Algérie - Données générales

Tlemcen et ses environs
En arabe, Tilmisane (nom berbère signifiant : poche d'eau, source); ch. I. d'une wilaya de 545000 hab.
Tlemcen est située à 800 m d'alt., au pied de falaises rougeâtres presque à pic, ressaut du massif montagneux qui la domine au S. et que couronne la koubba de Lalla Setti. Au N. s'étend la vaste plaine d'Hennaya, que continue vers l'0. La plaine de Maghnia, et, par la coupure de la Tafna, on peut apercevoir la mer. Au N. 0., l'horizon est fermé par le massif des Trara, où l'on distingue le Fillaoucen, le Tadjera, le djebel Sfyane. Au N. E. s'élèvent les massifs des Seba Chioukh et du Tessala. C'est des remparts N. de Tlemcen ou du haut du minaret de la Grande Mosquée qu'on jouira le mieux de ce merveilleux panorama.
Indépendamment de sa séduisante situation géographique, de son climat d'arrière pays méditerranéen, la glorieuse capitale des Zianides, qui fut autrefois le contre des échanges entre l'Europe et l'intérieur de l'Afrique, reste très attachante par ses souvenirs historiques et surtout par ses monuments. C'est la seule ville de l'Algérie où l'on troue: des édifices de l'époque hispano-maghrébine présentant un réel intérêt artistique et dignes d'être comparés à ceux du Maroc et de l'Espagne. Sauf la Grande Mosquée, qui est du XIIe s., à peu près tous ces monuments datent de la fin du XIII, s. ou de la première moitié du XIVe s. et sont, par conséquent, contemporains de ceux
de Grenade et de Fès.
Les habitants de Tlemcen ont longtemps gardé leur originalité témoignant de leurs diverses origines : Les Hadars, ou Maures au teint blanc, les Koulougllis descendant de Turcs et de femmes du pays, les Arabo-Berbères, descendant des conquérants islamiques et des autochtones, enfin quelques Noirs, autrefois esclaves. Les Tlemceniens sont dans l'ensemble très fiers de leur ville d'origine; ce sont par tradition « les intellectuels » de l'Algérie et ils occupent de nombreuses professions libérales ou hauts postes dans l'administration.
Les environs. frais et ombragés, où les caroubiers et les térébinthes se mêlent aux oliviers centenaires, aux cerisiers, pommiers, grenadiers, et figuiers, sous lesquels poussent tous les légumes des pays tempérés, laissent un souvenir ineffaçable, que ce soit du côté d'El Eubbad avec la mosquée de Sidi Bou Médine, ou du côté des ruines de Mansourah. Bien que des démolitions nombreuses lui aient fait perdre de sa couleur locale, au cours de ces dernières années, Tlemcen reste, par ses monuments et son r paysage, la ville la plus attrayante de l'Algérie occidentale.
L'équipement industriel de Tlemcen ne reste pas négligé, et une usine importante de tissage et finissage de fibres artificielles (SONITEX) doit employer environ 2000 personnes; par ailleurs, sa nouvelle Maison de la Culture doit être un modèle du genre. Les écoles techniques ouvertes ces dernières années et le nouveau stade olympique donnent une image de l'importance de la ville.

La ville dans l'histoire
Pommaria. Aux temps préhistoriques, des hommes vivaient sur l'emplacement de Tlemcen : La preuve en est donnée par les grottes nombreuses qu'on y voit encore et le matériel qu'on y a découvert. Le berceau de la Tlemcen actuelle est à Agadir, au N. E. de la ville; là s'élevait Pommaria (les vergers), qui fut tout d'abord un camp romain semblable à celui de Hadjar Roum prés d’Ouled Mimoun, bientôt une ville se forme à l'abri de l'établissement militaire; une canalisation, « saguiez en nesrani « y amenait l'eau des cascades d'El Ourit.
Agadir. La première cité musulmane fut établie à la fin du VIIIe s., par Idris 1er, venu d'Arabie, à Agadir, autrement dit sur l'emplacement de la ville romaine; à la chute des Idrissides, Agadir devint la capitale des Beni khazer et des Beni Yala, émirs berbères, vassaux des Oméïades d'Espagne.

Tagrart et Tlemcen. La Tlemcen actuelle lut fondé, à la fin du Xi* s., par l'almoravide Youssef Ben Tachfine, sous le nom de Tagrart, puis réunie à Agadir, qu'elle remplaça ensuite. Elle doit également aux Almoravides la Grande Mosquée. Mais la vie se développa encore sous les Almohades qui l'entourèrent d'un rempart. Tlemcen, qui reste tout le Moyen Âge la capitale du Maghreb central, dut sa plus grande splendeur aux Abd El Ouadites ou Zianides, dynastie fondée vers 1236 par le chef
berbère Yaghmoracen. Elle était devenue la grande ville de transit, où se croisaient les produits africains et européens. Son royaume restait néanmoins dans une position délicate entre les puissances mérinide à l’Ouest et Hafside vers l'Est, qu'aggravaient les visées des tribus nomades.
Elle lut menacée par l'éphémère Mansourah (it. 12 B, 30) construite par le souverain mérinide de Fès, Abou Yakoub. Après un second siège entre 1337 et 1359, les Mérinides s'emparèrent finalement de Tlemcen, relevèrent Mansourah de ses ruines, construisirent i'a mosquée de Sidi Bou Médine et achevèrent vraisemblablement la Glande Mosquée de Tlemcen.
Décadence. A la fin du XIVé s., le royaume zianide retrouva quelque importance avec Abou Hamou Moussa, mais avec les premières années du XVe s. commença la décadence; la ville oscillait entre Mérinides et Hafsides. En 1511, les Zianides se soumettaient à la souveraineté des Espagnols établis à Oran ; Les habitants de Tlemcen firent alors appel à Aroudj, maître d'Alger, qui s'établit pour peu de temps en maître dans la ville, où il fut assailli en 1518. La dynastie zianide succomba elle-même aux Turcs, en 1555, et Tlemcen, annexée aux États de l'Odjak, devint une simple dépendance du beylik de l'Ouest celui-ci n'y construisit guère, mais en laissa un élément ethnique important : Les Kouloughlis.
De l'occupation à l'indépendance. Après la conquête d'Alger par la France, Tlemcen Fit sa soumission au Maroc, mais la ville comptait alors deux partis : les Turcs et Les Kouloughlis qui se rangèrent du côté des français, et les Maures ou Hadars qui bientôt se déclarèrent pour Abd EI Kader ; mais Mustapha Ben Ismaël, qui occupait le Méchouar, remit la ville au maréchal Clauzel en 1836. Cependant Abd El Kader put reprendre, en vertu du traité de la Tafna en 1837, possession de Tlemcen d'où il organisa un important centre d'opérations. Mais en 1842, les fiançais sont à nouveaux maîtres de la ville.
Au cours de la résistance algérienne organisée après le soulèvement de 1954, le Colonel Lotfi et le commandant N'Barek se distinguèrent particulièrement dans la région de Tlemcen. C'est après la formation du bureau politique de Tlemcen, en juillet 1962, que Ben Bella put s'assurer le pouvoir en Algérie. Enfin, le 27 mai 1970 a été signé à Tlemcen, un accord réglant le conflit frontalier avec le Maroc.
Tlemcen a vu naître en 1920 l’écrivain Mohammed Dib.
Visite de la ville
Une journée à Tlemcen. La matinée sera consacrée au centre ville et à sa proche périphérie, d'autant plus que L'accès des mosquées n'est pas autorisé l'après-midi (ni la journée entière du vendredi). Tout l'intérêt sera porté à la Grands Mosquée et à La mosquée voisine de Sidi Bel Hassen aujourd'hui convertie en musée. En traversant vers le N. E. le quartier des hadars, on atteint, hors des murs, la mosquée de Sidi Haloui. S'il vous reste du temps, vous pourrez descendre vers Agadir et le bois de Sidi Yakoub.
Dans l'après-midi, vous pouvez visiter le village d'El Eubbad et la remarquable mosquée de Sidi Sou Médina: puis, rendez vous dans la direction diamétralement opposée, aux ruines grandioses de Mansourah. S'il vous reste du temps, El Ourit est une excellente promenade (en voiture elle demande si peu de temps...); ou bien le plateau de Lalla Setti, d'où l'on découvre toute la région. Une journée reste bien entendu le minimum que l'on peut accorder à Tlemcen.
A pied dans la ville. Tout le centre ville devra être visité à pied: certaines rues sont trop étroites pour y circuler en voiture. Vous aurez d'ailleurs plaisir à les découvrir en flânant, car beaucoup sont très commerçantes et animées. On pourra également se rendre à pied vers EI Eubbad et Mansourah, promenades assez longues, mais agréables.
Si vous aimer...
L'art islamique : c'était évidemment à Tlemcen qu'il fallait venir, Idrissides, Almoravides, Almohades, Zianides, Mérenides ont laissé (empreinte de tout un raffinement. artistique sur les principaux monuments de Tlemcen dont témoignent surtout la. GRANDE MOSQUÉE, la mosquée de Sidi Bou
Médine et les ruines de celle de Mansourah. L'ensemble peut se compléter par une intéressante visite au musée. Les sites pittoresques : le mot n'est pas superflu pour évoquer les environs merveilleux de Tlemcen dont chaque aspect pourrait être le thème d'innombrables peintures aussi colorées que.. variées.
Le centre ville Les places Mohamed Khemistî et de l'Émir Abd EI Kader
(anc. place d'Alger et place de la Mairie: PI. B2). Contiguës, elles marquent le centre de la ville et sont séparées par l'avenue de l'indépendance (anc. rue de France), artère maîtresse orientée N. S. C'est sur cette double place que l'on visite la Grande Mosquée et le musée installé dans la mosquée de Sidi Bel Hassen.
*Grande Mosquée (PI. B2. L'entrée se fait par le côté E.: elle occupe un vaste quadrilatère irrégulier de 60 m sur 50.
M. Georges Marçais a récemment montré que la mosquée aurait été élevée en une première construction par Youssef Ben Tachfine, fondateur également des mosquées d'Alger et de Nedroma, vers 1082; son fils Ali Ben Youssef y aurait lait de nombreux embellissements vers 1135 1140, et la mosquée aurait été agrandie un siècle plus tard, par Yaghmoracen, qui créa une nouvelle cour et aménagea la salle de prière de part et d'autre. Nous les connaissons ainsi aujourd'hui.
On pénètre d'abord dans la salle de prière, rectangle de 50 m sur 25, divisé en treize nefs de six travées ; des piliers maçonnés supportent les arcs en plein cintre outrepassé, brisés ou lobés; des lambris de bois très simples forment la couverture; une coupole à nervures s'élève au centre de la nef médiane, un peu plus large que les latérales; une autre *coupole, à pans ajourés, couvre, devant le mihrab, la dernière travée de la même nef.
Une inscription sur le pourtour de cette coupole donne la date de construction (1136), et le décor fait apparaître pour la première fois en Occident des stalactites.
Le *mihrab, orienté vers le S., se distingue par son élégante et riche ornementation très apparentée à celle de la mosquée de Cordoue.
La tradition veut que Yaghmoracen ait été enterré au fond de la première travée, à dr. du mihrab.
Le grand lustre en cuivre qui descend du plafond, au milieu de lampes et de lanternes de formes diverses, est un ouvrage moderne, qui a remplacé un lustre très ancien, dont les débris sont au musée. Le sol est couvert de hanbels de Salé (Maroc) et de nattes d'alfa et de laine des Beni Snous, originaires de la région de Tlemcen. Près du mihrab, A dr., s'élève le minbar ou chaire, où se dit chaque vendredi la khotba du prône.

La cour attenante a environ 20 m de côté; son dallage primitif en onyx a été remplacé par un pavement plus moderne. Au centre, fontaine et bassin en onyx pour les ablutions, entourée de banquettes cubiques décorées de faïences. Au N., la base du minaret est enveloppée. d'un portique à deux nefs: à l'E. et à l'0., autres portiques à trois et à quatre nefs.
Sur le côté N. de la mosquée, *minaret rectangulaire, haut de prés de 35 m (du haut, très belle vue), en briques, bâti par Yaghmoracen, premier roi de la dynastie des Zianides, dont le long règne dura de 1236 à 1283. Le minaret est décoré sur ses quatre faces de colonnettes et de panneaux ornés de fleurons en terre cuite vernissée.
A l'angle S. 0. de la façade. Sur la place Emir Abd EI Kader. Koubba à dôme polygonal, qui était une nécropole des Zianides. Sur le côté E., petit oratoire, autrefois ombragé par d'énormes ceps de vigne, dans lequel est enterré Sidi Ahmed Bel Hassen EL Ghomari, saint personnage du XVe s. (inscription sur le linteau de la porte). A l'angle S. O. de la Grande Mosquée, tombeau de Sidi Merzouk.
Mosquée de Sidi Bel Hassen. Cette mosquée, où est installé le musée archéologique et ethnographique (PI. B2), est flanquée d'un petit minaret dont les quatre faces sont ornées de colonnettes et de mosaïques.
Cet intéressant spécimen de l'art musulman a été élevé, ainsi qu'en témoigne l'inscription placée au milieu de la troisième travée, à dr. du mihrab, en l'honneur de l'émir Abou Ibrahim Ben Yahia Yaghmoracen, l'an 696 de l'hégire (1296 1297 de J.C.), après son décès. On suppose que le nom de Sidi Bel Hassen, donné à la mosquée, est celui du célèbre jurisconsulte Abou El Hassen Ibn Yakhlef Et Tenessi, qui professa sous le règne d'Abou Said (1283 1303).
L'intérieur (ancienne salle de prière) présente une surface de 100 m2. Divisée en trois nefs de chacune trois travées, par de belles arcades en fer 8 cheval, retombant sur huit colonnes; deux autres colonnes supportent l'arc d'ouverture du *mihrab, dont la jolie voûte en stalactites repose sur des colonnettes.
Toutes ces colonnes, qui ne manquent ni de finesse ni d'élégance, sont en onyx, sauf deux d'entre elles, détruites dans un incendie qui dévasta le monument au début de l'occupation française, et remplacées par des fûts de simple pierre. D'admirables panneaux de plâtre sculpté, autrefois peints, ornent les parois, surtout vers le mihrab. Le plafond de cèdre, délicatement ouvragé, avait été très endommagé lors de l'incendie: il a été restauré au début du présent siècle, d'après de beaux fragments qui en subsistaient, sur lesquels se voyaient encore des traces de la décoration polychrome primitive.
Plusieurs belles pièces du musée (V. ci dessous) figurent dans cette salle : l'épitaphe d'un roi de Tlemcen, la coudée royale officielle du XIVe s., des chapiteaux, des tables de habous, un bassin d'onyx.
Le musée occupe cette salle ainsi qu'une salle voisine et une autre à l'étage.
Visite : tous les jours, sauf lundi, de 8 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
II renferme des inscriptions (épitaphes et tables de habous) sur marbre et grès, fixées au mur; des stèles funéraires de princes royaux; un cadran solaire; des panneaux de mosaïques de faïence (XlVe s.) ; des linteaux et des bois sculptés (XIIe et XIVe s.), dont ceux provenant de l'ancienne médersa d'Abou Tachfine, autrefois à proximité de la Grande Mosquée; des collections de faïences et de poteries du X° s. (en vitrines) ; des fragments de faïences à reflets métalliques, des margelles de
puits du XVe s. pour la plupart trouvés à Tlemcen et aux environs; des plâtres sculptés (décor floraux et épigraphiques) ou peints.
Au 1er étage, collection géologique et herbier, donnés par l'abbé Brevet.
Au dehors, et dans la petite cour voisine : diverses inscriptions romaines et fragments lapidaires dont deux colonnes avec leurs chapiteaux en onyx, provenant de Mansourah.
Face à la Grande Mosquée, sur la place Émir Abd EI Kader, la mairie r (A.P.C. ; PI. 132) est construite sur l'emplacement de l'ancienne médersa Tachfinia, construite au début du XlVe s. sous le règne du souverain zianide Abou Tachfine. On en a retrouvé en 1973, des traces, lors de nouveaux aménagements de la mairie.
La médersa recouvrait l'emplacement actuel de cet édifice ainsi qu'une grande partie de la place Emir Abd El Kader; elle possédait plusieurs salles de cours, une petite salle de prière décorée, des chambres d'étudiants; des fouilles en cours entreprennent de faire ressortir les principaux éléments de cette médersa qui lut autrefois fréquentée per d'éminents professeurs.
Quartier des Hadars. Ancien quartier des Andalous, il s'étend au N. E. de la place Emir Abd EI Kader. Commerçant et industrieux, il est traversé par la rue Mohammed M'Rabet (anc. rue de Mascara; PI. C2), qui longe la mosquée de Sidi EI Benna (XVe s., sur la g.) ; La pente place, reste de l'ancienne kisaria (ou qisarya), lieu de résidence et de négoce des marchands chrétiens au temps des sultans zianides, centre des affaires du vieux Tlemcen: la mosquée de Sidi Snoussi (à l'angle d'une impasse), flanquée d'un élégant minaret; le hammam Es Sebbaghine (presque en face sur la g.), le bain des teinturiers. Etablissement de fondation très ancienne, mais restauré. Remarquer partout les boutiques, fort originales, des marchands, et les curieux ateliers des artisans : cordonniers, brodeurs, tisserands, etc. La rue M'Rabet aboutit à la porte de Bab El Djid
A l'extérieur du rempart, mosquée de Sidi El Hassen, du XVe s. (en ruines), dont le minaret, peut être plus ancien, est assez bien conservé.
*Mosquée de Sidi Haloui (PI. 81). On l'atteint en longeant vers le N. les remparts, puis après être passé sous la voie ferrée, on découvre la mosquée en contre bas, qui apparaît blanche dans un massif de verdure.
Sur le bandeau qui surmonte l'arcade du portail, une inscription portant la date de 754 de l'hégire (1353 de J.C.) indique le nom du fondateur, souverain mérinide de Fès, Abou Inane Farés.
La façade a été restaurée. On remarquera son bel auvent en bois sculpté. Postérieure de quatorze ans seulement à la mosquée de Bou Médine, cette mosquée a un plan analogue et presque les mêmes proportions. La cour, de 10 m sur 10,50 m, est divisée en cinq nefs de quatre travées. Les arcs brisés outrepassés des trois premières travées sont supportés par huit élégantes *colonnes en onyx (provenant sans doute de Mansourah) dont les chapiteaux sont les exemples les plus parfaits de la décoration maghrébine.
Le portique du mihrab repose sur deux colonnettes; on lit sur le chapiteau de droite : « Mosquée consacrée à la mémoire du cheikh EI Haloui ». et sur le chapiteau de gauche : « L'ordre d'édifier cette mosquée est émané de Farès, prince des croyants ». Les arabesques des murs sont à la fois sobres et riches. Le plafond en bois de cèdre sculpté, d'un dessin très élégant, a été refait de toutes pièces d'après les vestiges de l'ancien plafond, qui ont été déposés au musée.
Le *minaret, qui rappelle celui du Bou Médine, est décoré, sur ses quatre faces, de compartiments dans lesquels sont incrustés des fragments de faïence émaillée.
Près de la mosquée : latrines, dont la porte est abritée par un joli auvent en bois sculpté; salle couverte d'une élégante coupole.
La mosquée est dominée par le mausolée de Sidi Haloui (pierre tombale sans inscription) qui s'élève sur un tertre qu'ombrage un caroubier.
Le marchand de bonbons. Abou Abd Allah Ech Choudsi, ancien cadi de Séville, s'étant retiré à Tlemcen, y avait été surnommé par les enfants Haloui parce qu'il vendait sur la place publique des bonbons et des pâtes sucrées, halouat. Il mourut en 1337.
Vous pouvez voir encore... : Les alentours de la belle place du Commandant Faredj (anc. Esplanade du Méchouar ; PI. B3), au S. de la ville, que l'on atteint en suivant vers le S. l'avenue de l'Indépendance.
Cette place s'étend devant la vieille citadelle du Méchouar, qui forme un rectangle d'environ 490 m sur 280 m et fut bâti en 650 de l'hégire (1145 de J.C.) sur l'emplacement, où Youssef Ben Tachfine avait planté sa tente pendant qu'il assiégeait Agadir.
La citadelle servit de demeure aux gouverneurs almohades, et plus tard aux rois de la dynastie des Zianides. Elle fut appelée du nom de Méchouar (lieu où l'on tient conseil), parce que c'était là que les rois de Tlemcen réunissaient leurs ministres pour délibérer sur les affaires de l'Etat.. En 1516, Aroudj s'y installa en maître, mais en 1518, il dut s'enfuir devant l'armée espagnole qui assiégea la ville durant six mois, pour être rattrapé sur l'oued Melah (V. it. 11 A, km 58).
Le Méchouar doit être concédé aux autorités civiles de Tlemcen et sera certainement modifié et restauré dans un proche avenir.
L'intérieur du Méchouar (on ne visite pas), qui compta autrefois de beaux édifices. était encombré de ruines à l'arrivée des Français; on le déblaya pour y construire des bâtiments militaires et on en restaura l'enceinte, qui a perdu tout intérêt archéologique. On y trouve également le minaret de l'ancienne mosquée (de peu d'intérêt; on ne visite pas), du début du XIVe s., haut de 0 m, carré et couvert de panneaux décorés d'arcades entrelacées; il a subi des remaniements.
A l'E. du Méchouar. à 40 m environ et en dedans. l'enceinte actuelle de la ville, se trouvent les ruines de trois tours en pisé, qui appartenaient à l'enceinte médiévale de Tlemcen.
A l'O. de la place du Commandant Faredj, dans, une rue parallèle à l'avenue de l'Indépendance, s'élève la Maison de la Culture de Tlemcen (1973; arch. Scretti); elle comprend un conservatoire, une salle de théâtre et de cinéma, une bibliothèque, etc. II est prévu de démolir les maisons qui la séparent du Méchouar, afin de dégager sa façade.
Au N. de la Maison de la Culture, l'ancien quartier israélite de Tlemcen a conservé sa synagogue du XVIIIe s. qui a été désaffectée.
En face de la Maison de la Culture, la mosquée de Sidi Brahim, flanquée d'un minaret trapu, abrite une salle très simple à cinq nefs. Le tombeau de Sidi Brahim est placé en dehors de la mosquée, sous une koubba avec une coupole à huit pans et murs ornés d'élégantes arabesques.
La mosquée et la koubba de Sidi Brahim, sont tout ce qui subsiste du vaste établissement constitué, dans la seconde moitié du XlVe s., par le fondateur de la seconde dynastie des Beni Ziane, Abou Hammou Moussa II, qui comprenait une médersa et des sépultures princières.
De la place Mohamed Khemisti (anc. place d'Alger; PI. B2), la rue Bataille Filaoussene (anc. rue Bataille de Stalingrad) conduit à la porte de Fès, ancienne Bab EI Guechout. Elle passe à proximité (à dr.) de la mosquée Oulad EI Iman (PI. A2) ; L’édifice, du début du XIVe s.. a un minaret rectangulaire, haut de 17 m, orné d'une bonne décoration de céramique en trois tons.
L'intérieur est très détérioré; au mihrab, restes d' une décoration en plâtre, de style analogue à celle de Sidi Bel Hassen.
Au delà de la mosquée, la rue aboutit sur la place des Moudjahiddines (anc. place des Chasseurs), où s'élève l'école de filles de la Metchkana, construite dans le style mauresque en 1905 (arch. Petit). Le tombeau de Sidi Maamar Ben Alia, en partie enfoui dans le sol, est voisin.
En dehors de la ville, entre les portes de Fès et d'Oran, au pied même des murailles, est situé le Sahrij (Grand Bassin), long de 200 m, large de 100 m et profond de 5 m
Le Sahrij fut creusé par Abou Tachfine, qui fut roi de Tlemcen de 1318 à 1337, probablement pour imiter le bassin semblable qu’Abd El Moumene avait fait construire à Marrakech. D'après une légende, le Sahrij était destiné à distraire la fille d'un roi de Tlemcen, qui venait s'y baigner. Il est plus probable qu'il devait servir à l'irrigation des jardins. Son alimentation était assurée par des sources captées à Lalla Setti. On rapporte qu'Aroudj, après la prise de Tlemcen, en 1518, y fit noyer les derniers princes de la dynastie des Zianides, au nombre de vingt deux . Le Sahrij est aujourd'hui à sec; peut être faut il espérer de le voir remettre en eau.
Face au Sahrij, le lycée Benzerdjeb abrite une bibliothèque riche d'une centaine de manuscrits d'auteurs arabes anciens.
Du Sahrij, on peut gagner, en quelques minutes. Bab EI Karmadine, la porte des Tuiliers (dénomination provenant d'un atelier de poterie, découvert en 1813, par A. Bel). vestige intéressant de l'ancien rempart almohade (XII* s.), au N. de l'enceinte actuelle, à proximité duquel Yaghmoracen faillit être massacré par les chefs de sa garde chrétienne.
A 600 m de là, sur la route d'Hennaya, cimetière israélite (à g.), en face du tombeau du Rabb Ankaoua qui, vers la fin du XIVe s., donna un nouvel essor à la communauté juive de Tlemcen.
Agadir et Sidi Yakoub. Sortir par la rue M'Rabet (anc. rue de Mascara) et la porte Bab El Djedid (PI. D2).
Agadir (les remparts ou la forteresse, en berbère), la Tlemcen primitive, bâtie sur l'emplacement de Pommaria, était entourée par un fort talus en escarpement, excepté au S., et dans une partie de l'E., où elle dominait le ravin de l'oued Kalna. De son enceinte en pisé tant de fois relevée, il ne reste plus, à moitié écroulés, que les murs du N, et ceux de l'E.
Un *minaret est le seul vestige de la mosquée, fondée vers 790 par Idris1er encore n'accuse t’il pas une origine aussi ancienne : il serait du milieu du XIIIe s. Sa base repose sur des pierres taillées d'origine romaine: dont Quelques unes portent encore leurs inscriptions. De nombreuses autres inscriptions latines furent découvertes à Agadir. Elles datent pour la plupart de l'époque chrétienne, les plus récentes sont du VIl, s. de notre ère.
Au delà du minaret, sur un escarpement, restes de remparts croulants, vestiges de l'ancienne Bab El Akba (porte de la Montée).
En contrebas, dans le cadre d'un ravissant paysage, s'élève le tombeau de Sidi Daoudi Ibn Nacer, qui fut le premier patron de Tlemcen, jusqu'au tour où Sidi Bou Médine le détrôna.
On pénètre alors dans de beaux bois d'oliviers; çà et là, s'élèvent des koubbas, les unes sont blanchies à la chaux, les autres ruinées.
De la gare de Tlemcen (voisine de la route d'Agadir). un sentier ombragé descend au *bois sacré de Sidi Yakoub, où se trouvent d'imposants pistachiers térébinthes ombreux. II abrite : le très modeste tombeau de Sidi Yakoub, à ciel ouvert, l'élégante koubba de Sidi EI Ouahhab Ben Monabbih. Le tombeau de la Sultane est une koubba construite en briques sur plan octogonal supportée par des arcades polylobées ouvertes; elle a été édifiée, peut être, dans la seconde moitié du XII, s. (restaurée).
Autre koubba un peu plus haut, II y avait là probablement un cimetière plus ancien que celui de Bou Médina.
EI Eubbad; mosquée de Sidi Bou Médine (2 km S. E.; promenade très recommandée). Sortir de Tlemcen par la rue du Ier Novembre (anc. rue de Sidi Bel Abbés), puis prendre à dr., à 150 m environ des remparts, le boulevard Khedim Ali. Sur la g. on voit les restes de l'ancienne enceinte, notamment au lieu dit Bit Er Rich où ils représentent sans doute l'ancienne porte dite Bab El Djiad.
Au-delà d'un rond point orné d'une fontaine moderne, on laisse sur la g. le nouvel hôtel des Zianides (arch. Pouillon), puis plus loin sur la dr. le stade olympique de 18 000 places.
Prendre à g. pour traverser l'ancienne makbara, vaste champ des morts, où s'amoncelèrent pendant des siècles les tombes des Tlemcéniens. Sur la dr., grand cimetière musulman planté de cyprès: plus loin, nécropoles désaffectées des deux côtés du chemin, A dr. s'élève la koubba de Sidi Snoussi (grand théologien mort en 1489), que couvre un toit de tuiles vertes. Plus loin. au pied du minaret en ruines d'une mosquée disparue, une petite koubba abrite le tombeau de Sidi Mohammed Ibn Ameur, décédé en 1344, et de son fils Mohammed, mort en exil, à Bejaia, en 1355 ; Personnages célèbres dans les annales de l'histoire Tlemcénienne.
A g. de la route, face au minaret. Ruines élégantes de la koubba d'Abou lshak Ibrahim Et Tayar, illustre marabout mort à Tlemcen en 1300: il avait, dit on, le don des miracles et notamment la faculté de se transporter par enchantement d'un lieu dans un autre, d'où le nom Et Tayar, l'homme
volant.
**EI Eubbad est un petit village entouré de jardins luxuriants, encore appelé Bou Médine, du nom de l'un des saints personnages les plus réputés du Maghreb central.
Un grand professeur envié. Choaïb Ibn Hussein EI Andalousi, surnommé Abou Madiène EI Ghouts, et dans le langage populaire Sidi Bou Médine, naquit à Séville vers 1126 (520 de l'Hégire). II suivit les écoles de Séville et de Fès. Il visita ensuite Tlemcen et la Mecque, puis professa à Bejaia, où il s'établit définitivement. Desservi par des envieux auprès du souverain almohade Yakoub EI Mansour. Il fut appelé à Marrakech par ce prince. Le marabout se mit en route, conformément aux ordres de Yakoub; mais, arrivé à l'oued Isser, il mourut sans avoir pu toucher au terme de son voyage (594 H.; 1197-1198 J. C.). Transporté à EI Eubbad, il fut enseveli dans un endroit où étaient déjà enterrés plusieurs saints de distinction. Mohammed En Nasser, successeur d'EL Mansour, fit élever un mausolée à la mémoire de Sidi Bou Médine, L'importance d'El Eubbad s'accrut beaucoup lors de l'occupation de Tlemcen par les Mérinides, dont ce lieu fut le pèlerinage préféré; de cette période datent la mosquée et la médersa. Au début du XVe s., Léon l'Africain en parle comme d'une petite ville florissante, dont les habitants excellaient: dans l'art de la teinture.
Koubba et *mosquée de Sidi Bou Médine '"A L'extrémité E. et au point culminant du village, une porte en bois, peinte d'arabesques, s'ouvre sur une *cour dallée en petits carreaux de marbre blanc. A dr. la mosquée, à g. la koubba.
On accède à la koubba (pour visiter. S’adresser au gardien) en descendant dans une petite cour à arcades retombant sur des colonnes d'onyx originaires de Mansourah. A dr. de l'escalier tombes de quelques personnages privilégiés; à g., puits dont la margelle de marbre est profondément entaillée par le frottement de la chaîne, qui sert depuis un temps immémorial à puiser une eau réputée entre toutes.
L'édifice date de la fin du XIIIe s.. mais il a subi de multiples remaniements. du XIVe s. à la fin du XVIIIe s: la décoration intérieure, de facture maladroite, a du être exécutée vers 1793.
Dans la koubba, très sombre, se dresse, sous un dôme percé de fenêtres étroites, une chasse en bois sculpté, recouverte d'étoffes lamées d'or et d'argent, de drapeaux de soie brodés d'inscriptions; là repose Sidi Bou Médine. Des neufs d'autruche, des cierges, des lustres, des lanternes et des étoffes pendent du plafond au-dessus du tombeau; aux murs couverts d'arabesques, sont accrochés des tableaux et des miroirs. A côté de Sidi Bou Médine, une autre châsse couvre les restes de Sidi Abd Es Selam
Et Tounsi, l'un de ses meilleurs disciples.
On montre la place où fut inhumé l'émir almohade Es Saïd, tué dans un combat à Temzezdekt contre Yaghmoracen, le fondateur de la dynastie des Beni Ziane.
La *mosquée, qui occupe un rectangle de 30 m sur 18 m environ, a été construite, ainsi qu'en témoignent deux inscriptions, l'une sur le porche, l'autre sur les chapiteaux du mihrab, par un sultan mérinide de Fès, conquérant de Tlemcen, Abou EI Hassen Ali, appelé le « Sultan Noir », en 1339. C'est un monument de pur style hispano-mauresque comme il s'en fit à la même époque à Grenade et à Fès.
On y pénètre par un *porche monumental (restauré), extérieurement décoré de remarquables mosaïques de faïence, qui abrite un escalier de onze marches; les murs intérieurs sont revêtus de fort beaux plâtres sculptés; une riche *coupole à stalactites, qui est l'exemple le plus important à Tlemcen de ce genre de travail, le couvre. En haut s'ouvre une *porte en bois de cèdre, dont les vantaux sont revêtus de plaques de bronze ajouré et assemblées sous un réseau géométrique.
Une porte à la mer... Ce chef d’œuvre, unique en Algérie, a sans doute été exécuté par un artiste andalou; c'est ce qu'exprime la légende, qui veut que la porte de Bou Médine, fabriquée en Espagne pour prix de rançon d'un captif, ait été jetée è la mer et soit arrivée miraculeusement par cette voie en Afrique, elle a été restaurée au début du siècle par un artiste Tlemcénien de haut mérite, Si Mohammed Ben Kalfate. A dr. du porche, un *minaret, d'élégantes proportions et d'une riche décoration de réseaux de briques et de céramiques, complète heureusement l'ensemble de la façade: on y monte par un escalier intérieur (entrée à dr. du portique d'accès à la mosquée; du sommet, très belle ' vue).
La cour de la mosquée mesure 10 m sur 11 environ; le portique qui l'entoure est formé de piliers prismatiques. La salle de prière de 19 m sur 15, a cinq nefs de quatre travées; les arcs en fer à cheval reposent sur des piliers quadrangulaires.
L'enduit de plâtre des murs est sculpté; le décor est d'une élégante simplicité. Les plafonds à caissons sont traités de même.
Une coupole ajourée couvre la travée qui précède le *mihrab, qui est voûté d'un cul de four à stalactites; l'arc par lequel il s'ouvre sur la salle de prière repose sur deux colonnes d'onyx dont les *chapiteaux sont d'un galbe parfait et d'une grande finesse.
La *médersa (université musulmane), contiguë à la mosquée, a aussi été construite par Abou El Hassen Ali en 1347 ; Elle fut, entre autres, fréquentée par le célèbre historien maghrébin Ibn Khaldoun.
Cet édifice, auquel donne accès une porte ornée de faïences, a beaucoup souffert: il se compose, comme une mosquée, d'une cour et d'une salle pourvue d'un mihrab. La cour est entourée d'un portique à étage, sur lequel s'ouvrent d'étroites cellules destinées aux tolba (étudiants). La salle est couverte d'une coupole en bois 8 ornements géométriques, qui date de l'époque turque. La décoration murale de plâtre qui avait presque totalement disparu a été restaurée en 1973, par des artistes marocains, suivant les procédas traditionnels.
Derrière la mosquée se trouvent les ruines d'un édifice de la même époque (1353) désigné sous le nom de Dar Es Soltane (la maison du sultan) : il comprend une dizaine de chambres disposées autour de trois patios, où subsistent les traces d'une ornementation somptueuse. *Vue admirable sur la vallée.
3 *Mansourah, plateau de Lalla Setti et EI Kalaa (circuit d'env. 15 km: Mansourah est, avec Sidi Bou Médine, le complément indispensable de la visite de Tlemcen). Sortir de Tlemcen vers l'O. par le boulevard Mohammed V et la route d'Oujda.
1,5 km : Bab EI Khemis, belle arcade en fer à cheval, qui a 4.50 m de largeur et 9 m de hauteur sur 4 m de profondeur (restaurée). A g., sur la crête se voit le mausolée de Lalla Setti ; à mi pente, ruines du msalla, ancien lieu de prière commune des habitants de Mansourah, comportant une enceinte avec mihrab, construite au XIVe s.
3 km : On atteint l'enceinte de Mansourah, élevée en 1302 par Abou Yakoub autour de son camp, qui devint une ville dés la quatrième année du premier siège de Tlemcen.
Victorieuse. Cette ville, que son fondateur Abou Yakoub établit sur son camp eu début du XIVe s. alors qu'il assiégeait Tlemcen, reçut le nom d'El Mansourah, c'est à dire la Victorieuse. Le souverain mérinide ayant été assassiné en 1307, Mansourah fut évacuée. Mais vingt huit ans plus tard, de nouvelles mésintelligences ayant éclaté entre les Zianides de Tlemcen et les Mérinides de Fès Abou EI Hassen, releva Mansourah, qui devint, après la prise de Tlemcen, le siége du gouvernement mérinide du Maghreb central; Abou Et Hassen s'y fit construire un vaste palais, où il résida longtemps. Lorsque les Zianides eurent reconquis Tlemcen, Mansourah fut frappée d'un arrêt de
destruction, cette lois sans appel.
Une partie de l'enceinte, presque tous les bastions et le minaret de la mosquée sont encore debout.
Les *murailles, d'un développement de 4 000 m environ, délimitaient une superficie de 100 ha. En pisé, épaisses de 1,50 m et hautes de 12 m, flanquées d'environ 80 tours barlongues ou carrées, elles ont à peu prés disparus à l'E. et au S.; Les parties qui en subsistent, surtout au N. et à l'O. offrent encore un aspect imposant.
La mosquée est située, ainsi que le minaret, sur un petit mamelon, à g. de la route; c'est un rectangle de 100 m sur 60 m, dont la salle de prière, qui comportait treize nefs de neuf travées, ne présente plu aujourd'hui que ses murs en pisé.
C'était, dit M. Saladin, « le type de la mosquée maghrébine du XIVe s., d'une façon complète, magistrale et classique ». Les fouilles faites à l'intérieur ont amené la découverte de ces magnifiques colonnes en onyx, dont quelques spécimens ont été réunis dans les musées de Tlemcen et d'Alger.
Le *minaret, chef-d’œuvre de l'art hispano-maghrébin est l'un des plus beaux de la période classique (restauré en 1878 par M. Duthoit). Pour son style, il est à rapprocher de la Tour Hassane de Rabat, la Koutoubiya de Marrakech et la Giralda de Séville.
S'élevant dans l'axe du mihrab, il est percé d'une porte monumentale servant d'entrée principale.
Cette baie dessine une belle arcade mauresque; la pierre, quoique rongée par le temps, laisse encore voir de fines sculptures, dont une inscription commémorative d'Abou Yakoub. Au dessus, élégantes consoles à stalactites.
Le minaret, haut de 40 m, pouvait, lorsqu'il était complet, en avoir 45. Les parois. à décor sculpté, portent encore les traces d'une mosaïque à carreaux vernissés; des fenêtres. dont l'arceau retombe sur des colonnettes en onyx, éclairaient le plan incliné (servant d'escalier), disparu avec la face S. du minaret. Tout en haut, frise d'arcatures soutenues par des colonnettes.
Le côté faible des Infidèles. La légende rapporte que le sultan mérinide, ayant hâte de voir terminer la mosquée, lit construire le minaret par des ouvriers musulmans et des ouvriers chrétiens ou juifs, et que la partie S. du minaret, aujourd'hui détruite, est précisément celle qui avait été élevée par les mécréants.
Un vaste espace entouré de murs, une tour à demi écroulée, un bassin et d'autres vestiges signalent, au point culminant de Mansourah, à l'extrémité S. E. du village moderne. l'emplacement d'un édifice qui n'était autre que le palais de la Victoire, du sultan Abou El Hassen, achevé en 1345, ainsi qu'en fait foi l'inscription d'un chapiteau trouvé à, cet endroit.
De là, on pourra atteindre le (env.. 8 km) plateau auprès de la koubba de Lalla Setti « la gardienne de la ville », d'où la *vue est magnifique sur Mansourah, dont on découvre tout l'ensemble des vestiges mérenides. ainsi que sur Tlemcen et toute la plaine.
On pourra redescendre en ville à travers des boisements de pins et en passant par (13 km) EI Kalaa, village étagé sur une pente abrupte et traversé par un oued qui tombe 'en cascades.
EI Ourit et les grottes des Beni Ad (12 km E. jusqu'à Ain Fezza sur la route de Sidi Bel Abbés). Sortir de Tlemcen par la rue du 1er novembre.
7 km : EI Curit, « le gouffre ». est le nom de l'oued pendant sa chute; il provient de l'oued Mefrouch ( l'étendu »), qui descend du plateau d'un **cirque couronné de magnifiques escarpements de roches rouges, entremêlées d'un fouillis d'arbustes de toutes sortes; plus bas, il porte le nom d'oued Safsaf.
La voie ferrée traverse les cascades sur un pont en contre-haut de celui de la route.
Du haut d'El Ourit on peut revenir à Tlemcen par les olivettes et Bou Médine (V. au-dessous, 2), promenade qui permettra de se rendre compte des procédés d'irrigation utilisés pour leur culture.
12 km : Ain Fezza, où s'embranche à dr. le chemin qui conduit (5 km) à un amphithéâtre rocheux, sur lequel s'ouvre l'entrée des *grottes des Beni Ad.
De gros trous. Le massif de Tlemcen présente les phénomènes ordinaires des pays de calcaires fissurés; comme dans les Causses fiançais, grottes, avens, galeries souterraines y abondent. De ces curiosités naturelles, la plus intéressante et la plus accessible est l'ensemble connu sous le nom
de grottes des Ahl El Oued ou des Beni Ad.
Conditions de visite : demander un guide auprès de la mairie d'Ain Fezza. La visite s'effectuant actuellement les samedis après-midi et dimanches doit devenir quotidienne; se renseigner auprès de la mairie d'Ain Fezza ou au syndicat d'initiative de Tlemcen. La visite prend 2 h environ.
Par un large et bas couloir en pente on débouche dans une salle souterraine de belles dimensions.
Deux autres vastes salles sont reliées à la première par d'étroits passages. Toutes trois sont garnies de stalactites et de stalagmites du plus bel effet.
5 Ain EI Hout et Ouzidane (circuit d'environ 29 km au N. de Tlemcen). A la sortie de la ville, suivre la route de Beni Saf et tourner à dr. (3 km) sur Bréa.
7 km : Aïn EI Hout (la source des poissons), village en contre-haut de la rive g. du Safsaf, qui fut surtout peuplé de marabouts d'origine chérifienne.
A l'entrée du village, petit bassin où nagent des poissons sacrés, selon la légende qui dit qu'une vierge poursuivie par Djafar, fils d'un roi de Tlemcen, se changea en poisson pour lui échapper.
Parmi les koubbas, deux sont de l'époque turque (XVIIIe s.) : celle de Sidi Abdallâh Ben Mansour. au flanc de la colline dominant le village à l'0., et celle de Sidi Mohammed Ben Ali (à 200 m plus au N.).
D'Ain EI Hout on peut gagner à pied en 1 h env.. le village d'Ouzidane (ci-après). En voiture il faudra redescendre sur Tlemcen, puis tourner sur la g. et traverser le Safsaf.

19 km : Ouzidane, village pourvu d'eaux abondantes et entouré de beaux vergers. Aux environs,
nombreuses grottes et cavernes; un gisement acheuléen a été découvert dans la région.

FORETS DE Zariféte ET D'HAFIR
A 30 mn 0., prés du Safsaf, se trouve Tihammamine; d'une grotte jaillit une source thermale qui
emplit une piscine, au pied des roches.

6 Forêts de Zariféte et d'Hafir. Les promenades dans ses forêts peuvent se faire en partant de la
route de Sebdou et EI Aricha, décrue à l'it. 14.


De Tlemcen à Ghazaouet , Qu'on les traverse ou qu'on les contourne pour atteindre Ghazaouet, /es
Monts des Traras sépareront toujours Tlemcen de la mer. La première solution permet surtout de
découvrir Nédroma, sœur mineure de Tlemcen; la seconde, de pénétrer dans la riche plaine de Maghnia
qui s'ouvre largement sur le Maroc. Mais avant d'atteindre celle-ci, il faudra côtoyer /es monts de
Tlemcen, ou bien s'y enfoncer franchement pour admirer le site du barrage des Beni Bahdel, ou encore
faire une pointe jusqu'au centre minier d'El Abed. Ghazaouet est le débouché maritime d'El Abed et
des produits agricoles des p/aines avoisinantes.


De Tlemcen à Ghazaouet par Maghnia Route : 103 km N. O, par les N 7 et 7A, route sinueuse entre
Tlemcen et Maghnia, bonne au delà. Pour ce parcours entre Tlemcen et Maghnia, on peut choisir la
variante par les W 54 et 46, décrite ci-après. La route est plus longue, mais plus attrayante.
Jusqu'à Mansourah, le trajet des deux parcours est le môme.

Autocars : services directs pour Maghnia et Oujda, ou Maghnia et Marsa Ben Mehidi.

Chemin de fer : entre Tlemcen et Maghnia, sur la ligne d'Oujda.

De Tlemcen à Maghnia par les Beni Bahdel (76 km 0., par les W 54 et 46). Sortir de Tlemcen par la
route de Mansourah (V. it. 12 B, 3). Prendre à (3 km) Mansourah la route de Sebdou sur quelques km,
puis à dr. la W 54 qui continue à s'élever. La route traverse la forêt d'Hafir. puis la jolie vallée
de la Tafna (V. ci-après, it. principal, km 50), où s'échelonnent les villages berbères des Beni
Snous, renommés pour leurs cultures, leurs petites mosquées anciennes et surtout leurs nattes d'alfa
décorées de laine.

32 km : Embranchement à g. vers le petit village de Tléta et celui de Tafessera qui possède une
petite mosquée de style mérinide. avec mihrab décoré dans la salle de prière et un autre dans la
cour.

37 km.: Embranchement d'une route remontant la vallée de l'oued Khemis.

A 30 km S. 0. env.. : Mazzer, village des Beni Snous, à peu de distance de l'oued Tifoussa, affluent
de la haute Tafna. De Mazzer une piste continue à remonter la jolie vallée de l'oued Khemis en
traversant la forêt des Beni Bou Said pour atteindre la route de Maghnia à EI Abed.


41 km : A dr. village des Beni Bahdel, à proximité du barrage, et dont une partie de la population
loge dans des grottes naturelles, a véritables nids d'aigles » creusés dans une énorme falaise
travertineuse de 80 m de haut, à pic au-dessus du barrage.

Le barrage des Beni Bahdel a une retenue de 73 millions de m3. L'ouvrage, en béton armé, haut de 54
m, dont les voûtes multiples ont 20 m de portée, est limité par une digue qui s'étend sur 400 m de
longueur. Le débit annuel de 50 millions de ml permet d'irriguer 12 000 ha et 6 500 ha
supplémentaires dès 1974. II est en outre utilisé pour alimenter la ville d'Oran en eau douce (50000
ml par jour) et relié à elle par une conduite de 180 km partant de Bou Hallous (ci-après).

Au delà du barrage, la route descend la vallée de la Tafna.

60 km : Bou Hallou, bassin de décantation et laboratoire de la ville d'Oran.

78 km : Maghnia, ci-après, it. principal, km 53.

Sortir de Tlemcen par la route de Mansourah (V. it. 12 B. 3) jusqu'au delà de (3 km) la mosquée
ruinée de Mansourah. Vignobles et oliviers agrémentent le parcours. La route traverse une région
accidentée et s'élève par des virages accentués en offrant de jolies vues sur Tlemcen. Bientôt, le
paysage, plus sauvage, est fort beau et fait penser au Rif marocain.

33 km : Sabra (anc. Turenne), commune agricole entourée de beaux vignobles. On domine tout le
paysage à l'0., et l'on pénètre dans des boisements (thuya, lentisque, olivier sauvage) dépendant de
la forêt de Tameksalet.

60 km : Pont sur la Tafna.

La Tafna est le dernier fleuve important de l'Algérie occidentale. Partie des monts de Tlemcen aux
environs de Sebdou, elle en descend par des gorges profondes. Après avoir reçu la Mouïlah venue de
Maghnia. L'Isser venu d'Ouled Mimoun, elle se jette dans la Méditerranée, à Rachgoun, après un
parcours sinueux d'environ 150 km.

63 km : Maghnia (prononcer Marnia; 365 m d'alt.; daïra de 78 900 hab.), dans une vaste plaine
irriguée par des canaux dérivés de la Tafna.

Lalla Maghnia. La ville s'est formée autour d'une redoute bâtie par les troupes françaises en 1844
sur l'emplacement d'un poste romain nommé Numerus Syrorum, Elle doit son nom à la sainte musulmane
Lalla Maghnia, dont elle abrite le mausolée, élevé croit on vers la lin du XVIIIe s. et entouré d'un
cimetière musulman; fête annuelle au Djemaa El Betaim (« bois de térébinthes »).

Maghnia a vu naître, en 1916, Ahmed Ben Bella, premier président de la République algérienne.

Dans le cadre de la Réforme agraire, la plaine irrigable de Maghnia (plaine des Amgad) fait l'objet
de nouveaux équipements, notamment l'usage d'aspersion hydraulique permettant de développer les
cultures maraîchères, fruitières, fourragères et l'élevage (ovin et bovin).

A 11 km N. E. : Hammam Boughrara, station thermale à 260 m d'alt; eaux sulfatées et bicarbonatées à
45 °C. La station sera équipée de salles de massages, piscines de rééducation, etc. (équipement
prévu pour 1 450 bains par jour), que compléteront un ensemble de bungalows individuels, un terrain
de sports et une piscine. De là la N 35, qui longe la vallée de la Tafna, rejoint la route de
Tlemcen à Beni Saf.

A 13 km N. : Hammam Chighel ou Hammam Sidi Cheikh, sources thermales chlorurées sodiques très
abondantes, dont l'une (53 °C) a été captée pour l'alimentation d'une piscine à leur chute dans
l'oued, belle végétation d'algues et de mousses. La route W 46 continue au N. vers Nedroma et
Ghazaouet (V. it. 13 B).

De Maghnia à EI Abed (48 km S.. route pouvant être obstruée par mauvais temps). La route se dirige
droit au S., remontant l'oued Taher, pour atteindre une agréable région boisée.

11 km : Marabout de Sidi Mohammed, près de la source d'Ain Kerma, dans le bled Takkouk.

35 km :Piste à dr. vers le Ghar Roubane (plomb argentifère), en terrain boisé, à environ 1 000 m
d'alt., d'où l'on peut faire l'excursion du Ras Asfour (1 588 m). La route se rapproche du Ras
Asfour et offre de jolies vues.

58 km : EI Abed, nouvelle agglomération , proximité des mines de zinc et de plomb qui ont longtemps
dépendu des: mines similaires de Zellidja au Maroc. Une usine d'enrichissement du minerai est en
construction et une usine de flottaison permet de traiter 2 200 tonnes de minerai par jour.

H A 48 km N. E. : Sebdou (it. 14), par le col de Sidi Djlali, à 1 600 m entre le djebel Dourdaz au
N. E. et le djebel Mederba (1 643 m) au S. 0. ; du marabout de Sidi Djilali. belle vue sur la haute
vallée de Magoura, tributaire de l'oued Za et par conséquent de la Moulouya.

Au sortir de Maghnia, la route s'incline vers le S. O. et s'enfonce dans la plaine des Angad d'une
altitude moyenne de 500 à 600 m, aux terres rougeâtres récemment défrichées.

58 km : Embranchement à g. vers Chebikia, nouvelle réalisation de la Réforme agraire, et au-delà (26
km de Maghnia) Oujda, au Maroc. Continuer par la N 7A qui contourne plus loin le djebel Bou Abhou,
culminant à 786 m.

78 km : Sidi Bou Djenane; la route N 7A continue à g. vers Marsa Ben Mehidi: continuer à dr. par la
N 7AA.

De Sidi Bou Djenane à Marsa Ben Mehidi (42 km N. O., par la N 7A). La route atteint bientôt la
vallée de l'oued Kiss.

21 km : Menasseb Kiss, à 410 m, d'où se détache à g. une route qui enjambe l'oued Kiss, qui marque
la frontière Algéro-Marocaine et qui est également bordé par une autre route frontalière marocaine
allant à Saidia.

M 42 km : Marsa Ben Mehidi (anc. Port Say), auprès d'un petit port construit on 1906 et devant
être aménagé en port de plaisance en même temps que sera créé le complexe touristique Algéro-
Marocain de Marsa Ben Mehidi et Saidia; très belle plage; pinède.

La route N 7A, après plusieurs virages, descend progressive­ ment vers Ghazaouet.

89 km : Ici eut lieu, en septembre 1845, l'attaque, par l'Émir Abd El Kader, de la colonne du
colonel Montagnac. au revers N. du djebel Kerkour, qui s'élève à 572 m.

NÉDROMA

92 km : Sidi Moussa EI Anber, marabout vénéré dans toute la région.

A 2 km E. : Marabout de Sidi brahim, où se réfugièrent et tinrent pendant trois jours les survivants
du combat du djebel Kerkour (ci-dessus), pour tenter ensuite de gagner Nemours (Ghazaouet), où
parvinrent douze hommes seulement.

A 2 km S. : Marabout de Sidi Tahar, où l'Émir Abd EI Kader se rendit, le 28 novembre 1847, au
général de Lamoricière, qui le conduisit à Nemours pour le remettre aux mains du duc d'Aumale.

Avant d'arriver à Ghazaouet, la route franchit l'oued El Marsa. 103 km : Ghazaouet, it. 13 B, km 78.
'

13 B De Tlemcen à Ghazaouet par Nédroma

Route : 78 km N. 0., par les routes N 22, W 38 et W 46, itinéraire plus rapide que l'itinéraire 13
A, si ce n'est la traversée sinueuse des Traras.

Autocars : services pour Nédroma et Ghazaouet.

A la sortie de Tlemcen, suivre la route N 22 de Beni Saf jusqu'à Hennaya où l'on prend à g. la W 38.
La route s'incline vers l'0. et se rapproche de l'oued Bou Messaoud, affluent de la Tafna. 18 km : A
1 km à g., Sidi Messaoud, au confluent des oueds Bou Messaoud et Bou Medjmar. La route traverse le
plateau des Zenata, passe auprès des douars des Ouled EI Mehdi et Ouled Sidi EI Bachir.

30 km : Pont sur la Tafna, d'où la route s'infléchit davantage vers l'0. pour remonter par le
versant de la vallée de l'oued Bou Kioui. Après avoir croisé la N 35 directe vers Maghnia, la route
s'élève dans le massif des Traras, orienté du N. E. au S. 0. et séparant le bassin de la Tafna (à
l'E.) de celui de l'oued EI Marsa (à l’O.)

53 km : Aïn Kebira (la « grande source »), en contre bas de la route, siège de la zaouïa de Sidi
Mohammed Derouiche, dans un col au pied du djebel Fillaoussene, qui culmine à quelque distance au S.
à 1156 m, et d'où l'on jouit d'un panorama grandiose (les côtes d'Espagne par temps clair). La route
descend, offrant une *vue magnifique sur Nédroma.

60 km: Nédroma (420 m d’alt.), gentille petite ville admirablement située, au fond d'un cirque
verdoyant au revers N. du djebel Fillaoussene et au pied du col de Taza. Une unité artisanale
en création doit se consacrer au tissage de tapis et tissus de laine, ferronnerie, poteries,
meubles, broderies sur tulle et den­telles au petit point, qui sont déjà l'activité traditionnelle
de Nédroma.

Berceau des Almohades. La région de Nédroma est le lieu d'origine de la dynastie des Almohades.
Abd EI Moumene (né dans les environs, à Tagra), appartenait è la collectivité berbère des Koumia,
qui occupait alors le pays; soumis è la doctrine d'Ibn Toumert, il entreprit la conquête du royaume
Almoravide (XIIe s.). Le nom de Traras n'apparaît pas avant le XVIIIe s. On ignore la date de la
fondation de Nédroma, qui remplaça probablement une ville berbère plus ancienne, du nom de
Fellousene. Nédroma, qui est mentionnée pour la première fois au XIe s. par EI Bekri, semble avoir
généralement partagé les destinées de Tlemcen. Au XVe s., Nédroma accueille les immigrants chassés
par la « Reconquista espagnole et devient à partir du XVIe s. un important centre de textile.

Nédroma fut entourée de vieilles murailles flanquées de tours crénelées, dont on voit encore les
restes, La Grande Mosquée almoravide (fin du XIe s.) est contemporaine de celle d'Alger; le minaret
a été construit en 1348. Des neuf autres mosquées de la ville, les seules à signaler sont Sidi Yahia
Ben Aoufine, édifice à coupoles multiples, et Sidi Bou Ali. plus ancienne que la Grande Mosquée.

H A 14 km N. Sidna Youcha, à l'embouchure de l'oued Sidna Youcha, où un marabout serait selon
la légende celui de Josué ; plage fréquentée en été par les habitants de Nédroma. Non loin de là se
trouve une grotte, dominant la mer, consacrée à Lalla Setti.

A 35 km N. E. : Honaîne mouillage abrité par le cap Nouha, pointe avancée du djebel Tadjera (861 m),
sommet qui sert de repère aux navigateurs sous le nom de table de Noé.

Honaîne occupe l'emplacement d'une ancienne forteresse du XIIe s., qui lut une cité berbère
florissante eu milieu du XIIe s. et devint la port de Tlemcen su XIIIe s. Occupé par les Espagnols
en 1531, il fut évacué trois ans plus tard après avoir été détruit.

Sur un plateau rocheux qui s'élève au-dessus de la plage on voit encore les restes de remparts
flanqués de sept tours carrées et le chemin de ronde qui entoure l'ancienne citadelle. A noter
encore les ruines d'un hammam, d'une mosquée et la porte de la Mer (les ruines ont été restaurées en
1952).

Les mines de fer voisines de Ghar Madine utilisées par les Beni Ouarsous, les Beni Khallad et les
Beni Abed sont aujourd'hui abandonnées.

La route continue à descendre dans la vallée de l'oued El Marsa, appelé encore oued El Tlata, et
laisse à g. une bifurcation vers Marsa Ben Mehidi (V. it. 12 A secondaire, Bou Djenane e à Marsa Ben
Mehidi). Après avoir traversé L'oued celui-ci s'enfonce dans des gorges. De petits villages sont
campés à flanc de coteau.

78 km : Ghazaouet (anc. Nemours: daïra de 69100 hab.). petit port de pêche (sardines et anchois) et
de commerce à l'embouchure de l'oued EI Marsa. au revers de la colline de Djemaa Ghazaouet; terminus
du tronçon de voie ferrée qui relie le port de Ghazaouet à la ligne d'Oran à Oujda et en fait le
port d'embarcation d'une grande partie des produits du Maroc oriental. Son trafic a connu une grande
baisse depuis 1954,néanmoins, en 1967, les importations étaient de 12 millions de tonnes et les
exportations de 180 millions de tonnes. La nouvelle usine d'électrolyse du zinc donne un regain
d'activité à la localité. Le climat, exceptionnellement doux et égal, fait
de Ghazaouet une station hivernale privilégiée.

Ad Fratres des Romains, « les Deux frères », nom conservé par deux masses rocheuses émergeant à 380
m au large, Ghazaouet est mentionné au Xie s. par EI Bekri comme un port défendu par une forteresse
et un ribat. Cependant, c'est sur le plateau de Taount (ci-après) qu'il faut chercher les restes de
cette ancienne ville, qui prit eu temps des Turcs la nom de Djemaa Ghazaouet « la réunion des
pirates « . Le Nemours français a été fondé en 1844, lors de la guerre du Maroc, pour servir au
ravitaillement des colonnes militaires.

Ghazaouet possède maintenant un port abrité. pourvu de deux jetées (au N., de 400 m; à l'0., de 475
m), en avant desquelles a été construit un brise-lames de 400 m. Un phare d'une portée de 12 à 22
milles a été construit à la pointe de la colline 0.

A proximité du port. l'usine d'électrolyse du zinc peut traiter 700000 tonnes de zinc
provenant de la mine d'El Abed (V. it. 13 A secondaire, De Maghnia à EI Abed ) et produire 40000
tonnes de zinc pur, dont une partie est réservée au complexe sidérurgique d'El Hadjar, 60 000 tonnes
d'acide sulfurique et 140 tonnes de cadmium. Dans le vallon de la Ghazaouana, jardins et vergers
très productifs culture de la banane et des fruits exotiques. Dans les montagnes
voisines, importants gisements de minerais variés.

A 1 km E. : Colline de Taount (124 m) ou de Djemaa Ghazaouet, dont les flancs escarpés sont
couronnés par un plateau qui domine à pic le côté E. de la baie. Sur ce plateau, intéressants
vestiges d'un vieux Château berbère, épaisses murailles en pisé, flanquées de grosses tours carrées.

A 1 km 0. : Phare de Ghazaouet, à proximité duquel, en 1938, les pêcheurs italiens de Nemours
avaient fait ériger la petite chapelle Saint-pierre. De là, très belle vue.


14 De Tlemcen à Aïn Sefra

Le parcours de Tlemcen à Ain Sefra, est à peu près comparable é celui d'Alger à Bou Saada ou d'Oran
â Laghouat, c'est-à-dire que l'on coupe perpendiculairement les grandes formes parallèles de
relie!, que l'on passe d'un pays méditerranéen à un pays saharien, avec les changements de
végétation et de climat que cela impose; c'est encore avoir un aperçu complet, quoique schématique,
de la diversité de l'Algérie du Nord.

Route : 262 km S. par les N 22 et 6, route sinueuse de Tlemcen à Sebdou, facile au-delà.

Sortir de Tlemcen par la route de Maghnia.

3 km : Mansourah; au-delà du minaret, prendre à g. la N 22 qui gravit en lacets une longue côte.

6 km : On laisse une route vers le marabout de Lalla Setti (V. it. 12 B, 3).

9 km : Chemin à dr. A travers la forêt de Zarifète plantée de chênes-lièges: à environ 1 200 m
d'alt., elle offre des vues splendides sur Tlemcen et sa région.

15 km : Terni Beni Hadiel. hameau à 1135 m, d'où une route forestière conduit à la forêt d'Hafir (
chênes-lièges ). Après Terni, la route traverse la forêt d'Ain Ghoraba : chênes-lièges et chênes
verts. Belles gorges entre des falaises dolomitiques de 150 m de haut.

19 km : Col de Tal Terny. à 1 390 m d'alt., d'où la vue s'étend au S. sur le djebel Tenouchfi (1 483
m) et les Hauts Plateaux d'El Aricha.

31 km : On laisse à g., au pied du djebel Merchiche. une grotte d'où jaillissent, par temps de
pluie, des eaux abondantes, qui sont alors une source de la Tafna ; en temps ordinaire, c'est dans
une prairie en contre bas que la rivière a son origine, d'une émergence reliée à la grotte par un
cours souterrain.

Un cours souterrain de la Tafna. En 1933 et 1936, on a découvert dans le voisinage, au fond d'un
aven, un important cours d'eau souterrain de 16 km de long, formant quatre lacs successifs, profonds
parfois de 8 m, se succédant sous des voûtes de stalactites souvent très basses. En 1947 et 1948, le
cours de la Tafna fut à nouveau exploré. L'entrée du cours souterrain se trouve à 500 m environ de
la véritable source de la rivière, au lieu dit El Rhar. Les parties les plus remarquables du
parcours de cette rivière souterraine sont la Perte, ou Déversoir, la Grande Cascade, le Grand Canon
ou les gorges, et la Galerie du Requin.

34 km : Kbour Djahel (tombeau des géants), immenses tas de pierres et quadrilatères de murs en
pierres sèches dont l'origine est indéterminée. La route descend par des lacets sur la plaine boisée
de Sebdou. On remarque les douze montagnes calcaires, sur la même ligne, qui limitent la plaine de
Sebdou au N. et constituent la chaîne du djebel Dar Cheikh. Le panorama est splendide.

38 km : Sebdou (930 m d'alt.; daïra de 44 000 hab.), connue aussi sous le nom de Tafraoua, est
située au milieu de bois de chênes verts. 9 000 ha de la région devant être plantés en arbres
fruitiers (amandiers). Une usine textile (tissus imprimés) et distillerie de parfum (lavande) sont
également constituées.

Sebdou fut l'un des points de résistance d'Abd EI Kader. Les premiers temps de l'occupation
française y furent marqués par plusieurs affrontements de part et d'autre.

A proximité, zaouïa de Sidi Yahia Ben Sefia, dans le cadre verdoyant des Koudiat EI Abada et Er
Ressas, renfermant du minerai de plomb très riche, mais non exploité.

Au-delà de Sebdou, la route monotone traverse des plaines d'alfa.

86 km : EI Aricha, petit centre à 1 200 m d'alt. La route ne présente guère de caractère au-delà.

234 km : Mecheria, sur la route d'Oran à Béchar, it. 10.

310 km : Aïn Sefra, it. 10 A, km 415.

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