Algérie - Revue de Presse

Un lieu, un nom : Si Kadour Kadour Naïmi, un des maîtres du colonel Lotfi


Cultivant le sens de l'authenticité jusqu'à l'extrême, Si Kadour Kadour Naïmi a refusé de prendre une autre identité que celle consistant à l'alignement de la filiation. Ce qui n'a pas manqué de lui poser quelques soucis vers la fin de sa vie. Donc son prénom est Si Kadour fils de Kadour fils de Naïmi. A un de ses amis, il commenta son refus de prendre «le préfixe» Al Cheikh que l'administration française a attribué à tous les gens de sa tribu quand elle a imposé la carte d'identité, en disant «je ne suis pas une voiture pour qu'on m'inflige de ce préfixe». Les anciens se remémorent certainement que les immatriculations des voitures commençaient par ces deux lettres qui désignaient l'Algérie. Si Kadour est né en 1914, selon sa fille. Sa naissance, et surtout son enfance, avait coïncidé avec la période où la France, en prise avec les Ouled Sid Cheikh, décida d'adopter une autre démarche que celle de la confrontation militaire. Elle passa un traité avec les notables de cette tribu qui a fait ses preuves sur le plan de la résistance. Le général Bedeau leur concéda par exemple le maintien du statut de «sbegh» des terres destinées aux pâturages. Ce principe consiste à reconnaître au premier venu d'exploiter la terre. D'autre part, la France décida d'ouvrir des écoles d'enseignement dans cette partie de l'Algérie, dans l'espoir de la pacifier. Si Kadour rejoint l'école à El-Abiod Sid Cheikh à un âge très avancé. Vers les treize ans, selon certains de ses connaissances. Auparavant, il apprit le Coran et les premières notions du fiqh. L'enseignement traditionnel dont il avait bénéficié lui permettra de brûler les étapes lors de sa scolarité. Après l'obtention de son brevet supérieur avec succès, il sera dirigé vers l'Institut des études islamiques d'Alger. Cet institut, qui était rattaché à l'université d'Alger, ne recevait que l'élite des lycées franco-musulmans (dits aussi médersa); au nombre de trois au niveau de tout le territoire national: à Tlemcen, à Alger et à Constantine. Il obtint son diplôme, l'équivalent de l'actuelle licence d'enseignement supérieur, en 1946. Il sera directement nommé en tant qu'enseignant à la médersa de Tlemcen. Ce qui ne l'empêchera pas de préparer son agrégation en langue arabe dans la poésie antéislamique et la grammaire arabe. Vite, il prendra le poste d'Emile Janier, une sommité connue dans l'Hexagone, à la tête de cette institution scolaire. A partir de là et jusqu'à la date du déclenchement de la guerre de libération nationale, il se chargera de former des futurs cadres pour la révolution et pour l'Algérie indépendante. Parmi ses élèves, on cite Boudghène Benali, connu sous le nom du Colonel Lotfi. Dans un article que Chafik Mesbah, l'éminence grise de l'ANP, a consacré à l'icône de la guerre de libération nationale, il cite l'influence de Si Kadour sur le futur colonel. Il parlera des «mouallaqât» (poésie antéislamique) que le cheikh présentait avec autorité. Parmi ses élèves qui ont occupé des postes de responsabilité, on cite Bedjaoui, le juriste mondialement connu, Boualem Bessayeh, l'actuel président du Conseil constitutionnel, Tahar Zerhouni ex-inspecteur de l'académie d'Oran, Cheikh Bouamrane, président du Haut Conseil islamique, Boualem Baki, un ancien ministre des Affaires religieuses. Durant la guerre de libération nationale, il ne renoncera pas à sa mission de formateur parce qu'il était persuadé que l'Algérie aura besoin de cadres une fois son indépendance acquise. Mais une dimension méconnue de ce militant du savoir qui a pu imposer le respect même des responsables français par sa rigueur et surtout son authenticité est sa collaboration étroite avec Hamza Aboubakeur, l'ancien recteur de la mosquée de Paris, son cousin germain. Les deux hommes ont beaucoup travaillé pour moderniser la langue arabe et surtout faire connaître le droit musulman. Avec l'avènement de l'indépendance, il sera nommé inspecteur de l'académie de Tlemcen. Il restera en poste jusqu'à un accrochage avec Taleb El-Ibrahimi, devenu ministre de l'Education nationale. Ce dernier lui intima l'ordre de céder Dar El-Hadith, qui abritait un CEM, pour en faire un cercle au profit des adeptes du Cheikh El-Ibrahimi. Si Kadour sera révoqué de son poste et rentre à Oran où il avait acquis un pied à terre. Il décida de reprendre sa blouse d'enseignant au lycée Lotfi, dirigé par Bouziane, un de ses anciens élèves. Ce qui mettra l'élève dans une grande gêne. Après, il sera nommé pour structurer la nouvelle académie de Saïda. En tant qu'inspecteur de la langue arabe, dont l'autorité couvrait tout l'ouest de l'Algérie, il présidera des commissions d'élaboration des programmes au niveau du ministère de l'Education nationale. Il décède le 25 septembre 1995 après une vie consacrée totalement à l'enseignement. De l'avis de ceux qui l'ont connu, Si Kadour n'a jamais couru derrière les postes de responsabilité. Il ne s'est jamais adressé à ses élèves, devenus tous de hauts responsables, pour demander un quelconque privilège. Ses satisfactions étaient ailleurs: dans le respect que lui témoignaient tous ceux qui l'ont connu, à commencer par ceux qui ont suivi son enseignement. Dans ce sens, on nous raconte que lors d'une rencontre conviviale, Boualem Baki n'a pas osé franchir le seuil de la pièce où se trouvait son ex-maître sans son autorisation préalable. L'autre satisfaction de Si Kadour est l'instruction qu'il a donnée à ses quatre enfants. Son fils est mathématicien et les filles sont médecins. Une de ses filles nous dira que son défunt père lisait énormément, recevait du monde chez lui dans sa demeure se trouvant à l'avenue Loubet. Mais elle ajoutera qu'«il nous a inculqué de ne pas tomber dans le piège de l'ostentation». Certains de ses élèves parlent toujours de sa rigueur et de son sens aigu de la dignité. Il récusait par-dessus tout qu'on lui réponde pour lui faire plaisir, nous dira un ancien inspecteur de l'enseignement. Mais ce que la famille de l'enseignement regrette, c'est que jusqu'ici aucun établissement scolaire ou universitaire ne porte son nom. Ce qui est assimilé par certains comme une injustice ou un déni de reconnaissance...
c'est dommage , c'est en cherchant son homonyme avec qui j'ai fait du théatre que j'ai trouvé ou disons que j'ai rencontré monsieur naimi kaddour, avec qui j'avais discuté un peu entre deux cours eh oui et bien fier de lui avoir serré la main alors que j'étais un jeune adolescent au lycée franco musulman qui devenait un peu plus tard le lycée docteur benzerdjeb et bien tard je présente à sa famille mes condoléances les nôtes qu'ils donnaient à ses élèves ne depassaient que rarement le 3 sur 20 adieu monsieur naimi kaddour abderrahmane azzam
abderrahmane azzam azzouzi - bretagne d'armagnac - negos.conceptus@gmail.com, Algérie

10/11/2013 - 145592

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