Algérie - Revue de Presse

Un député «exclusif» pour les Algériens du Canada



Canada.
De notre correspondant


Le Canada, faisant partie de la zone 6 regroupant les pays d’Amérique et d’Asie-Océanie, aura son propre député à la faveur de ce changement. Le reste de la zone 6 aura un député qui lui sera propre. Le poids démographique des Algériens du Canada justifie largement ce siège exclusif au pays de l’érable. «62 000 Algériens sont immatriculés à Montréal», affirme Abdelghani Amara, consul général d’Algérie à Montréal. Si on leur rajoute ceux qui résident ailleurs au Canada et inscrits à la section consulaire de l’ambassade algérienne à Ottawa, le total grimpera à près de 70 000. Ceci, sans parler de ceux qui ne sont pas immatriculés, dont le nombre dépasserait les 100 000, selon différentes estimations. Il dépasse de loin le nombre de tous les Algériens résidant dans le reste de la zone (Etats-Unis, Amérique latine et Asie-Océanie). A lui seul, ce chiffre milite en faveur d’un député «exclusif» au Canada. La loi qui définit le nombre de députés, l’ordonnance 02-04 du 25 février 2002, fixe le nombre de députés à 389, dont 8 pour la communauté nationale établie à l’étranger. Elle se base globalement sur le principe d’un siège pour une tranche de 80 000 personnes. Sur les trois députés qui ont représenté la zone 6, deux vivent au Canada. Le dernier, contre toute attente, vit aux Etats-Unis. La loi du nombre suggère qu’il vienne du Canada. D’ailleurs, dans les faits, les Algériens de Montréal, où vivent plus de 95% de la communauté algérienne du Canada, n’ont pas eu l’occasion de le voir les cinq dernières années. Comme en 2002, à l’occasion de la dernière augmentation du nombre des sièges, le président Bouteflika devrait légiférer par ordonnance pour apporter les changements nécessaires à la loi, environ 60 nouveaux sièges. Elle sera soumise au Parlement pour approbation au mois de mars, pendant sa dernière et courte session de printemps. Celle-ci durerait juste un mois. Il sera aussi nécessaire de modifier le décret exécutif 02-87 du 5 mars 2002 qui détermine la répartition des sièges des députés de l’émigration.
Le Canada contre !
Le Canada, qui compte des citoyens venant de tous les pays du monde, commence à montrer des signes d’exaspération quant aux élections qu’organisent différents Etats sur son sol. Particulièrement quand il est considéré comme une circonscription électorale. Une porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères a affirmé à El Watan que depuis 2008, «le Canada a mis en œuvre une politique visant à refuser toutes les demandes des Etats étrangers d’inclure le Canada dans leurs circonscriptions électorales extraterritoriales respectives. Cette politique fondée sur des principes a été appliquée de façon uniforme depuis sa création en 2008. La politique ne cible pas un pays ou une région en particulier». Lors de sa visite au Canada, Halim Benatallah, secrétaire d’Etat en charge de la communauté nationale à l’étranger, avait abordé ce problème avec le ministre canadien de l’Immigration, Jason Kenney. Il a «souhaité que des aménagements y soient apportés afin de permettre à nos ressortissants de participer activement aux futures échéances électorales». Une doléance à laquelle aucune suite n’a été donnée par les Canadiens. L’Algérie n’est pas seule dans ce cas. Récemment, les Tunisiens et les Marocains n’ont pas été autorisés à organiser leurs élections en dehors des locaux diplomatiques. Les Français, qui éliront, en juin, pour la première fois des députés pour l’émigration, ont eu la même réponse.
Abdelghani Amara soutient qu’il aurait souhaité «mettre en place des bureaux itinérants pour permettre à un maximum d’électeurs de voter». A l’ambassade algérienne à Ottawa, on rappelle que «depuis plusieurs années, le Canada a fixé comme règle que quelle que soit l’élection organisée au Canada par un pays étranger, le scrutin doit se dérouler uniquement dans les locaux diplomatiques et consulaires». En septembre dernier, «le Canada a informé l’ensemble des missions diplomatiques des nouvelles mesures restrictives concernant l’organisation sur son territoire de scrutins étrangers où le Canada est intégré dans une circonscription électorale étrangère». Comme la date des élections algériennes n’est pas encore connue, «l’Algérie n’a pas demandé formellement l’accord pour l’organisation du scrutin législatif de 2012». Par ailleurs, la porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères a souligné aussi que «le Canada n’autorise pas les gouvernements étrangers à tenir des campagnes électorales sur son territoire ni à y créer des partis ou des mouvements politiques».
Quoi qu’il en soit, comme dans le cas de la Tunisie et du Maroc, les électeurs algériens pourront toujours voter au consulat ou à l’ambassade pour choisir leur député qui, cette fois-ci, sera sûrement du Canada et non parachuté de Washington.
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