Sétif

Les récurrents appels au vote massif lancés durant la campagne électorale n'ont finalement pas obtenu un écho favorable auprès du corps électoral de Sétif, le troisième à l'échelle nationale.En effet, 53,54% des 933 049 inscrits ont fait l'impasse sur le scrutin, qui s'est déroulé dans un calme plat. Jeudi, les opérations de dépouillement ont vite cédé la place aux scènes de liesse animées par les pro-Bouteflika, plébiscité dans divers coins des Hauts-Plateaux sétifiens où, pourtant, les avis sont partagés.«Nous n'avons pas voté pour une personne mais pour la stabilité du pays. Nous ne voulons pas revivre les affres de la décennie noire. D'autant plus que la plaie ne s'est toujours pas cicatrisée», expliquent des citoyens rencontrés hier au centre-ville, visiblement sensibles au discours alarmiste ayant désigné la non-reconduction de Bouteflika comme un saut dans l'inconnu.«La réélection de Bouteflika n'est pas une victoire d'un candidat mais un cinglant revers pour toute la classe politique, qui ne se manifeste que lors des échéances électorales. Pour un véritable changement, nous avons besoin d'un personnel politique bien ancré dans la société. D'autant plus que les intermittents de la politique, les élus s'entend, qui ne sont là que pour des intérêts étroits, ont montré leurs limites», disent des vieux qui n'ont pas voulu «opter pour une équation à plusieurs inconnues».Ceci dit, le grand vainqueur de cette élection à Sétif est bien le parti de l'abstention. «L'abstention est une forme d'expression. C'est un signal fort pour nos gouvernants devant désormais composer avec la majorité silencieuse, qui exprime ainsi son désappointement vis-à-vis des politiques menées jusqu'à maintenant. Le boycott est pour nous une forme de vote qui doit donner à réfléchir aux décideurs du pays, interpellés plus que jamais à rectifier non seulement le tir, mais à poser dès maintenant les fondations de la deuxième République qui est, pour nous, inéluctable», déclarent les citoyens que nous avons interrogés et qui se disent partie de la majorité silencieuse.