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Un lieu, une histoire - la zaouia kadiria de skikda


Un lieu, une histoire - la zaouia kadiria de skikda
La Zaouia de Zkak-Arabe (quartier arabe) de Skikda reste un repère indéniable de la mémoire collective de la ville. Pour les skikdis, l'évocation de cette Zaouia dépendant de la Tariqua Kadiria reste connotée, à nos jours encore, de «Ouaâda» (promesse) et de «Gasaâ», grand plat en bois symbole du partage.Lors des fêtes religieuses ou à l'occasion d'autres évènements sociaux, les skikdis sortaient leur Gasaâ comme offrande. Le lieu le plus recommandé vers lequel se dirigeaient ces dons était la Zaouia où les pauvres, les SDF et autres passagers de fortune pouvaient se rassasier. C'est un rituel social d'entraide qui remonte au début des années 1900, et qui perdure encore, même s'il a tendance à s'essouffler.La Zaouia, à l'origine?.En Algérie, la Tariqua El Kadiria a été fondée par Sidi Mohamed El Hachemi Cherif Ben Brahim et a eu comme adepte L'Emir Abdelkader. A Skikda, les premières traces de cette confrérie religieuse remontent en fait à l'année 1903, année au courant de laquelle une partie de la bâtisse de l'actuelle mosquée fût léguée par des habitants à la confrérie des Kadiria.Le premier Moqadem qui inaugura la saga était Si El Hadj Bouziane Ben Ali Ben El Eulmi, selon des documents datant de l'époque. Depuis, ce lieu vivra d'innombrables faits, connaîtra tant de Moqadem et accueillera même Cheikh Larbi Tebessi. Pour les nouvelles générations, il faut d'abord savoir qu'architecturalement parlant, la Zaouia, comme ils la voient aujourd'hui a été en fait réaménagée en 1972.L'ancienne Zaouia, l'authentique, n'occupait, au début des années 1990 qu'une partie de l'actuelle mosquée et se limitait à un simple lieu de prière (Mossala) et à un petit espace servant d'école coranique situés, tous deux, au premier étage sur la rue Mekki Ourtilani, l'ancienne rue de Constantine.Au rez-de-chaussée longeant cette rue, il y avait des magasins occupés par des Algériens qui payaient leur loyer au Moqadem. Sur le pan de la rue Ourtilani, il y avait, juste au coin, Brahimi Saci, dit El Karoui, un vendeur de tissu qui se reconvertira après en marchand de dattes. Ensuite, vient le Café Azzouz, puis l'horloger Lebziz. Sur l'autre coin de la Zaouia, c'est-à-dire sur la rue Boubaissa, il y avait la gargote que Sid Mohamed Ben Brahim avait achetée en 1924.Ce quartier constituait le noyau social de l'ancienne Skikda et les deux hommes de confiance de la ville, chez lesquels, on pouvait laisser ses biens étaient Mohamed Sid et Saci El Karoui. Autant dire que l'âme même du skikda l'algérienne est née dans ces lieux.La prison pour un acte de bienfaisanceDe vieux skikdis racontent, pour l'anecdote, que la Zaouia disposait d'une sorte de caisse accrochée au mur et dans laquelle les bienfaiteurs glissaient quelques sous. Un jour, un vendredi de l'année 1950, et remarquant que cet argent n'avait pas été distribué aux pauvres comme d'habitude, Sid Mohamed, membre du comité de la Zaouia part chercher une hache de sa gargote, brise la caisse et distribue le pécule qui s'y trouvait aux pauvres attroupés devant la porte.Le jour même, les policiers viennent l'arrêter. Il écopera de trois mois de prison ferme. En plus de servir de lieux de prière, la Zaouia avait aussi son école coranique où, à partir des années 1930, les enfants Skikdis apprenaient à la «Louha» (une planche de bois servant de table d'écriture). Le premier enseignant de l'école était Cheikh Hammou Benhadji qui fût d'ailleurs installé dans ses fonctions par Cheikh Larbi Tebessi en 1930.A la mort de Cheikh Hammou, son fils Mohamed prend le relai et sera relayé, plus tard, par Si Abdelaziz qui marquera de sa «Falaka» (punition) plusieurs générations. Pour les Moqadem de la Zaouia, la mémoire locale retient essentiellement deux noms ; Cheikh Bekar Brahim Ben Ahmed, qui y officiait au courant des années 1930-1940. Il a été installé dans ses fonctions spirituelles par Cheikh Mohamed Salah de la Confrérie d'El Oued. De vieux skikdis retiennent de lui sa grande culture, son amour pour autrui et sa droiture.Le second Moqadem et certainement le dernier est Cheikh Larbi Mhida qui assurera ses fonctions durant les années 1950. En 1972, des bienfaiteurs décident d'agrandir la Zaouia, devenue alors une mosquée.Un nouvel étage est alors élevé juste au coin de la rue et un minaret est édifié selon les plans d'architecture réalisés par Sarroub Kamel. Une seconde entrée a également été érigée sur la rue Boubaïssa, grâce au don de Sid Mohamed qui concéda une partie de son magasin à cet édifice. La Zaouia, baptisée Mosquée du 20 août 1955 a été rouverte à la prière le 17 octobre 1974. A ce jour, il suffit d'arpenter ces lieux pour humer encore l'odeur spécifique à Zkak-Arabe et à sa Zaouia. L'odeur de l'ancienne Skikda, la vraie.




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