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Quelle médication pour le M'zab'



Quelle médication pour le M'zab'
Stabiliser la région par une force dissuasive permanente et présente sur le terrainRégion aride et rocheuse, classée au patrimoine mondial par l'Unesco, la vallée du M'zab est un îlot fertile à la culture ancestrale.Fondés au Xe siècle par les Mozabites, des ksour, El-Ateuf, (le plus ancien ksar abritant la mosquée de sidi Brahim), Bou Noura, (la lumineuse), Melika, (qui abrite le cimetière de Sidi Aïssa), Beni-Isguen, (centre religieux) et Ghardaïa, (la capitale et siège de la wilaya), y sont comme retranchés parce que fortifiés, cernés par des remparts laissant un seul accès à la cité. Les Mozabites sont les seuls et exclusifs résidents de ces Ksour. Enfin, on ne peut pas omettre de signaler les récentes cités de Berriane, Guerrara et Zelfana, (oasis verdoyante et centre thermal au bord de l'oued M'zab).Il est connu de tous que les Mozabites:-a) s'accrochent irréversiblement à leurs traditions ancestrales et à leur mode de vie, en tout cas dans la vallée du M'zab-b) que leur activité principale est le commerceSur ce dernier point, il y a une évolution certaine. Beaucoup de Mozabites sont employés dans la fonction publique, la diplomatie, l'Armée nationale populaire. Depuis l'indépendance, un grand nombre d'entre eux ont été nommés à de très hautes fonctions: ministérielles, directeurs généraux de hautes Institutions, ambassadeurs et consul d'Algérie à l'étranger. Ils sont discrets sur leur origine et leurs collègues ignorent généralement leur appartenance sauf ceux qui sont «trahis» par un nom de famille «flagrant» ou parfois par un prénom mozabite usité uniquement par la communauté. Dans cette catégorie, on peut inclure notamment, ceux issus de mères «non mozabites» et nés essentiellement en dehors du cercle géographique du M'zab et dont le lien mozabite résulte du seul lien paternel.-c) ils sont de rite ibaditeSur cette question, je reconnais mon côté profane en la matière mais j'ai assisté à La Mecque durant la période du Hadj 2003 à un débat entre un théologien de Constantine connu sur le plan national qui aurait qualifié dans un ouvrage, de «Kharijites», les Mozabites. Cette position a été rejetée énergiquement par un cheikh «mozabite» en rétorquant par un grand nombre d'arguments qui ont plaqué son interlocuteur dans un silence. J'ai rapporté cet évènement dans mon ouvrage: «Béchar, du tumultueux passé au misérable avenir». Il faut noter par ailleurs, que lors du «Hadj», les Mozabites sont la communauté musulmane la mieux organisée. Ils ont leur immeuble à La Mecque où flotte l'emblème national, la cuisine pour tous. Le Mozabite n'a pas de souci. Il se consacre totalement à l'accomplissement de son pèlerinage, etc...Enfin, quant aux Chaâmbas, ils descendent de leur ancêtre nommé «Sélim» dont quatre maillons ascendants ont le même ancêtre avec Hillal, l'ancêtre dont beaucoup de tribus arabes d'Algérie se réclament comme descendants. Ils ont comme siège reconnu Metlili.Fondée par les Chaâmbas, cette cité abrite une palmeraie, véritable paradis verdoyant où des gravures rupestres ont été découvertes.Les Etats nés de la décolonisationCeci étant dit, passons aux évènements regrettables de Ghardaïa.I) Dans mon article paru dans L'Expression du 7.04.2012, sous le titre: «La menace d'implosion des Etats née de la décolonisation», comme, il m'a été donné quelques jours auparavant, l'occasion au Centre de recherche sécuritaire et stratégique, de dire qu'une menace du Sud guette le pays à court terme, résultant de plusieurs éléments conjugués:*la gestion de l'entité targuie dans la mesure où aucune étude dissolvante dans la masse populaire n'a été faite*la situation socioéconomique des populations du Sud, notamment en matière de chômage (40% à Ouargla, 70% à Béchar)*la distribution de logements au détriment des autochtones,*l'investiture par certains partis, sur des bases tribales, qui n'est pas de nature à rapprocher les habitants d'une même contrée dans une République censée les réunir et non les diviser comme au temps de la période coloniale,*des partisans, peu soucieux des intérêts de tous où la puissance de l'argent nargue les militants authentiques et sincères. A ces paramètres internes est venue se greffer la nouvelle donne des relations internationales résultant du déplacement du centre d'intérêt vers l'Asie, laissant cette partie géographique «Ouest» de la compétence de l'Otan dont la suprématie militaire et technologique n'a pas besoin d'être démontrée. Enfin, j'ai conclu cet article par une interrogation: «C'est toute la géographie de cette partie de l'Afrique qu'il va falloir revoir. Qui a les compétences pour la redessiner'».II) ce qui se passe à Ghardaïa est à inclure dans la dégradation de l'islam en tant que religion en mettant en exergue, le côté «violent de la religion». Par cette voie, on veut démontrer que la société musulmane n'est pas «intégrable» aux temps modernes. C'est une volonté délibérée de souligner le rejet de la modernité comme le véhicule une certaine frange religieuse: interdiction de la musique, imposer un certain habit vestimentaire etc... c'est comme dire que les sociétés arabes musulmanes restent figées en dehors de la civilisation de l'humanité et ne trouvent aucun accès pour y pénétrer.Si dans l'esprit du politique occidental, le combat est mené contre le terrorisme barbare et non contre l'islam, il n'empêche dans les «âmes de la majorité des opinions occidentales», c'est l'islam en tant que religion qui est considéré comme dangereux pour leur avenir et elles s'opposent à son expansion sur leurs terres chrétiennes ancestrales. D'ailleurs, l'extrême droite européenne voit d'un mauvais oeil «l'islamisation de l'Europe» par l'édification de mosquées à travers le continent.Depuis le 11 septembre, les attentats de Madrid, Londres et Paris, l'Occident est «en état de guerre contre le monde musulman». J'ai vu les larmes de M.Caseneuve, ministre de l'Intérieur français aux obsèques de l'entrepreneur décapité, acte certes horrible, sa position politique analogique où la raison impose le rejet de l'amalgame, mais son coeur déclencheur des larmes, émotion visiblement difficile à retenir, lui dicte une réflexion autrement à sa raison d'où sûrement un conflit intérieur «cerveau-coeur» prédomine. Combien d'hommes, de femmes, d'enfants, de bébés décapités en Algérie sans que la société occidentale ne s'en émeuve et cela quotidiennement pendant une décennie.Le conflit. Le règlement définitifIl s'agit d'un conflit violent, opposant deux groupes d'ethnies, identifiées en priorité par un critère religieux, deux écoles: malékite et ibadite qui ont jusqu'à présent cohabité dans la paix dans la vallée du M'zab, entraînant des morts et blessés, destruction de biens immobiliers. La solution à ce genre de conflit nécessite l'exclusion de mensonges, éviter de voiler les raisons ayant entraîné la confrontation. Le règlement définitif doit se baser sur la vérité réciproque, le rejet de l'élément politique d'où qu'il vienne, pouvant noircir quelques repères évidents à entacher une issue définitive et véritable: une expertise franche, loyale et sincère.A qui incombent la responsabilité et l'arbitrage'-a) La responsabilité est du ressort exclusif de l'Etat parce qu'il est le garant de l'unité nationale, de la stabilité du pays,-b) il est le seul détenteur de la force publique et donc à même d'imposer aux uns et autres la solution mais qui convient,-c) il est le mieux placé pour un arbitrage neutre, sans parti pris,-d) il est le seul dépositaire de la protection des personnes et des biens de tous. C'est le médecin de la société qui doit intervenir pour prévenir et guérir les maux et les troubles sociaux.Les mesures urgentes à prendreA partir des paramètres qui précèdent,*la 1re mesure: l'Etat, à travers ses organes et institutions compétents, doit- stabiliser la région par une force dissuasive permanente et présente sur le terrain,- garantir la cessation des actes de violence sur les personnes et les biens en même temps qu'elle assure la protection des biens et des personnes.*La 2e mesure:- mettre à nu, sans mentir ni jouer à cache-cache, là où se trouvent les véritables questions à la base du conflit. Cette vérité doit être portée à la connaissance du public pour que le peuple algérien soit témoin des carences éventuelles de l'Etat dans l'exécution d'un plan global de règlement par étape,- pouvoir dénoncer ceux qui tirent les ficelles et éventuellement démasquer ceux qui attisent le feu.C'est la seule voie sans condition d'une pré-réussite immédiate à même de panser les plaies, atténuer les souffrances des uns et des autres et faire cesser les drames «d'innocents» de part et d'autre.*La 3e mesure:- classer les événements du M'zab en situation de catastrophe naturelle pour permettre à l'Etat d'apporter l'assistance nécessaire, (sous toutes ses formes), à toute la population sans distinction de race ou de religion,- prendre en charge les soins des blessés,- éviter les condamnations inutiles qui peuvent être teintées d'une politique à but exclusivement répressif,- les arrestations doivent être justifiées sur le respect du maintien de l'ordre public sur la base de preuves irréfutables à traversl'identification par des photos prises lors des évènements.* la 4e mesure:- consacrer un programme de développement régional qui entre dans le cadre d'un vaste plan de développement global du Grand Sud afin d'éviter la naissance de nouveau foyer de «dissidence» calculée à des fins de déstabilisation généralisée du pays, en s'attaquant notamment aux cinq causes des maux énumérées dans mon article: «La menace d'implosion des Etats nés de la décolonisation», L'Expression du 7.04.2012.Prochain article: «Les raisons profondes du déclenchement de la confrontation.».(*) Ecrivain et ancien diplomate


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