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Soirée croisée sur Ibn Khaldun



Soirée croisée sur Ibn Khaldun
Le théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa a organisé, sur l'initiative de l'artiste plasticien Boubeker Hamsi, une projection du film Ibn Khaldun, un docu-fiction de Chergui Kharoubi retraçant la vie de l'historien du XIVe siècle.Le film, prix de la meilleure réalisation et celui de la meilleure reconstitution historique dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique, 2012», commence par la simulation de l'enterrement, sans la foule qui sied à la renommée de l'illustre Ibn Khaldun. S'opère alors un long flash-back ponctué de commentaires de plusieurs universitaires et spécialistes : Sidi Mohamed Negadi, chercheur en histoire, Abdelhamid Hadjiat, historien-écrivain, Xavier Balestin Navaro, spécialiste de l'histoire médiévale, Malek Chebel, anthropologue des religions, Sidi Mohamed El Ghouti Bensnoussi, Yves Lacoste. Mais aussi Réda Malek, écrivain et homme d'Etat, dont la sollicitation a fait «hors-jeu» pour certains parmi le public.Par une voix parfois extérieure, parfois prêtée à Ibn Khaldun qui fait son autobiographie, se déclinent l'identité et la vie publique de celui-ci. Natif de Tunis, en 1332, Ibn Khaldun apprit le Coran et s'abreuva de sciences. Il lut les ?uvres d'Aristote, Platon et autres textes grecs et, parmi ses maîtres, le nom de Mohamed Ibn El Abili, qui naquit à Tlemcen, est mis en exergue. A 16 ans, il connut les affres de la peste dévastatrice qui emporta ses parents. En quête de savoirs, il quitta Tunis pour partir, en passant par Biskra, à Fès où le sultan Abu Inan l'employa comme son secrétaire particulier.C'est alors qu'Ibn Khaldun «va se familiariser avec l'intrigue et la jalousie dans la cour». Accusé de complot, il fut emprisonné pendant deux ans puis libéré pour devenir ensuite le secrétaire d'Etat du nouveau sultan. Des luttes dynastiques, il en ressortit gagnant avec des nominations aux côtés des nouveaux souverains. En 1362, à 30 ans, il quitta Fès pour Grenade, dernière enclave musulmane en Andalousie où il se maria. Père de plus de deux enfants, selon des sources historiques, le film ne le montre que père de deux filles. Une erreur que le réalisateur dit assumer.Le sultan nasride, Mohammed V el Ghani, chargea Ibn Khaldun d'une mission de négociation de paix avec le souverain Pierre 1er de Castille, dans le sillage de la Reconquista. Du faste que lui offrit Grenade, il reçut l'offre, pour service rendu, de devenir chambellan du hafside Abu Abdellah, sultan de Bougie (toute la narration évoque, par contre, le nom de Béjaïa). Détail hors film : le nouveau Premier ministre de Bougie fut reçu dans le faste à la porte qu'on appelle encore de nos jours Bab el bounoud. A la mosquée de La casbah où il fut prédicateur, il enseigna la jurisprudence dans une ville rayonnante de savoirs. Abu Abdellah, dont le pouvoir «se révéla tyrannique», fut tué deux ans plus tard.Ibn Khaldun, qui se rendit à Biskra, reçut alors l'offre du sultan zianide de Tlemcen d'être son chambellan, poste qu'il refusa mais «en acceptant de participer à deux campagnes militaires». Il se réinstalla à Tlemcen. Zoom est fait sur une grotte à Frenda. «La légende dit que c'est dans cette grotte qu'il a écrit sa Muqaddima» énonce la voix du narrateur. «Il ne rejetait aucune des religions, mais les dérives et l'obscurantisme» commente Réda Malek. A 46 ans, Ibn Khaldun retourna à Tunis où il termina, au bout de quatre années, l'écriture de son histoire universelle.Il abandonna le Maghreb pour l'Egypte où il fut nommé «grand cadi malékite» précise le géopoliticien Yves Lacoste. Il s'y installa pour le reste de sa vie mais sans son épouse et ses enfants qui périrent dans le naufrage du navire qui les ramenait au Caire. Ibn Khaldun continua son activité intellectuelle et écrivit sur la âssabiya au même temps qu'il fut sollicité par le sultan du Caire pour négocier avec Tamerlan, le conquérant timouride qui avançait avec ses troupes sur Damas.Emprisonné puis libéré, Ibn Khaldun retourna en Egypte où il mourut en 1406, à l'âge de 74 ans, après avoir, cinq ans durant, écrit son autobiographie qui a servi à Chergui Kharoubi à réaliser ce docu-fiction. Le film reflète la peine que s'est donnée son auteur pour un travail de qualité avec des jeux d'acteurs, des mises en scène et des commentaires éclairant de spécialistes. Ceci bien que, pour une bonne partie du public bougiote, l'affiche se soit révélée être celle d'Ibn Khaldun le tlemcénien. On a regretté que la projection n'ait aucunement donné à voir Ibn Khaldun le berbère.





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