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Précarité de l'emploi à Sidi Bel Abbès


Précarité de l'emploi à Sidi Bel Abbès
J'aurai dû quitter ce bled lorsque j'en avais l'occasion. Maintenant, je suis coincé. Je dois subvenir aux besoins de mes frères et s?urs et de mes vieux parents», regrette Mustapha(*), 40 ans, cuisinier dans un restaurant du centre-ville de Sidi Bel Abbès. Comme beaucoup de ses congénères, il travaille au noir et est payé à la journée.«Je touche mille dinars par jour, pas un sou de plus. Depuis que j'ai commencé à bosser dans ce restaurant, voilà déjà 7 ans, le propriétaire refuse de me déclarer à la Sécurité sociale», explique-t-il. Chaque jour, Mustapha pointe à 7h chez son employeur pour une longue journée de labours qui ne s'achève que vers 17h. Il effectue souvent des tâches pour lesquelles il n'est pas rémunéré, notamment lorsqu'il arrive qu'un employé décroche ou s'absente.Cuisinier, serveur, plongeur, encaisseur : il lui arrive de tout faire dans ce restaurant. Le vendredi est son seul jour de repos. «Je n'ai pas le choix. Le patron peut me congédier comme bon lui semble, sans préavis ni indemnités», témoigne-t-il. Selon lui, l'ensemble des restaurateurs de la ville recoure au travail au noir, faisant fi de la réglementation, en l'absence de tout contrôle des pouvoirs publics. «Si une personne employée au noir se risque à porter plainte devant l'inspection du travail, elle se fait griller. Personne ne voudra d'elle.Les restaurateurs imposent leur propre loi avec la complicité de certains fonctionnaires véreux», confie Mustapha, qui caresse encore l'espoir de dénicher un emploi stable dans une institution publique. «J'ai postulé plusieurs fois pour un poste à l'université, en vain. Il faut être pistonné pour espérer aujourd'hui avoir un emploi, un salaire digne et une couverture sociale», poursuit-il.Avec le chômage endémique qui sévit, les candidats à l'emploi dans le secteur des services n'exigent plus d'être déclarés à la Sécurité sociale. «Peu importe que je sois déclaré ou pas. L'essentiel est de me faire payer en fin de journée et espérer empocher quelques pourboires», estime Sofiane, 23 ans, garçon de café.Ejecté du circuit scolaire à l'âge de 16 ans, sans formation, il lui arrive rarement de rester plus d'un mois dans un établissement. «A 600 DA la journée, il m'arrive de travailler 10, voire 15 jours seulement. Je ne reprends du service que lorsque je suis vraiment fauché», dit-il. L'idéal pour lui est d'amasser assez d'argent pour tenter une traversée de la mer, avec ou sans papier. «Il n'y rien à faire ici en Algérie. Ça ne sert à rien de chercher du travail, même au noir.»


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