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Un bidonville de béton




Un bidonville de béton
En l'absence de toute autorité, les habitants qui préfèrent vivre dans l'anarchie, se sont permis de procéder à des piquages clandestins sur les réseaux d'AEP.La vue est imprenable dans ces lieux perchés sur le monticule de Sidi Ahmed, à l'ouest de la ville de Skikda. Le bleu de la mer au nord, et le vert des maquis et d'une multitude de lopins de terres agricoles ceinturent les lieux qui, initialement, devaient servir d'assises à une cité résidentielle. Ce n'est guère le cas. L'inertie des élus locaux, qui se sont succédé sur les destinées de l'APC de Skikda durant ces trente dernières années, a fini par convertir ce lotissement en un bourbier. Mais pas les élus seulement.Même une bonne partie des habitants a contribué à ce marasme. Elle y a même grandement contribué devant l'absence de toute autorité. On fait ce qu'on veut à Sidi Ahmed. On peut procéder à des piquages clandestins sur le réseau d'AEP et se permettre même de défoncer les chaussées, déjà assez détériorées au vu et au su de tout le monde. On peut aussi squatter les poches libres et s'en servir comme des parcs où s'entassent des camions éventrés et des engins.On peut également abandonner ses matériaux de construction sur les trottoirs et les chaussées, sans penser aux risques qu'encourent les voisins. On peut même ériger, en plein lotissement, des étables et des poulaillers. C'est le Far West. Ce qu'on ne trouvera pas à Sidi Ahmed, ce sont les espaces verts et les fleurs. La quasi majorité des «semblant de villas», hideusement érigées sur ces lieux, ne disposent d'aucun mètre carré de verdure. Tout est bétonné. Un authentique bidonville en dur.Ce désordre ambiant est complété, il est vrai aussi, par l'absence de toute projection d'aménagement. Les quelques routes qu'on avait réhabilitées, il y a quelques années seulement, n'ont pas trop tenu et partent presque toutes en vrille. Avait-on, à l'époque, contrôlé ce projet, ou avait-on plutôt fermé l'?il pour quelques dividendes ' Les habitants soutiennent la seconde probabilité. Une autre partie des chaussées du lotissement demeure encore à son état initial, c'est-à-dire de vagues pistes boueuses et non carrossables.En s'engouffrant dans ce lotissement toujours empli de matériaux de construction, on parvient, vers l'ouest, aux lieux qui avaient connu un grave éboulement survenu au mois de mars dernier. Rien n'a été fait pour dégager les tonnes de boue qui s'étaient glissées, et avaient même failli engloutir l'école primaire du lotissement, située plus en bas.Aujourd'hui, les petits écoliers et leurs enseignants sont obligés de s'engouffrer dans la gadoue pour rejoindre l'établissement. A l'aller, ils doivent glisser sur une pente boueuse et au retour, ils sont forcés à l'escalade. Aucun aménagement n'a été apporté, même à titre provisoire, pour faciliter l'accès à d'innocents bambins. Ce désintérêt criminel ne fait que boucler la boucle de l'absurde dans une ville délaissée et par ses responsables et par ses propres fils. On a la ville et la vie qu'on mérite.



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