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spéculation sur le ciment




spéculation sur le ciment
Alors qu'à l'unité de production de Hadjar-Soud, dans la wilaya de Skikda, la situation paraît normale en termes de commercialisation et de disponibilité du ciment, il n'en est pas de même sur le marché.Après une certaine période d'accalmie, la spéculation reprend, conséquence d'une forte poussée de la demande. Qu'ils soient publics ou privés, les promoteurs immobiliers sont les premiers à être touchés même si la plupart affirment s'approvisionner à la source. Délais de réalisation des projets oblige, plusieurs n'attendent pas leur tour pour s'approvisionner à l'usine. C'est le cas de cette entreprise privée tout corps d'état dans la wilaya de Annaba. Comme beaucoup d'autres, son gérant Mourad K, et son équipe de maçons qu'il a difficilement réussi à recruter ne savent plus à quel saint se vouer. Pour cause de rupture de stock de ciment, leur chantier de réalisation de logements est à l'arrêt depuis des jours. Pourtant, pour éviter la rupture de stock, Mourad avait réussi à décrocher via le système «des voies impénétrables» un bon d'enlèvement de 200 quintaux de ce type de matériaux. «C'est difficile, le fournisseur nous a rassurés que nous aurons du ciment aujourd'hui pour poursuivre les travaux. Il est déjà 8 heures trente minutes et rien à l'horizon. Nos activités sont au ralenti. Les travaux sur certains chantiers sont à l'arrêt. Je ne peux pas retenir plus longtemps les maçons et les man?uvres sous peine de leur payer la journée», commente-t-il les bras ballants devant la bétonnière. Comme la sienne, plusieurs entreprises du bâtiment sont confrontées à l'indisponibilité du ciment. Ceux en charge des établissements scolaires à livrer avant la rentrée scolaire sont les plus affolés. D'autres en charge de la réalisation de logements publics locatifs comme la nouvelle ville de Draa Erich à Oued El Anab ou Kalitoussa à Berrahal sont destinataires de mise en demeure. Leurs approvisionnements en ciment sont irréguliers si bien qu'il leur est difficile de faire des programmations de travaux. Cette situation impacte sur la charge de travail des man?uvres et aides-maçons contraints et forcés au chômage de par leur qualité de journaliers. Or, sans ciment à décharger ou à préparer pour le coulage des dalles ou les travaux de maçonnerie, tout est bloqué. Elle l'est aussi dans les commerces des matériaux de construction non approvisionnés. C'est ce qu'explique Abdelkrim, un promoteur immobilier : «Je traite directement avec l'usine de Hadjar-Soud. J'ai passé commande pour la fourniture d'une importante quantité de ciment. Je constate malheureusement que plusieurs semaines après, je ne suis pas encore servi. Lorsque je vais aux nouvelles, on me demande de patienter. Le problème est que j'ai déjà investi mon argent. Donc, je ne plus prospecter sur le marché noir où ce matériau est disponible en quantité», explique t-il. Ce détaillant est donc obligé de répercuter ces informations à sa clientèle qui attend également d'être livrée. C'est le même constat chez des grossistes où se ravitaillent presque tous les détaillants de la région : le ciment manque. «Face à la pénurie, et par mesure de précaution nous demandons à notre clientèle de payer leur commande pour être livré quelques jours après», révèle un employé de cette maison. La conséquence de cette situation est que certains détaillants ont profité de la raréfaction du matériau pour augmenter les prix. Il y a également une hausse du prix chez les grossistes où le prix du sac de 50 kg a atteint les 1 100 DA. «Dans ces conditions, il est difficile pour les petits revendeurs de s'approvisionner. A l'usine, la priorité est donnée aux partenaires grossistes. Mes activités sont au ralenti depuis des mois», fait remarquer Ahmed B., revendeur de ciment, activité d'où il tire l'essentiel de ses revenus. La pénurie est généralisée un peu partout dans les régions de l'est du pays. Selon de nombreux témoignages, le prix de ce matériau, le sac de 50 kg a été multiplié par trois pour atteindre les 1 000 DA. «L'autre conséquence de cette pénurie concerne l'augmentation des frais de transport du fait que l'on est obligé d'immobiliser pendant plusieurs jours les camions qui nous desservent», ajoute notre interlocuteur, un grossiste. Au siège de l'unité de production du ciment de Hadjar-Soud où nous nous sommes rendus, l'on nous a fait comprendre que l'usine n'est pas à l'origine de la pénurie. «Nous constatons simplement que la demande est en hausse. Cela pourrait s'expliquer par les réalisations des projets immobiliers à la demande du gouvernement, ainsi que celles de certains ouvrages routiers auxquels s'ajoutent les consommations domestiques», explique un cadre sous couvert de l'anonymat. Tout en regrettant cette inflation, notre interlocuteur n'en a pas moins précisé que le prix du ciment est certes fixé par l'état à la sortie d'usine mais qu'il est répond à la loi de l'offre et de la demande sur le marché.


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