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Tourisme
Tout a été pratiquement dit lors du séminaire d'enver-gure nationale organisé lundi dernier par un groupe de jeunes filles principales animatrices de l'agence de communication «Illusion Communication» de Annaba. Sorties tout droit de l'université avec leur diplôme en communication, ces jeunes filles n'ont pas attendu.Elles ont investi tout ce qu'elles avaient économisé pour organiser cette manifestation. Pour lui donner l'importance qu'il fallait compte tenu du thème abordé en relation avec le développement du tourisme en Algérie, elles ont invité les meilleurs spécialistes de ce secteur créateur de richesses et d'emplois. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika ne lui a-t-il pas accordé toute l'attention requise en ordonnant à tous les cadres gestionnaires à différents niveaux de responsabilité de l'Etat, d'engager les moyens humains et matériels nécessaires pour le développement du tourisme ' C'était quelques jours avant le dernier remaniement ministériel. Et pourtant, alors qu'il fallait maintenir en activité le ministère de tutelle pour bien appréhender l'ensemble des blocages, l'on n'a pas trouvé mieux que d'en faire un appendice dans un ministère où se mêlent aménagement du territoire, tourisme et artisanat. Et quand ce même ministère est pris en charge par Amar Ghoul qui n'a pas laissé de bons souvenirs dans les différents postes ministériels qu'il a occupés, il y a lieu de croire que le tourisme algérien n'est pas près de se relever. Ce que prouve du reste cette tendance à la politique du « m'as-tu vu » appliquée par Amar Ghoul au lendemain de la prise de ses nouvelles fonctions. Le siège du ministère du Tourisme qu'il est appelé à occuper lui a déplu. Alors que durant des années la multitude de ses pairs n'avaient rien trouvé à redire quant à l'architecture et l'agen-cement des lieux, Amar Ghoul a décidé de voir grand. En ordonnant de démolir l'ancienne bâtisse pour en construire une autre plus grande, il a démontré qu'il n'est pas concerné par l'austérité à laquelle lui-même a appelé. Cette situation n'est pas passée inaperçue. Tour à tour, les participants au séminaire l'ont dénoncée. Mais c'est certainement l'intervention de Saïd Boukhlifa, expert en tourisme, ancien conseiller au ministère du Tourisme, membre de l'Association mondiale de la formation en hôtellerie et tourisme, membre de l'Association francophone des experts et scientifiques du tourisme, qui a été la plus suivie. Cet expert a présenté une communication, véritable réquisitoire contre la gestion actuelle de ce secteur très important qu'est le tourisme. Considéré comme en étant l'un des spécialistes, Saïd Boukhlifa a analysé dans un style clair et fluide avec des chiffres à la clé, la situation du tourisme national en mettant en relief sa force, ses faiblesses et ses incohérences. Tout est passé au crible en termes d'atouts naturels et de patrimoine culturel qui le prédestinent à être un pôle économique de premier plan. Ce qui n'est malheureusement pas le cas à la lecture des chiffres des flux touristiques qui restent faibles en comparaison des potentialités offertes. Et c'est tout le problème dans notre pays dans cette activité pourvoyeuse de devises et d'emplois. «L'Algérie, explique Boukhlifa, n'a jamais eu une politique touristique globale, prévoyant une croissance soutenue et mettant en place les moyens nécessaires pour y parvenir». L'expert n'a pas manqué de s'interroger sur le pourquoi de l'absence de développement du tourisme. « Comment se fait-il qu'avec les atouts naturels dont est doté notre pays, l'on n'arrive pas, 53 ans après l'indépendance, à hisser le tourisme algérien au diapason des autres dont ceux des pays du Maghreb ' Comment ne pas, poursuit-il, s'inscrire résolument dans la perspective de ce "don du ciel" qui nous est accordé : la mer, le soleil, le cadre physique et naturel, une population accueillante, une diversité ancrée dans les profondeurs de l'Histoire et de la civilisation ' » a-t-il martelé dans cette salle de conférence du palais de la Culture et des Arts Mohamed-Boudiaf toute ouïe. Pour montrer les contradictions du secteur, Boukhlifa donne quelques indications sur l'évolution des capacités d'accueil hôtelières qu'il estime être en stagnation. En expert de la chose touristique, rompu également au monde des chiffres, il décortique une à une les contradictions qui minent le secteur, dont la principale concerne la faiblesse des investissements dans l'hôtellerie. Cet expert ne s'est pas contenté seulement de critiquer. Il a aussi donné des pistes de réflexion à même de sortir le tourisme de l'ornière où il s'est enlisé depuis des années. D'autres intervenants ont abordé la problématique du foncier qui a longtemps bloqué le développement du secteur. Tout aussi pointé du doigt, le refus de la libéralisation du transport aérien sur laquelle les opérateurs économiques dans le tourisme fondent des espoirs énormes pour accueillir un plus grand nombre de touristes. C'est dire toute l'utilité de ce séminaire organisée par quatre jeunes filles associées dans l'agence « Illusion Communication ». En tout cas, les recommandations votées par les participants pour participer à la relance du secteur ne sont pas une illusion, mais une réalité.




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