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Rencontre avec Ali Harb à Biskra



Rencontre avec Ali Harb à Biskra
Invité par le bureau local de la Société algérienne des études philosophiques à animer une conférence à la maison de la Culture de Biskra sur le thème de l'identité, Ali Harb, écrivain et philosophe libanais dont la renommée n'est plus à faire, en a laissé plus d'un pantois et sans voix quand il a affirmé, samedi, que l'aspect religieux ne devait pas être considéré comme une constituante de l'identité des individus et des Etats.Etayant ses propos par des citations des Kant, Chomsky, Deleuze et Foucault, il a expliqué que la signification même d'identité était fluctuante et mouvante dans l'aire géographique dite arabe, laquelle aire est constituée de peuples et de communautés formant une unité certes de par l'utilisation d'une langue commune, mais paradoxalement marquée par des diversités et une variété des référents culturels en présence, pense-t-il. «Je suis né en 1941 durant la Seconde Guerre mondiale et mon fils est né en 1975, soit au début de la guerre civile libanaise.Des décennies plus tard, on remarque bien que les guerres et les conflits n'ont pas cessé. Qui aurait prédit dans les années 60' que des guerres civiles, fomentées de l'extérieur ou pas, mineraient le Moyen-Orient et le Maghreb au XXIe siècle. C'est un scandale dénotant de l'échec patent des organisations nationales et des politiques mises en place par les tenants du pouvoir.Je refuse de m'identifier en tant que musulman ou en tant qu'islamiste devenus des cases dans lesquelles sont classés les personnes et les pays. Je me définis d'abord comme étant libanais, puis comme arabe et surtout comme un citoyen du monde, philosophe interpellé par tous les événements secouant le monde globalisé. Les sociétés sont gérées par l'économie et les affaires et non plus par les pensées et les idées, et le philosophe n'est pas un militant mais un simple observateur et analyste des soubresauts de la société et des individus qui sont le produit d'une culture et d'une civilisation universelles», a-t-il ajouté en substance.Ali Harb, auteur d'essais et de dissertations philosophiques «ouvertes sur le monde et l'actualité internationale» s'est longuement épanché sur l'émiettement et l'effritement des «idéologies utopiques» de vouloir créer des sociétés parfaites, uniformisées, justes, égalitaires et fraternelles. «Nous avons le patrimoine historique et culturel et les ressources naturelles, mais nous manquons de scientifiques, d'idées et de pensées structurantes pour élaborer un modèle de développement pérenne et durable qui soit expurgé des scories de l'extrémisme religieux et du chauvinisme réducteur», confiera ce philosophe qui rejette les notions de choc des civilisations et de conflits identitaires galvaudés ça et là, avant qu'une salve de questions et de commentaires plus ou moins pertinents sur «les effets sociaux des crises identitaires, de la déliquescence des dogmes et du futur des sociétés productrices de barbarie, de terrorisme et de sauvagerie» ne fusent en sa direction.


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