Sahara-Occidental
Borrell assomme les Marocains Le président du Parlement européen a été hier d?une extrême précision en ce qui concerne le règlement de la question du Sahara-Occidental. Josep Borrell aurait pu se contenter d?en dévoiler les termes à ses seuls interlocuteurs marocains qu?il devait rencontrer dès hier à l?occasion d?une visite dans le royaume, mais il a préféré s?adresser à l?opinion marocaine elle-même comme pour lui rappeler qu?il y a une question sahraouie malgré le discours officiel et que l?ONU est en charge de ce dossier. C?est alors qu?il sortira l?argument qu?il a jugé le plus approprié en déclarant à un quotidien marocain que le plan Baker, du nom de l?ancien représentant personnel du secrétaire général de l?ONU en charge de ce dossier, « est le seul plan reconnu au niveau international dans le cadre des Nations unies ». C?était la dernière proposition de James Baker avant qu?il ne démissionne de son poste en juin 2004. Une manière toute diplomatique de rappeler que l?ONU n?en a pas d?autre et de rejeter à l?avance les propositions que le Maroc viendrait à faire après avoir dit non au plan Baker appelé aussi plan pour l?autodétermination du peuple du Sahara-Occidental, puisqu?un référendum doit suivre une période d?autonomie de cinq années. Mais tout compte fait, même une lecture restreinte amène à considérer que les propos du président du PE ne s?adressent pas seulement au Maroc, mais à tous ceux qui suggèrent des « solutions dans le cadre des Nations unies » sans dire en quoi cela consiste, une proposition aussi vague qu?insidieuse rappelant en cela les fameuses formules de « solution politique » ou de « troisième voie », rejetées par les Nations unies qui maintiennent la voie de la décolonisation. M. Borrell a donc tout dit en très peu de mots, assommant les Marocains ainsi que ses quelques alliés européens et ses propos d?une extrême précision réduisent à néant les formules dites de compromis mais qui privent le peuple sahraoui de son droit à choisir son propre destin. Par ailleurs, le Comité de soutien au peuple sahraoui en Europe organise aujourd?hui un rassemblement devant l?ambassade du Maroc en Belgique pour demander une enquête exhaustive et impartiale sur les mauvais traitements et tortures infligés aux prisonniers sahraouis. Cela change des manifestations marocaines demandant la libération des « séquestrés de Tindouf », une formule pourtant rejetée par le secrétaire général de l?ONU en personne qui, dans son dernier rapport, avait précisé que les personnes en question sont des Sahraouis qui avaient fui l?invasion marocaine de leur pays et avaient trouvé refuge en Algérie. Signalons que la question sahraouie, qui a fait l?actualité internationale ces derniers mois avec un féroce cycle manifestations-répression et aussi l?interdiction de témoins étrangers, doit revenir le mois prochain devant le Conseil de sécurité. Qu?en sera-t-il alors surtout que l?ONU a désigné un successeur à M. Baker ?
Posté Le : 15/09/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : T. Hocine
Source : www.elwatan.com