Algérie - A la une

Quand Paris fait tout faux, la France vacille!



Quand Paris fait tout faux, la France vacille!
Il faut certainement ressentir cette douleur dans sa chair, souffrir de ce soudain manque pour discerner, sans doute comprendre, ce qu'est le terrorisme, ce qu'est la barbarie qui tue non seulement pour tuer, mais pour choquer, faire peur et annihiler toute velléité de résistance. Ces souffrances, ces tortures, nous les avons vécues et subies ici en Algérie, durant une décennie, par la mort brutale et sans raison de nos familles, de nos amis de nos concitoyens, de nos soldats, dans la solitude et l'isolement. Dans la solitude et l'isolement car le monde bien-pensant, singulièrement la France, avait accordé le label et les honneurs d'«opposants armés» à des égorgeurs de femmes et d'enfants. Quarante millions d'Algériens portent cela comme une plaie à jamais indélébile. Nous compatissons assurément à ce qui arrive au peuple français car nous comprenons mieux que ses dirigeants ce qu'est ce fléau meurtrier qui sème la mort sur son chemin. Mais, hélas, cette calamité a été, contre toute raison, instrumentalisée par des puissants pour des logiques de «haute» stratégie. La France dirigeante comptait parmi ces puissants. Pourquoi s'en cacher, Paris a sa part, sinon une responsabilité entière, dans l'avènement du terrorisme en Syrie, pour nous en tenir à ce pays, et au développement, post-Printemps arabe, de l'horreur au pays de Sham. Se focalisant sur le régime syrien et faisant un abcès de fixation sur le départ de Bachar al-Assad, Paris a commis de tragiques erreurs de stratégie et d'appréciation du dossier syrien, induits par un inconcevable ressentiment envers le président syrien, taxé de «boucher» de son peuple. La France, aveuglée par les chutes spectaculaires de Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie et Mohamed Hosni Moubarak en Egypte, s'est faite le parrain d'un hypothétique «Printemps syrien» soutenant - portant à bout de bras - une rébellion syrienne encouragée, sans doute suscitée. Sous le label des «Amis de la Syrie» la France rameuta le ban et l'arrière-ban de l'Occident renforcé par les monarchies du Golfe, notamment le Qatar et l'Arabie saoudite dont la responsabilité est tout autant engagée dans l'avènement du terrorisme en Syrie. De fait, la France se comportait en chef d'orchestre international contre le régime syrien et particulièrement contre Bachar al-Assad. Jusqu'à faire dire des choses peu croyables à son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. De passage à Marrakech, au Maroc, en 2012, le chef de la diplomatie française, avait déclaré sur la situation en Syrie «Le Front al-Nosra [notez-le, al-Nosra est la branche syrienne d'Al Qaîda, ledit «ennemi honni» du monde occidental] fait du bon boulot contre Assad en Syrie, il est difficile de le désavouer». Fin de citation. Ce qui revient à dire que la France - par la voix de son chef de la diplomatie - apporte sa caution au terrorisme en Syrie, trouvant de la qualité à l'action du groupe se revendiquant d'Al Qaîda. Cette même année de 2012, Laurent Fabius jugeait que «Bachar al-Assad n'avait pas sa place sur terre» appelant quasiment au meurtre d'un chef d'Etat. Ce qui révulsa ce qui restait de bonne conscience dans l'Hexagone.Ce que les stratèges français n'ont pas compris est que en 2011 Ben Ali et Moubarak ont été chassés par le peuple. Si la révolte en Syrie était de la même essence que celle ayant balayé les autocrates tunisien et égyptien [venant du peuple sans calculs politiciens] Bachar al-Assad ne serait pas encore là aujourd'hui. Cela n'a pas été le cas. La raison est simple: al-Assad était soutenu par la majorité de son peuple. Ce n'est pas l'armée syrienne disloquée qui l'a maintenu en vie politiquement mais ce peuple dont on l'accusait d'en être le «boucher». Les dirigeants français se sont laissés illusionner par les tempêtes qui ont soufflé sur l'Egypte et la Tunisie, qui estimaient pouvoir la reproduire en Syrie et reconfigurer ce pays à leur convenance. François Hollande, Laurent Fabius et leurs conseillers ont ainsi mésusé de leur pouvoir et de leurs forces de recomposer la géopolitique syrienne, voire moyen-orientale. Restant sur une illusion de grande puissance, la France n'a, à aucun moment, su raison garder, allant jusqu'à insulter l'avenir. Or, la roue tourne et voici que le régime syrien redevient inévitable quand Laurent Fabius dit le plus sérieusement du monde, «envisager» [dans certaines conditions, entendre le départ d'al-Assad] une «participation» des forces du régime (syrien) aux côtés de «l'Armée syrienne libre».Oui, vous avez bien lu, M. Fabius «envisage» d'autoriser l'armée arabe de Syrie à défendre la Syrie contre Daesh, comme si la Syrie était [encore] sous le protectorat de la France... Incorrigibles Français, et leur chef de la diplomatie qui croit réincarner François Georges-Picot lequel, [avec le Britannique sir Mark Sykes] dépeça le Moyen-Orient en 1916, réservant à la France le morceau de roi: la Syrie! Comme quoi, on ne se refait pas.





Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)