PHENOMENE EN VOGUE
Passé la fête, on se gratte la tête et on se soucie du comment rembourser les dettes«L'organisation d'un mariage dans un appartement est une chose difficile. L'exiguïté, l'incommodité poussent les gens à recourir aux salles» la déclaration est celle d'un père qui vient juste de marier son fils.Le phénomène s'est depuis quelques années généralisé. Saisissant cette aubaine, beaucoup ont reconverti des appartements en salle des fêtes. Même si à un moment donné les pouvoirs publics ont décidé de mettre de l'ordre en établissant un cahier des charges pour pareille activité, certains ont bravé l'interdit et ont continué à exercer une fonction très rentable sur le plan financier.Malheureusement, bon nombre de ces salles n'offrent pas une garantie élémentaire de sécurité. Sans issues de sécurité, avec des escaliers exigus et non conformes, des cuisines au départ prévues pour les préparations quotidiennes, des sanitaires parfois inexistants, sans parkings extérieurs... ces établissements accueillent à chaque occasion des centaines de personnes. Devant la forte demande, il faut réserver la place des mois avant la date de célébration, les propriétaires revoient chaque année les prix à la hausse. Le coût dépend des prestations fournies.La location des murs avoisine en moyenne les 70.000 DA. La préparation des repas est à la charge du locataire; pour un service complet, le marié ou la mariée débourse entre 200.000 à 300.000 DA. Ce prix peut augmenter au prorata des invités.Plus il y en a, plus on paye. Le recours aux salles est quelquefois une nécessité, mais souvent on veut en plus se vanter. Cette tendance se confirme au vu des voitures, de la longueur des cortèges. Les propriétaires des berlines dernier modèle sont souvent invités même s'ils n'entretiennent aucun lien familial.Certes, ces salles sont une solution pour les familles qui vivent dans des appartements exigus mais au regard des coûts, la tendance est à la révision.En plus d'emprunter les logements des voisins, des familles recourent aux tentes installées au bas de l'immeuble. Ces salles ont fait perdre le charme qui caractérisait par le passé les fêtes.Les invités dans les salles ne passent pas plus que le temps de manger pour repartir surtout que les propriétaires fixent les temps de passage.Parce qu'elles sont situées en milieu urbain, ces salles sont une nuisance pour les riverains. Les pouvoirs publics ont fermé il y a quelques années une salle située au milieu d'un quartier populaire suite à une manifestation des riverains qui se plaignaient des encombrements causés par la fête.Certains, plus malins, ont préféré sortir de la ville et ouvrir des salles à la périphérie où l'ensemble des griefs reprochés sont évacués.C'est le cas d'une salle située sur le chemin communal vers Chabet Brahim dans la commune de Taghzout à 10 km du chef-lieu de wilaya.Cette salle a fini par voler le rôle de vedette aux quatre autres qui exercent au niveau de Bouira. Parce que le créneau est porteur, le phénomène s'est étendu jusqu'aux villages les plus reculés.Chaque bourg de la wilaya a sa salle. Le mariage ou la fête en général, qui était une occasion de rencontre, d'entraides familiales, a fini par devenir une circonstance banale où tout le monde vient se gaver de couscous.Toutes les valeurs ancestrales ont disparu laissant place à l'exhibitionnisme.Les invités sont parfois triés sur le volet et celui qui possède la plus belle voiture est toujours le premier invité bien avant les membres de la famille. Les DJ et le raï à hautes décibels ont pris la place des troupes traditionnelles comme Idhabalane en région kabyle.Passé la fête, on se gratte la tête et on se soucie du comment rembourser les dettes. C'est là peut-être une raison du fort nombre de divorces qui sont inscrits aux tribunaux algériens.L'adage populaire qui dit «en été c'est les gâteaux, en hiver chez le «bougattou» (avocat en langue populaire) résume la situation.


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